Gentrification, anomalie urbaine, Ruth Glass, développement urbain des métropoles, « retour en ville » des classes moyennes, Neil Smith, transformations socio-résidentielles en amont
La gentrification, néologisme d'origine anglo-saxonne inventé par Ruth Glass en 1964, peut se définir comme un processus de transformation urbaine et sociale qui affecte les anciens quartiers dégradés des métropoles et qui a pour conséquence l'éviction des couches sociales populaires au profit de l'installation de catégories sociales plus aisées. Développé dans un 1er temps dans le monde anglo-saxon dès les années 1960, ce concept ne suscite l'intérêt des chercheurs français que depuis une dizaine d'années pour analyser de manière critique le développement urbain des métropoles.
Notion complexe, objet d'intenses débats, la gentrification présente pourtant l'intérêt de croiser des analyses d'ordre sociologique, économique, culturelle et politique ce concept « neuf » en géographie et en sociologie urbaine n'a cessé d'évoluer depuis les années 1960, à mesure que ce phénomène de réinvestissement économique et social des quartiers centraux des grandes villes prenait de l'ampleur.
[...] Si l'objectif affiché par le municipalité est de restaurer la mixité sociale dans ces quartiers, les aménagements proposés visent de fait à attirer les classes aisées qui avaient déserté ces secteurs, devenus le lieu de concentration des populations pauvres et vieillissantes Daniel Hiernaux-Nicolas, la réappropriation de certains quartiers de Mexico par les classes moyennes : vers une gentrification ? Espaces et sociétés, 2008/1-2, Hélène Rivière-d'Arc, Requalifier le Xxème siècle : projet pour le centre-ville de Sao Paulo Espaces et sociétés, 2008/1-2, 132 La gentrification généralisée changement de paradigme des politiques urbaines Pour expliquer cette montée en puissance des processus de gentrification à compter des années 1990 qui affectent désormais également les villes moyennes occidentales ainsi que les grandes métropoles des pays émergnts, Neil Smith émet l'hypothèse d'une stratégie délibérée et généralisée des élites urbaines locales14. [...]
[...] Cette approche productiviste fortement influencée par l'analyse marxiste, est alors essentiellement nordaméricaine et fournit une clé de lecture au phénomène grandissant (et parfois spectaculaire) de revalorisation des villes centres de la côte Est des États-Unis (notamment New York, Philadelphie et Boston). Dès les années 1980, et alors que le phénomène de réinvestissement des centres urbains dégradés gagne en intensité aux États-Unis et s'étend à l'Europe du Nord (Scandinavie, Pays-Bas, GrandeBretagne), d'autres approches théoriques de la gentrification délaissent la question de l'offre (le stock de logements, les mouvements de capitaux, les politiques urbaines de régénération urbaine pour se focaliser sur les questions de demande et le rôle des acteurs individuels Chris Hamnett, Les aveugles et l'éléphant : l'explication de la gentrification Strates Neil Smith, Toward a Theory of Gentrification A Back to the City Movement by Capital, not People Journal of the American Planning Association David Ley, Alternative explanations for inner-city gentrification Annals of the association of american David Ley s'intéresse notamment à mieux définir sociologiquement ces nouvelles classes moyennes issues des économies post-industrielles et analyse ces nouveaux modes de vie urbains qui s'expriment par cet attrait exercé par les centres villes anciens. [...]
[...] Encouragées par le classement au rang de patrimoine mondial par l'UNESCO, les autorités locales ont ainsi engagé une politique de reprise en main du centre colonial en déclin voué alors notamment au commerce informel grâce à la mise en place de partenariats publics/privés de financement. Ces différents projets visent la réhabilitation du vieux bâti colonial, l'installation de nouveaux commerces ainsi que d'équipements universitaires et culturels. L'objectif est non seulement de valoriser le potentiel touristique de ce quartier emblématique de la capitale mais aussi d'attirer les couches moyennes et supérieures grâce notamment à la construction d'ensembles résidentiels de qualité. [...]
[...] Développé dans un 1er temps dans le monde anglo-saxon dès les années 1960, ce concept ne suscite l'intérêt des chercheurs français que depuis une dizaine d'années pour analyser de manière critique le développement urbain des métropoles. Notion complexe, objet d'intenses débats, la gentrification présente pourtant l'intérêt de croiser des analyses d'ordre sociologique, économique, culturelle et politique ce concept neuf en géographie et en sociologie urbaine n'a cessé d'évoluer depuis les années 1960, à mesure que ce phénomène de réinvestissement économique et social des quartiers centraux des grandes villes prenait de l'ampleur. [...]
[...] Conclusion Depuis son invention dans les années 1960, le concept de gentrification n'a donc cessé d'évoluer et de s'enrichir. Alors que le phénomène de retour en ville des classes moyennes et supérieures, lié notamment au processus de métropolisation qui concentre les activités tertiaires dans les villes, s'est intensifié depuis les années 1980, on assiste aujourd'hui à la mise en œuvre de véritables politiques publiques de gentrification qui, sous couvert de revitaliser les centres-villes, visent en fait à attirer ou retenir les investissements et les classes aisées, et ce, au détriment des classes populaires, de plus en plus exclues des espaces centraux métropolitains Neil Smith, ibid. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture