L'ethnocentrisme lato sensu est la tendance à faire de son groupe d'appartenance la seule référence. La définition stricto sensu de Claude Rivière dans le dictionnaire de l'essentiel en sociologie précise que « l'ethnocentrisme est une attitude de mépris de la différence culturelle. Il consiste à juger les formes morales, religieuses, sociales, d'autres communautés selon les normes de la société à laquelle nous appartenons, à estimer les différences comme une anomalie ». Au premier degré, l'ethnocentrisme revient donc à prendre pour point de repère sa propre culture, le fait d'affirmer à l'instar d'Evans Pritchard que « les Nuer n'ont pas de loi » . Sous sa forme extrême, l'ethnocentrisme peut conduire au génocide ou à l'ethnocide. Cette attitude est présente dans toutes les cultures. La démarche de l'ethnologue au contraire suppose un détachement de sa propre culture afin d'analyser de façon objective les mœurs d'une autre culture. Mais dès lors que l'ethnocentrisme semble être un trait commun à toutes les cultures, l'ethnologue peut-il s'en défaire ? Au demeurant l'ethnologue sait-il être objectif dans sa démarche ?
[...] Mais ce n'est pas parce qu'un certain degré d'ethnocentrisme semble inévitable que la faculté de se débarrasser de ses préjugés sur le terrain en adoptant une démarche objective est impossible. Afin d'éviter de prendre pour référence les valeurs de sa propre culture, l'ethnologue doit penser sa propre culture comme particulière, non comme universelle. II. La démarche de l'ethnologue peut être rendue objective face à l'ethnocentrisme Plusieurs moyens permettent de comprendre l'être par rapport à lui-même et non par rapport à soi-même: premièrement, l'effort de l'ethnologue doit se poser en termes d'objectivisation de sa propre subjectivité. [...]
[...] Ensuite, l'ethnologue doit considérer que l'évolutionnisme culturel, source d'ethnocentrisme, est une tare à laquelle il faut se soustraire. Selon l'analogie de Claude Lévi Strauss, un cheval donne physiquement un cheval, une hache ne donne pas physiquement de hache»[5]. L'erreur des évolutionnistes de la culture consiste en une faute de logique selon laquelle c'est parce qu'un aspect de la culture étrangère ressemble à un aspect de notre culture dans le passé que les deux sont équivalentes. Or, une partie ne peut pas être comparée à un tout. [...]
[...] Aussi, l'ethnologue, afin d'engager la communication entre lui et l'indigène, devrait se tenir sur le terrain de l'inconscient qui est seul médiateur entre moi et autrui En effet, pour Lévi Strauss, puisque l'activité inconsciente de l'esprit consiste à imposer des formes à un contenu, et si ces formes sont les mêmes pour tous les esprits, alors il suffit d'atteindre la structure inconsciente de la coutume pour obtenir un principe d'interprétation valable pour les autres coutumes. En conclusion, le fait d'affirmer que l'ethnocentrisme est constitutif du travail de l'ethnologue relève d'une sous-estimation de l'ethnologue à s'objectiver, point de vue qui est évitable. Nous pouvons marquer nos différences sans mépriser la différence culturelle. De fait, les préjugés culturels et scientifiques doivent se subordonner à l'effort d'objectivité de l'ethnologue dans sa rencontre avec autrui afin de rendre l'ethnocentrisme inévitable. [...]
[...] L'ethnocentrisme est-il inévitable ? L'ethnocentrisme lato sensu est la tendance à faire de son groupe d'appartenance la seule référence. La définition stricto sensu de Claude Rivière dans le dictionnaire de l'essentiel en sociologie précise que l'ethnocentrisme est une attitude de mépris de la différence culturelle. Il consiste à juger les formes morales, religieuses, sociales, d'autres communautés selon les normes de la société à laquelle nous appartenons, à estimer les différences comme une anomalie Au premier degré, l'ethnocentrisme revient donc à prendre pour point de repère sa propre culture, le fait d'affirmer à l'instar d'Evans Pritchard que les Nuer n'ont pas de loi Sous sa forme extrême, l'ethnocentrisme peut conduire au génocide ou à l'ethnocide. [...]
[...] Au demeurant l'ethnologue sait-il être objectif dans sa démarche ? I. Le résultat de la confrontation avec la différence peut conduire à des formes d'ethnocentrisme, mais ne permet en rien d'affirmer que les préjugés sont inévitables Au moment de sa confrontation avec l'altérité, l'ethnologue possède dans son for intérieur des jugements de valeurs sur sa propre culture, et se pose la question du moi face à l'autre, comme l'on s'observe devant un miroir. Dès lors que le scientifique de terrain a inculqué les valeurs de sa culture ou des réflexes communautaires, peut-il se débarrasser de ses préjugés et de la tentation du comparatisme ? [...]
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