L'évolution de la famille : regard sur les conséquences cliniques

Résumé du document

Les historiens ont longtemps penché pour un modèle évolutionniste de la famille. En effet, on serait passé d'une forme de famille étendue, d'une sorte de parentèle élargie caractéristiques des sociétés traditionnelles à une famille plus réduite, dite « famille nucléaire », composée essentiellement de deux parents et des enfants.

Bien que ce type de famille ait été dominant, car très adapté par sa mobilité et son indépendance aux sociétés occidentales modernes industrialisées et urbanisées du XXe siècle, des travaux plus récents confirment l'existence de la famille nucléaire monogame, ou mari et femme vivent toute leur vie une union stable et sacrée, dans de nombreuses sociétés et à toutes les époques (...)

Extraits

[...] Ainsi, nous dit Lacan, la portée de la famille comme objet et circonstance psychique s'en est trouvé accrue. Au moment même sans doute où quelque chose s'amorçait des remaniements dont il n'est plus question de douter aujourd'hui et que Lacan nommait alors le déclin de l'image paternelle énonçant combien la lutte convulsive des peuples défenseurs de l'idéal patriarcal, avait été difficile face à la séduction irrépressible des groupes adonnés au culte maternel et ce, de tout temps. Sans doute sentait-il que cet ordre déclinerait jusqu'à son extinction, emportant avec lui ce qui avait fait sa gloire à savoir la grande créativité, l'imaginaire et les sublimations de tous ordres à travers les grands progrès de la civilisation, contrepoint à la très désagréable figure d'un père limitant, introduisant au renoncement pulsionnel et invitant à faire Autrement Cette idéologie s'est belle et bien effondrée. [...]

[...] La famille se trouve depuis lors déconstruite, recomposée, recomposable à l'infini, monoparentale, coparentale ou même homo parentale. Or, il apparaît que ce qui caractérise ces formes réside moins dans leur nouveauté, que dans leur progressive reconnaissance par la société. Chacune d'entre elles aura fini par trouver sa légitimité au sein de notre post modernité. En revanche, ce qui paraît inédit, porte plus sur les procréations assistées, qui grâce aux progrès scientifiques peuvent disjoindre le lien biologique du lien affectif. Pour le moment et jusqu'à nouvel ordre l'enfant reste toujours le fruit d'une rencontre homme et femme, quelles soient les modalités de rencontre plus ou moins romantique (Il se peut que cela se réduise à une simple rencontre entre ovocyte et spermatozoïde). [...]

[...] La doxa pansexualiste rêve de s'affranchir des sexes dans la sexualité comment Michel Schneider. Mais Freud en 1914 écrivait déjà : Celui qui promettra à l'humanité de la délivrer de l'embarrassante sujétion sexuelle, quelque sottise qu'ils choisisse de dire, sera considéré comme un héros Notre monde n'est pas en peine d'objets, écrans et autres gadgets pour nous détourner de la difficile question de l'autre et de son sexe Ainsi, je conclurai mon propos en constatant que les nouvelles formes de la famille me paraissent, aujourd'hui, peu en cause en ce qui concerne l'augmentation de toutes ces pathologies. [...]

[...] Si tel n'était pas le cas, il conviendrait alors de se demander si nous nous trouvons devant une humanité vacillante ou bien tout simplement face à une inconnue radicale, un jamais vu qui donnerait naissance à un humain d'un tout autre genre. N'étant pas prophète, je laisse en suspens cette question et préfère tenter une brève analyse de ce qui se passe sous nos yeux dans la pratique des familles quotidiennement adressées à nos consultations afin d'essayer d'apprécier les effets plus ou moins patents de ces modifications. Les nouvelles formes de la famille La famille connaît depuis la deuxième moitié du XXe siècle des mutations d'une ampleur inédite, selon un tempo crescendo et accéléré. [...]

[...] Ceci est largement prouvé et de plus en plus fréquent. Elle ajoute : il y a milieu sain pour l'enfant quand jamais la dépendance majeure de l'adulte à l'égard de cet enfant ne dépasse la dépendance à l'égard d'un autre adulte Or, ce qui est proposé à notre compétence de professionnel aujourd'hui relève moins de la gestion de conflits d'autorité, source de la révolte adolescente classique que de conflits de dépendance qui ne signifient pas du tout la même volonté d'envol. [...]