Pour J. Léauté, « le lien entre le fait criminel et la réaction de la société est évident » (1956, Conférence au Centre d'Etudes Sociologiques). C'est la sociologie qui, parallèlement au droit pénal a établi ce rapport. La sociologie est une discipline récente, qui compte dans ses précurseurs Aristote, Montesquieu, Condorcet, Tocqueville et se caractérise par une grande diversité des approches théoriques et des objets considérés. Il y a deux façons de considérer les phénomènes sociaux comme le produit des structures sociales (approche fonctionnaliste, Parsons ou structuraliste, Bourdieu). Ensuite, il y a la sociologie de l'action qui analyse ces phénomènes comme le résultat de l'agrégation d'actions individuelles (Simmel, Weber, Bourdon).
L'avènement de la sociologie a conduit à remarquer que les données sociologiques ont toujours influencé le législateur alors même que le terme n'existait pas. En effet, lorsqu'il organise la procédure et prévoit les peines, c'est toujours en fonction de ce qu'il sait des réalités sociales. C'est d'ailleurs en s'appuyant sur des considérations sociologiques que Beccaria démontra qu'il fallait préférer la certitude et la promptitude de la peine à sa rigueur. Lucien Lévy-Bruhl (1857-1939), professeur à l'école des Sciences-Politiques et titulaire de la chaire d'histoire de la philosophie à la Sorbonne, auteur de l'âme primitive et de la mentalité primitive, fonde un groupe d'étude de sociologie criminelle rassemblant des chercheurs de disciplines diverses. En effet, il réalise qu'il est inutile de laisser une multitude de disciplines effectuer des recherches identiques. Pour G. Levasseur, il faut avoir une conception assez large : la sociologie criminelle doit étudier l'influence du milieu en général et également l'influence d'un milieu donné ou d'un ensemble de milieux sur les diverses personnalités.
Ayant ainsi montré l'existence d'une sociologie criminelle, nous nous efforcerons de montrer l'émergence des courants sociologiques en criminologie qui est toujours d'actualité en étudiant l'avènement de la sociologie (I) et le crime comme phénomène culturel (II).
[...] Aux Etats-Unis, les buts sont acceptés par la plupart des gens : ils doivent viser la réussite économique qui est la portée de tous : il suffit de vouloir et de travailler. Il faut absolument réussir et même au détriment des règles établies. L'innovateur accepte les buts sociaux et décide de parvenir à ses fins quelque soit le moyen : détournement de fond, escroquerie, vol. Cette solution est pour Merton plus fréquente au bas de la stratification sociale car les moyens légitimes d'atteindre le succès sont moins accessibles que dans les classes moyennes ou supérieures. [...]
[...] Mais même les partisans de Durkheim ne soutiennent plus cette thèse de normalité sociale. A partir des années 50, des recherches démontrent que la délinquance juvénile tient à une rupture du lien social. Aussi, les adolescents ayant des troubles de la relation parentale et ne parvenant pas à s'adapter à l'école prédisent la délinquance, car ils sont mal adaptés aux groupes sociaux dont ils devraient faire parti (Glueck et Glueck en 1950 jusqu'à Le Blanc en 1987). La théorie du lien de Hirschi (1969) s'inscrit dans la tradition Durheimienne. [...]
[...] Il distingue d'abord l'imitation-coutume, où les traditions anciennes et les techniques criminelles du passé se transmettent de génération en génération. Cf. le banditisme et la vendetta en Corse. Ensuite, il distingue l'imitation-mode qui se produit quand des nouveaux modèles de conduite se propagent à partir d'un premier exemple dont tout le monde parle. En 1875, la veuve Gras jette du vitriol sur le visage de son amant. Son histoire fait la une des journaux, puis on signale de nombreux cas semblables. [...]
[...] Pierre Darmon affirme en 1989 que Lacassagne a proposé une théorie sociologique alternative au positivisme de Lombroso. En réalité, l'œuvre de Lacassagne est aussi fondamentalement liée à une conception biologique du comportement criminel, il a été toute sa vie un fervent partisan de la phrénologie de Gall, qui étudie le caractère et les fonctions intellectuelles de l'homme d'après la conformation externe du crâne. De plus, l'expression milieu social n'a pas le sens qu'on lui prête aujourd'hui et pas la même influence : il considère en effet que le milieu social agit surtout sur la partie occipitale du cerveau et pouvait ainsi révéler des instincts. [...]
[...] Pour Digneffe, Quételet raisonne en terme de tendance sociale et non de penchant individuel. Pour Maurice Cusson, Quételet oscille entre une conception individuelle et une conception collective. Guerry est frappé par la constance du crime : Chaque année voit se reproduire le même nombre de crime dans le même ordre, dans la même région, chaque classe de crime a sa distribution particulière et invariable par sexe, par âge, par saison. Le même phénomène frappe Quételet, il ajoute que le criminel semble agir sous l'influence de causes déterminées et placées en dehors de son libre arbitre. [...]
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