La vente par une entreprise de sa production à des consommateurs ne constitue-t-elle pas un échange ? De même, l'image des enfants qui “échangent” des cartes à jouer dans la cour de récréation de l'école n'en est-elle pas une autre manifestation ? Si tant est qu'il s'agisse bien là d'échange, le fait d'échanger s'opèrerait de manière symétrique : cela nécessiterait un don mutuel, c'est-à-dire un don donnant lieu à un autre don en réaction au premier.
Ce premier constat nous invite immédiatement à nous demander si la notion d'échange se bornerait au concept dualiste “donner-recevoir” et si elle revêtirait inéluctablement un caractère matériel.
La notion d'échange - intrinsèquement liée au fait d'échanger - intègre en fait une dimension beaucoup plus vaste, dépassant ce premier point de vue. Elle constitue en soi une dynamique complexe se manifestant sous de multiples formes. L'échange peut-être considéré dans sa fonction de communication, mais aussi économique, culturelle, sociale...
La question est donc de savoir ce qu'est "échanger" dans son sens le plus large. Sur quels concepts doit-on définir la notion d'échange et quels sont les éléments qui permettent de considérer cette pratique comme essentielle dans le fait humain ?
Pour qu'il y ait échange, cela suppose - a priori – un contact entre un minimum de deux individus. Chacun des sujets, pour “échanger ”, se démunit d'une chose pour la donner à son homologue, dans le but d'en recevoir une autre. L'échange apparaît donc comme nécessairement intéressé : si le sujet échange avec autrui, c'est parce qu'il lui envie quelque chose et réciproquement.
Cependant, l'échange trouve son achèvement dans un accord mutuel : si des sujets échangent, c'est, a priori, qu'ils le veulent, ils ont donc tacitement convenu d'un accord et se sont implicitement accordés sur la “valeur ” des choses à échanger. Ici il nous faut interroger la notion de “valeur ”.
[...] Ainsi, le don, qui peut apparaître comme le plus louable des échanges, pourrait revêtir un intéressement inconscient. Si le don est une forme de l'échange, et n'était pourtant pas fondé sur la réciprocité, il peut apparaître quelque nuance à ce sujet. Ainsi, la définition de l'échange pose un véritable problème, tant la dimension dans laquelle il doit être pensé est vaste. Les questions inhérentes à la multiplicité des formes de l'échange rendent en effet difficile la recherche de l'unité de cette notion. [...]
[...] Doit-on vraiment contrôler et poser des frontières à l'échange ? Limiter l'échange par des lois, cela signifie donner aux hommes une ligne directrice pour échanger, c'est ne pas laisser leurs comportements s'affirmer comme ils le devraient. C'est en fait pervertir l'échange, même si, dans le même temps, il en est bonifié car épuré du déséquilibre qui peut surgir entre les partenaires de l'échange. Mais est- ce vraiment moral de régler l'échange, de régler la relation humaine au lieu de lui laisser libre champ pour s'exprimer ? [...]
[...] Dans le mythe de la création, il nous est par ailleurs possible de trouver quelques traces de l'échange originel entre les hommes. En effet, la Genèse nous informe et nous donne une orientation sur les “origines du monde et de l'humanité donc de l'échange. D'après la Bible, commencement, Dieu créa le ciel et la terre ce fut le premier jour. Le sixième jour, il créa la vie, et “créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa Adam et Eve qui constituent les deux premières créatures humaines selon la Genèse, sont nés pour échanger : en créant cet homme et cette femme Dieu avait prévu, imaginé et commandé qu'ils s'accouplassent conformément à la manière dont il les avait pensés. [...]
[...] Échanger La vente par une entreprise de sa production à des consommateurs ne constitue-t-elle pas un échange ? De même, l'image des enfants qui “échangent des cartes à jouer dans la cour de récréation de l'école n'en est-elle pas une autre manifestation ? Si tant est qu'il s'agisse bien là d'échange, le fait d'échanger s'opérerait de manière symétrique : cela nécessiterait un don mutuel c'est-à-dire un don donnant lieu à un autre don en réaction au premier. Ce premier constat nous invite immédiatement à nous demander si la notion d'échange se bornerait au concept dualiste “donner-recevoir et si elle revêtirait inéluctablement un caractère matériel. [...]
[...] L'homme a donc naturellement vocation à échanger. L'échange deviendrait alors une antériorité de nature chez l'homme, non soupçonnée, mais pourtant bien présente. Innés, la vie en communauté et le fait d'échanger seraient tous deux dictés par son instinct naturel. L'idée que l'homme serait par nature, fait pour échanger fait naître l'idée d'un déterminisme humain, qui ferait que malgré une apparente liberté, le sujet ne serait pas entièrement maître de sa destinée, mais serait comme “réglé pour échanger et vivre en groupe ce qui constitue déjà un échange implicite. [...]
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