L'essai sur le don est un « classique » de la sociologie, un ouvrage qui nous apporte beaucoup quand à l'organisation économique politique et sociale des sociétés archaïques. J'ai bien évidemment déjà croisé quelques-uns des articles que Mauss nous a laissés avant de partir mais c'est toujours avec beaucoup de bonheur et plaisir que j'exploite ces écrits, qui ne cessent de m'impressionner par leur infinie richesse.
Mauss, militant socialiste anti-utilitariste, nous pousse à réagir et à réfléchir quand à ce monde d'individualistes grandissant. La théorie du Don, quand à elle est une philosophie de vie, une philosophie qui existe toujours et encore dans les sociétés traditionnelles, comme celles où j'ai grandi. Dans ces sociétés le marché tente de faire son entrée, mais se trouve confronté à une solidarité active mécanique plus solide que prévu, la monnaie quant à elle réussi à s'imposer mais ne détruit pas les liens et les échanges déjà existants. Comme nous le décrit Viviana Zelizer , les individus s'organisent de telle sorte à ne pas laisser l'argent, en tant que valeur monétaire, prendre le dessus sur le sens des échanges effectués. Ainsi dans chacun de ces pays (majoritairement en Afrique…) , chaque région, des habitudes, des coutumes pour contourner l'effet dévastateur que l'argent peut avoir sur leurs liens sociaux.
Ce dossier se veut très global mais à la fois très proche de la réalité quotidienne des individus. J'essaierais à la fois de comprendre un système global mondialisé sous une influence utilitariste néo-classique, mais aussi de comprendre l'impact que les institutions répondant à ce type de politique, peuvent avoir sur la plus petite échelle : celle de l'individu.
[...] 214) et non plus entre différentes sociétés ou communautés, comme nous le décrit Mauss dans les sociétés traditionnelles. Donc, il y a une différence essentielle, de nature entre le don archaïque et le don moderne : le premier est un échange structurant la vie politique, sociale de la société, le deuxième s'insère dans une société marchande où les échanges de marché priment entre les individus. Le marché en s'insérant dans les rapports sociaux a entrainé une redéfinition des relations sociales et surtout des relations d'échanges ; c'est ce que nous allons voir. [...]
[...] Mauss traite le dont comme étant un fait social total. En effet, dans les sociétés observées, le don à un pouvoir coercitif, il s'impose aux membres de la tribu, il est général, car il touche tous groupes et sous-groupes dont se composent ces sociétés, il est extérieur, car se situe dans la sphère collective et non individuelle.[6] Quand Mauss nous parle du Don, il nous parle aussi et d'abord d'une obligation cachée, que le lecteur ne peut percevoir aussitôt. Selon Mauss le don contient en effet une partie obligatoire, voire même 3 obligations qui constituent le triptyque obligationelle du Don cité plus haut. [...]
[...] Or le don décrit par Mauss ou Manilowski est encastré de façon totale dans la société archaïque, car il relève d'un rite social, politique, économique et religieux. Vu de cet angle, nous pouvons qualifier le don moderne comme étant antisocial car il va à l'encontre des principes mêmes du Don. Nous pouvons trouver certains éléments de réponse dans l'ouvrage de Godelier[17] l'énigme du don que je ne peux malheureusement pas développer dans ce dossier. Néanmoins, je suis dans l'obligation de nuancer mes propos, car malgré la présence de monnaie et d'équivalence nette dans l'échange moderne, la sphère sociale arrive tout de même à s'émanciper, soit à travers une création de liens sociaux parallèles entre les deux personnes s'identifiant comme satisfaites d'un échange, ou encore, en créant une autre façon d'échanger, construite sur le principe de la monnaie tout en l'abolissant. [...]
[...] Le lien social doit se réfugier ailleurs, dans le reste de la société[10]. La production est devenue le but de la société. »(p.221). Il faut remarquer que l'auteur prend soin de ne pas utiliser le terme consommateur car il caractérise un rapport précis à l'usage de l'objet produit. Ce rapport est celui qui s'est développé avec l'avènement du capitalisme au XIX siècle et plus précisément dans le capitalisme fordiste des Trente Glorieuses ou on n'utilise plus un objet, mais on le consomme La valeur d'échange a pris le dessus sur la valeur d'usage. [...]
[...] Un autre élément pertinent dans ce dossier : la symbolique. Cette dimension sera utilisée pour approcher, encore une foi, le monde de l'entreprise, mais aussi éclairer de façon macro économique sur la réalité du marché. À l'échelle de l'entreprise, la symbolique se positionnera surtout au niveau du besoin de reconnaissance. En effet selon des études menées par plusieurs sociologues du travail, mais aussi grâce à un travail effectué précédemment dans mes études, il me parait assez important de s'attarder sur le symbole au travail. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture