La réforme récente de l'Éducation nationale proposée par le Plan Fillon porte une nouvelle fois sur le devant de scène médiatique le lien historique et passionnel qui unit les Français et leur école. Enjeu par le passé d'oppositions irréductibles entre partisans et adversaires de la laïcité, le débat est aujourd'hui apaisé et moins idéologique. Il se centre plutôt sur le caractère utilitariste que les Français accordent à l'école, en périodes de chômage et de doute. Les familles aspirent à l'ascension sociale ou du moins à une insertion sociale qui préserve leurs enfants des risques récurrents du chômage.
[...] En effet, la valeur économique du diplôme est liée au rapport entre la variation de son offre et la variation de sa demande sociale. Ainsi, même si le niveau de l'école ne décline pas en termes qualitatifs comme l'attestent toutes les évaluations nationales de grande ampleur et les comparaisons internationales, les diplômes largement distribués aux catégories populaires sont socialement dévalorisés et moins recherchés qu'auparavant puisque moins rares. Comme le nombre de postes correspondants n'a pas augmenté dans les mêmes proportions que l'inflation des diplômes, la promotion sociale qui devait valider cette méritocratie n'est plus automatiquement au rendez-vous. [...]
[...] Par ailleurs, les mouvements de mobilité entre les catégories les plus éloignées restent marginaux : seuls 7 fils de cadres sur 100 connaissent une mobilité verticale descendante en accédant à la catégorie ouvriers. Inversement, 1/10 des fils d'ouvriers accèdent à la catégorie cadres supérieurs en bénéficiant d'une mobilité ascendante. Enfin, même si la mobilité s'est accélérée sous l'effet de la moyennisation de la société jusqu'au milieu des années 1980, on assiste néanmoins à un certain maintien de la reproduction sociale. [...]
[...] L'accès aux titres scolaires reste inégal et fortement marqué par le poids de l'origine sociale. Par ailleurs, le diplôme n'assure plus automatiquement l'insertion sociale et il semblerait que son rendement ait tendance à se dégrader dans la société face au chômage et à l'augmentation des exigences de recrutement Un inégal accès aux diplômes et la dégradation de leur rendement social De fortes inégalités dans l'accès aux diplômes Le document 1 confirme des tendances de fond de la société française : malgré la massification scolaire, la démocratisation n'est pas encore une réalité. [...]
[...] Cela affecte par la suite la destinée sociale et la mobilité sociale reste inégale, limitant alors le rôle de l'école. Inégale possession du capital culturel et social Pierre Bourdieu évoque les structures de domination liées à l'inégalité dans la possession du capital économique, culturel et social. Le capital culturel se transmet dans les familles au cours du processus de socialisation. Il se traduit par un ensemble de connaissances, de savoir être, de savoir-faire qui constitue l'habitus de classe de chacun. [...]
[...] Les individus sont supposés rationnels. À tous les paliers de l'orientation des élèves, les familles établissent un calcul côut-avantage. Elles envisagent les avantages de la poursuite des études en les comparant aux coûts qui peuvent en découler. Dans les milieux populaires, la dépense scolaire est plus souvent vécue sous l'angle du coût de court terme qui peut venir ponctionner de manière trop élevée un niveau de revenus limité. La dépense scolaire est alors perçue comme un investissement risqué, comme un détour de production inutile. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture