A l'instar du Printemps Arabe qui a bousculé plusieurs régimes autoritaires, on retient souvent l'influence des grands mouvements sociaux sur le changement social et politique. Pourtant, si les révolutions mettent toujours en scène des mouvements de masse permettant le basculement politique, ce sont souvent des groupes restreints et composés d'un petit nombre de militants particulièrement actifs qui construisent patiemment les conditions propices à une mobilisation réussie.
Pour que des individus constituent un groupe social, ces derniers doivent être d'une part en relation, directe ou indirecte, et doivent d'autre part se définir, et être définis par les autres, comme membres de ce groupe. Lorsqu'il est mobilisé, un groupe social est engagé dans une action collective : ses membres agissent ensemble afin d'atteindre des fins partagées. Il semble dès lors opportun de se demander quelle est l'influence de la taille d'un groupe social sur sa capacité à mener avec succès une action collective ?
Pour ce faire, il conviendra tout d'abord d'expliquer pourquoi les groupes de petite taille ont tendance à se mobiliser plus facilement et plus efficacement que les grands groupes. Nous analyserons ensuite comment ces derniers peuvent néanmoins mener des actions collectives efficaces. Nous soulignerons que d'autres variables que la taille conditionnent également fortement les formes de la mobilisation des petits comme des grands groupes.
Pour diverses raisons, les petits groupes ont tendance à se mobiliser de manière plus aisée et efficace que les grands groupes.
Les groupes sociaux sont confrontés à ce que Mancur Olson appelait le "paradoxe de l'action collective". Les individus, prenant leurs décisions en fonction de calculs coûts-avantages, peuvent en effet adopter des stratégies de "passagers clandestins". Elles consistent à bénéficier des avantages procurés par une action collective sans en subir les coûts. Il est en effet plus rentable de regarder les autres se mobiliser. Par exemple, lors d'une grève réclamant une hausse de salaire, le "passager clandestin" décidera ne pas faire grève, et ne subira ainsi aucun coût lié à la mobilisation (pas de retenue de salaire, il sera "bien vu" par sa direction) (...)
[...] Selon la DARES, en 2008 en France, la probabilité de grève augmente avec la taille de l'entreprise. Il faut ici considérer la nature particulière des groupes sociaux que constituent les entreprises : elles se caractérisent en effet par l'importance de la hiérarchie et la domination de la direction sur ses salariés. Les capacités de mobilisation dans les petites entreprises sont ainsi fortement amoindries car les risques encourus par les salariés sont bien plus importants que dans les grandes entreprises. Dans ces dernières, la loi impose d'ailleurs davantage de délégués syndicaux. [...]
[...] Dissertation : Sujet : Quels sont les effets de la taille des groupes sur leur capacité à se mobiliser ? A l'instar du Printemps Arabe qui a bousculé plusieurs régimes autoritaires, on retient souvent l'influence des grands mouvements sociaux sur le changement social et politique. Pourtant, si les révolutions mettent toujours en scène des mouvements de masse permettant le basculement politique, ce sont souvent des groupes restreints et composés d'un petit nombre de militants particulièrement actifs qui construisent patiemment les conditions propices à une mobilisation réussie. [...]
[...] Pour diverses raisons, les petits groupes ont tendance à se mobiliser de manière plus aisée et efficace que les grands groupes. Les groupes sociaux sont confrontés à ce que Mancur Olson appelait le "paradoxe de l'action collective". Les individus, prenant leurs décisions en fonction de calculs coûts-avantages, peuvent en effet adopter des stratégies de "passagers clandestins". Elles consistent à bénéficier des avantages procurés par une action collective sans en subir les coûts. Il est en effet plus rentable de regarder les autres se mobiliser. [...]
[...] Selon leur taille, les groupes sociaux ne seront pas confrontés de la même façon à ce paradoxe. Il sera en effet plus facilement résolu par les groupes de petite taille, au sein desquels les stratégies de passagers clandestins sont plus facilement découragées. On peut en effet considérer que les groupes restreints sont fréquemment des groupes primaires : ils ont alors une forte emprise sur les individus, en raison de la forte intimité qui les caractérise (relations directes de face à face). [...]
[...] En France, la réforme des retraites durant l'année 2011 a entraîné un mouvement social d'ampleur, émaillé d'une diversité d'actions collectives (pétitions, manifestations, grèves, blocages . Autre exemple, selon la DARES, en 2008, en France, moins d'une entreprise sur 100 de 10 à 49 salariés a déclaré au moins une grève alors que pour les entreprises de plus de 500 salariés d'entre elles ont déclaré au moins une grève. Comment expliquer cette capacité des grands groupes sociaux à se mobiliser ? Ces derniers peuvent tout d'abord recourir à des incitations sélectives, ainsi que Mancur Olson l'avait lui-même souligné. [...]
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