Nouvelle génération, pratiques du numérique, mythe social, mythe générationnel, prédisposition naturelle, nouvelles technologies du numérique, cyberharcèlement
Alors que les générations nées dans les années 1990 s'insèrent progressivement dans le monde du travail, les outils d'analyse de cette insertion se penchent sur les spécificités prêtées à cette génération qui a grandi au contact de technologies souvent considérées comme révolutionnaires par les générations qui les ont précédées. C'est dans ce contexte de rupture que sont progressivement apparus des concepts nouveaux chargés d'exprimer l'identité supposément différente de cette nouvelle génération : génération Y, millenials, etc. Mais la rupture est-elle si grande que supposée, ou bien participe-t-elle d'une reconstruction a posteriori ?
[...] De ce point de vue, la différence générationnelle retarde sans doute encore davantage l'inscription de cette question à l'ordre du jour, bien que les doutes pesant sur l'élection présidentielle américaine de 2016 semblent marquer une prise de conscience. On peut penser qu'il appartiendra dans un futur proche aux principaux utilisateurs de ces technologies de concevoir une régulation de nature à préserver la liberté d'expression et la neutralité de l'Internet tout en assurant la sécurité des usagers, de même que le respect de leur vie privée. [...]
[...] Du point de vue professionnel notamment, le stress est plus présent pour les jeunes générations que pour celles qui ont les précédées, notamment du fait de la porosité croissante de la vie professionnelle et privée. Cette actualité explique de facto l'apparition de concepts novateurs tels que le droit à la déconnexion afin de faire entrer les nouvelles pratiques issues des technologies novatrices dans les catégories de droit traditionnellement dévolues à la protection des salariés. Concrètement, les cadres appartenant aux générations familiarisées avec les nouvelles technologies conçoivent en effet difficilement la déconnexion professionnelle une fois quitté le lieu de travail. [...]
[...] En effet si la seconde moitié du XXème siècle a donné l'exemple d'une meilleure prise en compte des risques principaux auxquels étaient confrontés les individus (risque naturel d'une part et social d'autre part, caractéristique du XIXème siècle), l'apparition du risque technologique au tournant des années 1980 ne trouve pas encore aujourd'hui de réponse collective suffisante pour amoindrir sa perception par les individus. Or nos modes de production, de communication et de socialisation s'appuient de plus en plus sur les nouvelles technologies. [...]
[...] Dans cette perspective, il convient de s'interroger sur la réalité de cette prédisposition supposée et par ailleurs très largement relayée par les médias de la génération Y au numérique : y a-t-il une corrélation entre la naissance et l'affinité avec une époque dite numérique, par opposition à d'autres générations à qui il reviendrait de s'acclimater à un environnement par nature étranger ? Pour répondre à cette question, nous interrogerons dans un premier temps la pertinence de l'opposition qui semble régir la vision qu'a la société de l'appropriation technologique, entre prédisposition naturelle d'une part pour la génération et acclimatation forcée pour ses aînés. [...]
[...] Car si celle-ci est certes très largement familière des TIC, elle l'est sur le mode de la consommation et non de la maîtrise au sens plein du terme: le recours à l'outil ne signifie pas nécessairement la maîtrise des fondements de celui-ci, et surtout n'induisent pas une capacité à l'analyser avec recul et à pallier à ses éventuelles défections. Dans cette perspective, il conviendrait concernant le rapport de la génération Y aux nouvelles technologies de parler de dépendance plutôt que de maîtrise. Cette analyse se vérifie également au-delà de la sphère strictement professionnelle. [...]
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