Il existe différentes façons de définir l'éthique. Cela dépend principalement de la discipline qui la formule. Brigitte Bouquet, auteur sur lequel je me suis basé pour cette recherche, retient dans son ouvrage Éthique et travail social, une recherche du sens la définition élaborée par les philosophes, comme Paul Ricoeur et André Comte-Sponville, et s'appuie également sur les éléments issus de la commission éthique du Conseil supérieur du travail social auquel elle a participé. Au travers de ces différents apports, on comprend tout d'abord que l'éthique ne s'impose pas de l'extérieur, mais qu'elle est propre à chaque individu, reposant sur ses valeurs. Mais aussi que l'éthique est une « philosophie de l'action » . On passe des valeurs à l'éthique lorsque l'on agit. Elle est à la base de l'action, c'est elle qui lui donne du sens. L'éthique répond alors à la question du « comment vivre » de A. Comte-Sponville. Elle est un idéal qui pousse « à la vie bonne avec et pour autrui » (P.Ricoeur). Enfin, l'éthique est un questionnement permanent, qui interroge le sens et la finalité que l'on accorde à l'action. L'éthique n'apporte pas de réponse toute faite, mais questionne.
[...] Cette situation, qui n'est sans doute pas la plus compliquée de celles qui m'ont été confiées, m'a amené à me questionner par rapport à mon statut de délégué aux prestations familiales. En effet, dois-je tout nommer dans mon rapport au juge des enfants et tout relater des difficultés rencontrées aux différents partenaires ? Voilà pourquoi il m'est apparu important et bienvenu de pouvoir réfléchir sur mon positionnement éthique et celui du service à travers ce dossier. Dans un premier temps, je vous expliquerai la situation de Monsieur J et de sa famille, ainsi que la problématique que cette situation engendre. [...]
[...] La mesure a été ordonnée pour la première fois en décembre 2007 afin de garantir le bon usage des prestations familiales dans l'intérêt et pour le besoin des enfants. Monsieur J (36 ans) vit depuis 2003 avec Madame M (40 ans) dans un petit village du centre Finistère, aucun des deux ne travaille. Ils ont deux enfants, Léa 6 ans et Tom 1 an qui vivent avec eux. Madame a eu 5 autres enfants d'une première union, mais qui ne vivent pas avec le couple, soit parce qu'ils sont majeurs pour Sylvia (22 ans) et Jonas (20 ans), soit parce qu'ils sont placés en famille d'accueil pour Steven (17 ans), Chris (17 ans) et Zoé (10 ans).Jusqu'en 2010, Léa était suivie dans le cadre d'une Aide Educative à Domicile(A.E.D) qui s'est terminé en accord le conseil général, car il n'y avait pas d'inquiétude quant à la prise en compte de cette dernière. [...]
[...] En effet Monsieur J fume et cultive du cannabis dans son appartement, uniquement pour sa consommation personnelle, dit-il. Il ne s'en cache pas ou en tout cas plus et peut m'en parler depuis peu de temps même si cela peut l'agacer lorsque je tente de dialoguer avec lui sur ce thème. Ce problème d'addiction au cannabis me pose vraiment question par rapport à la sécurité des enfants et à l'exemple que donne Monsieur J à ses derniers. Alors que dois-je faire dans cette situation ? [...]
[...] Dans ce cas bien précis, il me fallait tout de même prendre une décision qui soit la plus éthique possible. Dois-je le noter dans mon rapport ou non ? Bien évidemment, ce secret n'est pas opposable au juge des enfants, dont le délégué reçoit mission, et il doit au contraire lui rendre compte de celle- ci. En revanche, cette obligation de secret doit augmenter la confiance que la famille peut avoir dans le professionnel et en cela conduire à un travail plus efficace. [...]
[...] Plus pragmatiquement, nous avons surtout pu parler des répercussions que cette addiction pouvait engendrer pour les enfants, pour son couple, mais aussi pour lui-même. Même s'il ne me le dit pas, je crois qu'il a peur que ses enfants soient placés à cause de son addiction et en même temps je pense que le fait qu'il ne cache pas ses problèmes et ne les nie pas équivaut aussi à un appel au secours pour qu'on l'aide à s'en sortir. Suite à ces discussions et en accord avec Monsieur, j'ai pris contact avec le Centre de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) de Morlaix pour qu'il puisse parler de sa dépendance et avoir une écoute de professionnels de l'addiction. [...]
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