Société, individus sujets de dieu, source de droit, sociétés contemporaines, légitimité, Durkcheim, église, état, DDHC Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, États-Unis, France, pays musulmans, l'échelle collective, politique, Blumenberg
"Les lois de Dieu sont-elles supérieures aux lois de la République ?" Cette question a été posée, en janvier 2015, par Thierry Ardisson à Tariq Ramadan, dans le contexte des attentats récents dirigés contre le journal satirique Charlie Hebdo. On pourrait penser que cette question a depuis longtemps été résolue ; qu'en France, la laïcité avait réussi à séparer deux sphères : une sphère politique, où la loi de la République s'impose à tous, et une sphère religieuse, qui fait partie du domaine privé. Cependant, on observe depuis la fin des années 1970, aussi bien dans le monde occidental que dans le monde musulman, un retour de la question religieuse qui vient s'imposer jusque dans les débats publics.
[...] La Réforme protestante enclenche donc le processus de sécularisation de l'État. Ainsi, dans le protestantisme luthérien, il n'existe pas une Église unifiée, mais autant d'églises que d'États : l'Église réformée d'Allemagne, celle de Norvège, etc. Cependant, cette sécession de l'Église et de l'État aura également lieu dans le monde catholique : les traités de Westphalie sont ainsi considérés comme ayant tracé la voie à la formation des États modernes, où la souveraineté politique n'appartient plus à Dieu. En France, les évolutions politiques qui auront lieu de la fin du XVIIe au début du XXe siècle creuseront davantage cet écart entre Églises et État : gallicanisme, Concordat, et enfin affirmation d'une République une et indivisible, où les communautés religieuses sont mises sur un pied d'égalité, et où l'on sort le sujet de l'emprise de l'Église en instituant notamment l'école laïque. [...]
[...] Ainsi, si la sécularisation du monde tend aujourd'hui à s'accentuer, les résistances religieuses à ce phénomène tendent, de leur côté, à se raviver. La mondialisation accompagne largement ce phénomène, en fragilisant la souveraineté et la pérennité des États-nations, alors que les religions, elles, parviennent à jouer sur la transnationalité et les interconnexions que permet la mondialisation. Cependant, si le rapport entre les individus et les États s'effrite effectivement, il n'est pas raisonnable de dire que l'homme redevient sujet de Dieu. [...]
[...] Le déisme caractérisera ainsi la déclaration d'indépendance des États-Unis, qui fait partie des textes fondateurs de la modernité politique. En France, on trouve un équivalent dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, issue de la Révolution française. Or, l'iconographie révolutionnaire mobilise l'idée de l'Être Suprême, Dieu créateur qui ne nous enjoint qu'à une seule chose : la Vertu, sans intervenir pour autant dans les existences quotidiennes. De même, on considère que la franc-maçonnerie a joué un rôle crucial dans le développement de la Troisième République. [...]
[...] Ainsi, le monarque est roi de droit divin : il tient sa légitimité de Dieu, qui lui est confirmée par le rituel du sacre. Le roi, ainsi, n'est pas seulement un gouverneur terrestre : il est investi d'une mission, celle de défendre l'Église et d'exterminer les infidèles. Le pouvoir temporel est ainsi pensé comme subordonné à l'autorité spirituelle. Comment pourrait-il en être autrement, puisque le Pape est le Pontife, c'est-à-dire le pont entre les Cieux et la Terre ? Ce principe est d'autant plus vrai à partir du XIIe siècle, où la réforme grégorienne vient affirmer la supériorité de l'Église sur les États. [...]
[...] De même, le christianisme s'avère passif dans sa conception de l'histoire et du politique. Le christianisme considère que l'Homme est par nature un être imparfait, ainsi il est vain de chercher à élaborer ici-bas une société parfaite : Jésus n'a- t-il pas dit que son royaume n'était pas de ce monde ? À l'inverse, la modernité a vu l'apparition des grandes utopies politiques assurant des lendemains meilleurs sur Terre : le socialisme ou le libéralisme procèdent ainsi tous deux d'une vision où l'Homme apparaît en mesure d'élaborer une société parfaite, un Paradis terrestre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture