Dans une perspective sociologique, la communication touristique - il ne s'agit pas bien entendu des communications interpersonnelles mais des opérations médiatiques et publicitaires faites pour faire connaître et aimer une destination - ne se réduit pas uniquement à l'objectif affiché et aux résultats escomptés en termes de taux de réservation, de notoriété ou de positionnement. Cette communication est elle-même un indicateur de tendance, elle nous aide à comprendre ce qui travaille une époque ou une génération données, bref à localiser quelques sensibilités ou quelques imaginaires du moment : imaginaire du territoire, imaginaire du touriste. Si nous savons beaucoup sur les représentations mentales des publicitaires et des communicants, nous savons peu sur l'imaginaire du touriste. nous tenterons dans ce texte court, et donc forcément schématique, de montrer les liens entre communication et imaginaire touristiques.
[...] Imaginaire et communication L'imaginaire touristique, pour le dire très simplement et très rapidement, renvoie tout d'abord à un exotisme enraciné dans une symbolique des lieux et de l'espace. À chaque lieu (Paris, Venise, New York . ) et à chaque espace (montagne, mer, campagne) correspondent des images, des récits, des représentations qui guident et organisent les conduites des touristes. À chaque phase, le voyageur s'alimente d'images, vit son odyssée sur le mode de l'imaginaire. Avant le départ, le voyage est rêvé, puis il est médiatisé par les guides par des guides qui s'attachent à lui donner du sens, enfin, au retour, il est raconté, commenté et illustré. [...]
[...] Cet imaginaire peut être repéré y compris par le biais de questionnaires ou de sondages, autour notamment des items suivants : anticipation de la vie sur place, nostalgie d'une tradition familiale, retrouvailles amicales . L'imaginaire du touriste est plus ou moins structuré : il fait aussi bien appel à des souvenirs ou caractéristiques personnelles ou sociétales. Communiquer ou communier ? Sans stratégie de communication ni campagnes publicitaires, des villages Hmong , de villageois Karen ou des paysans africain arrivent à convertir et à faire aimer leurs modes de vie ou leurs cultures, mieux que toutes les astuces mercatiques pour fidéliser la clientèle. [...]
[...] On mesure ainsi la charge émotionnelle d'un site en quelque sorte. (Les méthodes classiques de l'enquête psychosociologique, ou mercatique, peuvent, moyennant quelques ajustements théoriques, encore servir d'outils - nous travaillons actuellement à la mise en place d'une méthodologie spécifique.) Le passage par les images et des symboles de la destination peut fournir des réponses fortement motivées, et donc fortement opérationnelles dans la mise en place d'une politique de communication. Cela ne veut pas dire que la qualité des produits ou des services importe peu : bien au contraire, cela arrive en tête des critères qui contribuent à définir l'image et l'imaginaire d'une destination ou d'une destination. [...]
[...] Cela est souvent dû à un guide passionné, un site une animation astucieuse et intelligente. Bref, communiquer c'est communier autour du patrimoine culturel, du moins d'une certaine façon : c'est cet aspect du patrimoine culturel qui me semble peu approfondi : comment générer cet engouement ? Par la médiation, si ce n'est la méditation, par l'éducation, l'initiation artistique, le jeu, l'humour, le jeu de rôle, bref, comment donner un semblant de “sacralité” à une banale visite culturelle ? L'ère du soupçon Communiquer, nous le savons en socologie, c'est faire accepter un cadre social d'échange, c'est établir un type de relations avec autrui : relations, ne l'oublions pas, basée sur une certaine confiance en la véracité, ou la crédibilité, du message et du messager. [...]
[...] Certains analystes jugent que cet imaginaire est quelque peu régressif, si ce n'est réactionnaire. Nous serions ainsi passés du “cocooning” au “burrowing” (se terrer, se barricader, vivre dans sa bulle sociétale : tribu, terroirs, clan, famille, corporation, etc.). Pour clore le propos, nous ne pouvons que méditer ce propos d'une sociologue : monde moderne n'est pas déserté par la croyance, mais est caractérisé par le fait qu'aucune institution, qu'elle soit religieuse, politique ou scientifique, ne peut prétendre offrir ou imposer un “code de sens” unique, satisfaisant à l'ensemble des attentes des individus et des groupes humains”. [...]
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