Notre étude couvrira ainsi une période allant du milieu des années 1830, années considérées comme le début des enquêtes sociales, jusqu'à la fin des années 1860 puisque c'est essentiellement le gouvernement de Napoléon III qui est friand de ces enquêtes et les aide à se développer. Ce temps historique est fonction de l'apparition des classes populaires, ouvrières qu'étudient les enquêtes sociales.
Nous tenterons ainsi de répondre à la question suivante : quels sont les objectifs que servent les enquêtes sociales en France au milieu du XIXe siècle ?
Les enquêtes sociales sont avant tout un moyen de connaître un monde. Vues sous ce jour, les enquêtes sociales sont au service de la philanthropie et de la science.
[...] Encore une fois, le but est d'individualiser l'ouvrier pour lui ôter la force qu'est la sienne lorsqu'il est conscient de sa classe. Les enquêtes sociales ont donc un but éminemment politique et la concession en 1848 du suffrage universel masculin est l'émasculation de la potentielle violence ouvrière. Et Victor Hugo de l'illustrer désormais le bulletin de vote doit remplacer le fusil Ainsi les enquêtes sociales mues par des projets philanthropiques et scientifiques ont grandement participé de l'apparition de la sociologie. Elles ont permis une découverte et une connaissance d'un monde souvent très éloigné des conceptions élitistes. [...]
[...] Les enquêtes sociales montrent donc à quel point les classes populaires vivent dans un monde risqué. Les philanthropes du milieu du XIX°siècle permettent de connaître les classes souffrantes et de donner ses lettres de noblesse à la sociologie, mais ce ne sont pas là les seuls buts poursuivis. II Les enquêtes sociales : dominer économiquement et politiquement : de la domestication des masses Les enquêtes sociales servent également à soumettre les classes populaires. En effet, c'est après les soulèvements des canuts de Lyon en 1831 et 1834 que le prolétariat fait une entrée fracassante sur la scène politique française. [...]
[...] A partir de 45 ans nous apprennent les enquêtes, les tisseurs ou tailleurs doivent se reconvertir car leur acuité visuelle diminue. Risques grands que celui de la maladie liée aux conditions de travail. En effet, Villermé note une misère consécutive au déracinement des ouvriers installés dans les villes, qui découvrent l'enfermement des manufactures. Les horaires sont également ingrats comme le prouve le témoignage de Norbert Truquin né en 1833 et employé dès l'âge de 7 ans dans une manufacture de laine à Amiens dont les journées de travail débutent à 6 heures pour finir à 21 heures. [...]
[...] Au milieu du XIX°siècle, les hommes travaillent, les femmes également, et les enfants aussi. En effet leur agilité et leur souplesse sont très appréciées dans l'industrie: ils sont capables de se glisser sous un métier en marche, ou dans les conduits étroits des mines. Ainsi on apprend qu'en 1850, dans les mines de Carmaux des ouvriers sont des enfants. Le monde ouvrier est donc un monde complexe par sa diversité. Diversité accrue par la présence de travailleurs étrangers, pour la première fois recensés en 1851. [...]
[...] Ensuite, les ouvriers peuvent retourner au monde agricole qu'ils avaient quitté, pour un temps. Un autre exemple, plus proche géographiquement parlant : dans les sucreries de Picardie, le paysan se loue uniquement pendant l'hiver. La pluriactivité est donc une caractéristique importante des classes populaires françaises. On parle d'ouvrier-paysan, celui qui en dehors de l'industrie va moissonner l'été venu, ou encore de paysan-ouvrier, celui qui recherche le travail industriel pour améliorer l'ordinaire pendant la morte-saison hivernale. Les enquêtes nous renseignent donc clairement sur le monde ouvrier et paysan, en mettant en exergue son caractère complexe. [...]
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