Depuis la Révolution française de 1789, la société n'a cessé d'évoluer vers plus d'égalité sociale, en abolissant les privilèges et les inégalités de droit. Cependant s'il est indéniable que l'on ne peut plus parler d'une société d'ordre, peut-on pour autant annoncer la fin des classes sociales ?
Le terme de « classe sociale » est en effet « chargé » politiquement et emprunté au vocabulaire marxiste, il soulève de nombreux enjeux. Ainsi pour Marx, les individus appartiennent à une classe sociale en fonction de leur position dans les rapports de production (propriétaire des moyens de production ou prolétaire.), et de leur sentiment subjectif d'appartenir à un même ensemble, conscient de ses intérêts à défendre.
Les classes sociales se construisent alors, dans les rapports conflictuels qu'elles entretiennent entre elles. En outre, il existe dans cette conception une très forte hérédité sociale, le passage d'une classe à une autre étant difficile. Cette définition n'est pas la seule, et d'autres sociologues ont théorisé les classes sociales. C'est le cas notamment de Weber pour qui les classes sociales se limitent à un critère économique de regroupement des individus, à côté de d'autres comme le prestige ou le pouvoir. La définition contemporaine retient cependant plus l'approche réaliste de Marx, que celle nominaliste de Weber.
Les classes sociales restent caractérisés par leur conscience collective, leur implication dans des luttes et leurs similitudes professionnelles.
Partant de là, peut-on aujourd'hui encore parler de classes sociales ? La définition de Marx est toujours d'actualité ou faut-il la nuancer ?
Nous verrons tout d'abord que la société contemporaine semble marquée par de profondes mutations (transformation de la population active, démocratisation de l'enseignement) qui rendent difficile l'analyse sociologique en terme de classe. Néanmoins nous remarquerons dans un second temps, que certains éléments propres aux classes sociales sont toujours visibles et qu'il semble plus pertinent de repenser la notion de classes que de la faire disparaître.
[...] Transformation notamment remarquable par le fait que l'INSEE a dû adapter sa nomenclature PCS. On remarque ainsi quatre phénomènes : tout d'abord une salarisation de la société, les professions indépendantes étant largement en déclin ; en outre une tertiarisation de l'économie qui augmente le nombre d'employés et diminue le poids des ouvriers dans la population active. De plus, on observe une moyennisation de la société, voire même un glissement vers le haut avec une hausse importante des classes moyennes, et une augmentation globale du niveau de qualification. [...]
[...] Mais les transformations de la population active ne sont pas les uniques éléments qui permettent de parler d'une fin des classes. En effet, la démocratisation de l'enseignement et le développement d'un idéal méritocratique, limite l'hérédité sociale propre aux sociétés de classes. Ainsi la création d'un collège unique dans les années 50, a permis d'augmenter le niveau global de qualification, et de donner à chacun la possibilité d'atteindre les catégories supérieures de la société par son mérite et ses efforts. Cet objectif est globalement rempli, car si au début du 19ème siècle uniquement d'une classe d'âge obtenait le baccalauréat, on atteint aujourd'hui les 60%. [...]
[...] La situation des ouvriers se dégrade, on est loin d'une moyennisation de la société De plus, l'écart de patrimoine n'a cessé d'augmenter, et il atteint aujourd'hui 1 à 70. Il faut également relativiser l'idée d'une forte mobilité sociale. Ainsi, comme l'illustrent les tables de mobilité, l'hérédité sociale est encore forte, (les chiffres des diagonales sont élevés), en effet pour la génération de 1950, plus de la moitié des fils d'ouvriers deviennent ouvriers. En outre, la mobilité sociale reste fortement une mobilité structurelle, ce qui relativise la fluidité sociale annoncée précédemment. [...]
[...] Parallèlement, la CSP des employés augmente, or, comme l'a démontré Chenu dans son ouvrage Les employés, cette CSP, très éparse, ne peut être considérée comme une classe sociale. Son développement annonce donc la fin des classes. Elle se caractérise en effet par une absence de conscience collective, essentiellement parce que les emplois qui la composent ne sont que provisoires pour beaucoup de jeunes diplômés, et qu'elle présente un taux très bas de syndiqués. Peu consciente de ses intérêts, inactifs dans les luttes sociales, elle ne présente pas deux caractéristiques essentielles aux classes selon Marx. [...]
[...] Partant de là, peut-on aujourd'hui encore parler de classes sociales ? La définition de Marx est toujours d'actualité ou faut-il la nuancer ? Nous verrons tout d'abord que la société contemporaine semble marquée par de profondes mutations (transformation de la population active, démocratisation de l'enseignement) qui rendent difficile l'analyse sociologique en terme de classe. Néanmoins nous remarquerons dans un second temps, que certains éléments propres aux classes sociales sont toujours visibles et qu'il semble plus pertinent de repenser la notion de classes que de la faire disparaître. [...]
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