Étude sociologique sur les déterminants des comportements violents dans la mafia sicilienne. L'analyse du comportement individuel dans le cadre de la criminalité organisée donne peu de recherches, alors qu'il y a profusion pour la criminalité ordinaire. Les questions que l'on peut se poser sont : les criminels ont-ils le même profil ? les mêmes motivations ? Quelle est la part de l'influence de l'organisation mafieuse sur le comportement ? L'auteur montre que les comportements des mafieux sont essentiellement déterminés par des influences culturelles : société traditionnelle, discipline très hiérarchique, sens de la famille, culte de l'honneur, de l'omerta, de la solidarité. Ensuite il présente les fonctions du comportement violent : prestige de la violence, outil de régulation dans les conflits entre familles, moyen de pression sur la concurrence économique. Il décrit ensuite les comportements mafieux : attentats, mutilations, assassinats. Ces comportements sont liés à une culture de la mort et à une socialisation des pulsions agressives.
[...] Si l'on a pas encore tué, il faut faire preuve de cette capacité, soit commettre un acte violent ou un meurtre pour être initié (Cusson p ; Falcone p. 106). Le témoignage du mafieux repenti T. Buschetta confirme ce point de vue. Il dit avoir été recruté grâce à sa réputation de violence active durant la lutte contre les Allemands au cours de la Seconde guerre mondiale (Arlacchi, 1994a). La violence est un outil de régulation des rapports entre familles mafieuses : lutte pour les contrôles du territoire et/ou du pouvoir (Cusson, 1998). [...]
[...] En tant que juriste, elle analyse donc le comportement criminel non sous forme d'équation, mais de corrélation. Cependant, elle ne sous-estime pas l'aspect rationnel du comportement, car généralement la criminalité organisée possède, entre autres spécificités, une connaissance précise du droit, se référant au principe selon lequel tout ce qui n'est pas interdit est permis. Un autre juriste, Maillard, (1994) considère en effet que le comportement du criminel des affaires est de nature suradaptée : utilisation du droit, des règles, des institutions pour commettre les délits, détourner de l'argent. [...]
[...] Ses représentations influencent la réflexion. Enfin le climat moral d'une société peut influer. Examinons cette équation à la lumière de la délinquance d'affaires, telle qu'elle est analysée par la juge Eva Joly (2000). Celle-ci prend en compte essentiellement les facteurs pr et pe . En effet, selon elle, la difficulté de la lutte contre la propension à tricher est liée au sentiment d'impunité (pr ) qui est lié à plusieurs facteurs : la priorité à la lutte contre la délinquance ordinaire la faiblesse des peines, la faiblesse 7 Selon elle, la criminalité des affaires est largement sous-estimée, estimée non dévoilée à 80%. [...]
[...] Les collaborateurs de la justice, des membres de leur famille sont les victimes incontournables de la vengeance mafieuse. Cette dernière est très active en prison : les mafieux font exécuter les repentis par d'autres détenus (étranglement, poison), par mesure de prévention contre leur témoignage (Arlacchi, 1994a et 1994b). Toutefois il ne suffit pas de faire preuve de sa capacité de violence, encore faut-il tuer beaucoup. Comme lors des chasses animales, où le nombre de pièces de gibier et la qualité de l'animal tué confèrent du prestige au chasseur, le nombre et la qualité des personnes tuées confèrent eux aussi du prestige aux auteurs des assassinats. [...]
[...] (1997), L'agression, Paris, PUF, Que sais-je, n°2349. Ogien A. (1995), Sociologie de la déviance, Paris, Armand Colin. Paoli L. (1998), Éléments pour une compréhension de la mafia en Italie Les Cahiers de la sécurité intérieure, pp. 189-212. Pezzino P. (1999), Les mafias, Paris, Hachette/Giunti. Pharo P. (1996), L'injustice et le mal, Paris, L'Harmattan, Coll. Logiques sociales. Puzzo M. [...]
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