La sociologie, dans sa quête de compréhension du social, s'appuie sur des instruments méthodologiques rigoureux qui lui permettent d'accéder à une connaissance « pure » ou du moins scientifique de l'objet social. L'étude de ces outils débouche sur une approche des sciences sociales « en pratique », sur le terrain. Les démarches quantitatives (statistiques, sondages, questionnaires..) ont longtemps été dominantes en sociologie. Cependant, de nos jours, les démarches quantitatives sont laissées de côté au profit des outils qualitatifs, tel que l'entretien. « On appelle interview ou entretien un oral en tête à tête entre deux personnes dont l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet prédéterminé, c'est aussi un procédé d'investigation ». L'entretien est un instrument méthodologique qui suppose la mise en œuvre de processus fondamentaux de communication et d'interaction. Les méthodes d'entretien se caractérisent par un contact direct entre l'interlocuteur et l'entreteneur, une assez faible directivité, ainsi qu'un échange et la mise en place d'une relation. Cette relation sociale produit sur l'entretien des effets dont il faut tenir compte afin d'objectiver le discours de l'enquêté et d'arriver à une véritable connaissance scientifique. Ces effets de la relation sociale sur le travail sociologique de l'enquêteur peuvent être multiples : effets de domination de l'enquêteur sur l'enquêté (et inversement), imposition de problématique, distorsions dans la compréhension d'un même langage, etc…
Le problème qui se pose au sociologue est alors de savoir quels outils sont à sa disposition pour maîtriser les effets de la relation sociale sur la production sociologique découlant de l'entretien. Ces outils doivent être utilisés tout au long du travail effectué autour de l'entretien et pas seulement au moment de la rencontre de l'enquêteur et de l'enquêté dans le cadre de l'entretien.
On peut remarquer trois étapes essentielles de l'enquête par entretien. On distingue tout d'abord l'avant – entretien (préparation de l'entretien et socialisation de l'enquêteur avec l'objet d'étude), l'entretien lui-même (interaction entre l'enquêteur et l'enquêté), et l'après -entretien (interprétation des résultats obtenus au cours de l'entretien).
Il faut donc se pencher d'une part sur l'avant – entretien (I), puis sur le face à face (II) et enfin sur l'après entretien (III)
[...] Pour que cette dissymétrie sociale ne soit pas un obstacle pour l'enquêté lors de la relation d'entretien, l'enquêteur doit s'efforcer de se mettre à la place de l'enquêté en pensée En effet, Le sociologue peut obtenir de l'enquêté qu'il se sente légitimé à être ce qu'il est s'il sait lui manifester sans feindre d'annuler la distance sociale qui le sépare qu'il est capable de se mettre à sa place en pensée »(BOURDIEU). Il s'agit d'intégrer pour le sociologue les conditions et structures sociales inhérentes à l'enquêté. Par ailleurs, les effets pervers de la supériorité sociale de l'enquêteur peuvent être limités par le sociologue si ce dernier adapte son langage, de façon à ce que l'enquêté n'ait pas l'impression que le sociologue opère un étalage de son capital culturel. Par ailleurs, un deuxième type de dissymétrie sociale enquêteur-enquêté est celui où l'enquêté a une position sociale supérieure à celle de l'enquêteur. [...]
[...] Jean Claude Kaufman a ainsi été amené après de nombreux entretiens à poser le critère du double langage des sociétés démocratiques en remarquant que dans une société démocratique, les enquêtés commençaient toujours leur discours en disant : chacun peut faire ce qu'il veut puis finissaient leur discours en disant chacun ne fait pas ce qu'il veut, il y a des restrictions Pour Kaufmann ce double langage récurrent est tout à fait caractéristique de la société démocratique et de l'opposition fondamentale qui s'opère entre la théorie de la démocratie (souvent excessive) et la démocratie dans les faits (souvent insuffisante). Cet outil qu'est la contradiction récurrente dans le discours des enquêtés est donc important, il faut savoir le repérer. Après avoir étudié le contexte d'entretien, après avoir fait la fiche d'entretien et en avoir retiré les informations essentielles au moyen d'outils spéciaux, l'enquêteur va pouvoir commencer à bâtir sa théorie. Une fois fabriquée la théorie de l'enquêteur, le travail d'entretien est fini. [...]
[...] ) ont longtemps été dominantes en sociologie. Cependant, de nos jours, les démarches quantitatives sont laissées de côté au profit des outils qualitatifs tels que l'entretien. On appelle interview ou entretien un oral en tête à tête entre deux personnes dont l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet prédéterminé, c'est aussi un procédé d'investigation L'entretien est un instrument méthodologique qui suppose la mise en œuvre de processus fondamentaux de communication et d'interaction. Les méthodes d'entretien se caractérisent par un contact direct entre l'interlocuteur et l'entreteneur, une assez faible directivité, ainsi qu'un échange et la mise en place d'une relation. [...]
[...] Chaque fiche contient les propos principaux de l'enquêté retranscrits par l'enquêteur mais contient aussi les commentaires de l'enquêteur pour chaque propos important où à chaque fois qu'il en ressent le besoin. Comme le souligne Stéphane Beaud, il n'y a pas vraiment de méthode de retranscription, pas de méthode pour réaliser une fiche sur un entretien. On peut néanmoins donner quelques règles, quelques contraintes de retranscription. Deux types de contraintes : L'honnêteté, la fidélité : il ne s'agit pas pour l'enquêteur de détourner les propos de l'enquêté mais de les retranscrire le plus fidèlement possible. L'enquêteur doit aussi essayer de capturer par ses mots l'intonation, l'ambiance et le tempo de l'entretien. [...]
[...] Enfin, même lors de la retranscription écrite de l'entretien, le sociologue, de façon méthodique, doit objectiver ces effets Les effets produits par la manière de conduire un entretien : Au-delà des outils ou de la méthode que le sociologue doit utiliser pour que la distance sociale et les effets d'imposition ne voilent pas le sens de l'entretien, l'enquêteur doit mettre en œuvre certains procédés de façon à ce que l'entretien ne soit pas biaisé et permette d'éclairer certains éléments utiles à la compréhension de l'objet d'étude Une attention continue du sociologue lors de l'entretien : Dans sa manière de conduire l'entretien, le sociologue doit tout d'abord faire preuve d'une attention continue. L'enquêteur, au cours de l'entretien, ne doit pas s'inscrire dans une attitude passive. Son comportement est susceptible d'influencer le déroulement de l'entretien, et par la même d'en permettre une meilleure exploitation pour recherche sociologique. L'enquêteur doit donc faire preuve d'une attitude active propice à accompagner l'enquêté vers les points pertinents permettant d'avancer dans la connaissance de l'objet d'étude. [...]
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