Il peut paraître déconcertant d'entendre un Normalien et agrégé d'histoire parler ainsi des élites alors qu'il en fait lui-même partie au regard des ses « attributs ». Pourtant, et c'est ce qu'il faudra interroger à plusieurs reprises, quel sens donner au terme « autres » ?
Les élites sont, par définition, un groupe considéré comme meilleur par comparaison.
L élite politique rassemble les agents participant à la lutte pour la conquête du pouvoir, ceux qui détiennent le pouvoir de décision, les « puissants », mais, cependant, toute élite n'est pas politique : ceux que des qualités personnelles distinguent du reste de la société ne participent pas forcément directement au pouvoir, simple pouvoir d'influence voir sans rapport réel avec le pouvoir.
J. Julliard qualifie les élites d'« autres », un terme qui renvoie à plusieurs connotations et donc à plusieurs perceptions de l'élite. En effet, « autre » implique la distinction, la différenciation : les élites seraient alors un groupe à part, peut être étranger, mais reconnu comme différent du reste de la société, le peuple.
Pris dans un autre sens, si l'auteur parle des « autres » alors même qu'il a les caractéristiques typiques de l'élite, c'est peut être parce qu'il ne se sent pas partie intégrante de ce groupe soit par stratégie personnelle – se définir par opposition aux autres- soit par volonté de nuire à leur légitimité.
Cependant, ce n'est pas tant le concept d'altérité qu'il faut remettre en cause car les élites sont communément admises comme « autres », elles ont toujours existé au sommet de la pyramide sociale. En effet, c'est plutôt leur position dominante, et donc ambiguë dans une société prônant des valeurs égalitaires comme notre démocratie, qu'il faut interroger : quelle est la légitimité des élites au sommet du pouvoir ? Le rôle des élites est-il de représenter la diversité du peuple ? Comment expliquer les relations entre dominants et dominés ? Comment les élites parviennent-elles à se maintenir au pouvoir ?
Aussi, les élites, leur rôle et leur légitimité soulèvent de nombreuses interrogations et c'est à cette question fondamentale qu'il faudra tenter de répondre : dans quelle mesure peut-on affirmer que la perception des élites comme « autres » participe au maintien de leur domination sur le peuple ?
Il faudra commencer par montrer que cette qualification des élites peut délégitimer leur rôle à la tête de la société (I) avant de voir que c'est justement parce que les élites sont « autres » qu'elles assurent leur reproduction sociale (II).
[...] Comment les élites parviennent-elles à se maintenir au pouvoir ? Aussi, les élites, leur rôle et leur légitimité soulèvent de nombreuses interrogations et c'est à cette question fondamentale qu'il faudra tenter de répondre : dans quelle mesure peut-on affirmer que la perception des élites comme autres participe au maintien de leur domination sur le peuple ? Il faudra commencer par montrer que cette qualification des élites peut délégitimer leur rôle à la tête de la société avant de voir que c'est justement parce que les élites sont autres qu'elles assurent leur reproduction sociale (II). [...]
[...] Les élites sont autres de par un ensemble de processus qui tendent à perpétuer ce clivage dominants/dominés. Pour autant, les élites n'ont pas vraiment d'intérêt à se couper du peuple duquel ils procèdent pour partie et c'est là toute la subtilité des élites qui arrivent à se distinguer du peuple tout en restant à leur disposition Aussi, et c'est la grande tendance des figures politiques d'aujourd'hui, cette dérive vers toujours plus de populisme ne risque-t-elle pas d'aggraver, encore plus, le clivage élites/peuple ? [...]
[...] II L'universalisation des intérêts des élites, condition de la reproduction sociale La production et la diffusion de valeurs dominantes participent de leur légitimité d'autant plus que le peuple n'a pas forcément conscience de ces mécanismes de domination. A. Imposer ses idées, c'est conserver son rang 1. Les moyens de diffusion des idées dominantes - Les élites disposent de moyens très efficaces pour diffuser ses idées à travers les appareils idéologiques d'Etat expression de L. Althusser, philosophe marxiste du XXème siècle. Ce sont l'école, la presse, le discours des élites qui permettent aux dominants de faire croire aux dominés qu'ils ont les mêmes intérêts. [...]
[...] Cela fonctionne de la même manière pour le concept des élites, celles-ci représentant certaines idées. -Cette façon de se définir par opposition peut poser problème car, finalement, les élites oublient, en quelque sorte, leur rôle de représentant de la société (en tout cas pour les élites élues).R. Aron, dans démocratie et totalitarismes, montre que la pluralité des élites aux intérêts divergents voire contradictoires peut être source de difficultés. Les élites peuvent-elles alors encore représenter l'intérêt général dans le bien du peuple ? [...]
[...] - L'accès à l'élite semble donc compromis pour celui qui n'a pas le capital, au sens bourdieusien du terme, nécessaire ; c'est donc en quelque sorte l'idée de panne de l'ascenseur social. La démocratisation politique et culturelle semble donc illusoire et surtout pas assez efficace au regard de ce processus : l'élite parait donc un groupe fermé, homogène et hermétique au reste de la société. Pour autant, est-ce vouloir dire que les élites sont coupées du peuple ? Les élites, ce sont les autres : une phrase source de nombreux débats sur le statut des élites vis-à-vis du peuple. [...]
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