Aujourd'hui, les représentations traditionnelles, circulant notamment dans les médias, décrivent le toxicomane comme quelqu'un en dehors de la société. Durkheim qualifie ces représentations de « prénotions » -idées préconçues qui rendent des comptes au lieu de rendre compte- et que le sociologue doit combattre. En refusant une approche catégorique du toxicomane, il est intéressant de se demander en quoi la consommation de drogues par un individu entraîne-t-elle un double processus de marginalisation et d'intégration vis-à-vis de la société ?
Il s'agit ici de discuter la validité d'un lien linéaire entre drogue et marginalisation en se basant sur la notion de drogue dans son acceptation générale (douce et dure, licite et illicite).
[...] Ayant transgressé la norme, le drogué sera stigmatisé, considéré comme un marginal ou un délinquant. Victime d'une réprobation sociale qui l'éloigne de la société, il rentre dans un processus d'isolement. Ce dernier est pour Becker le résultat des entrepreneurs de morale c'est à dire ceux qui créent des normes et qui les appliquent. Leur but est d'entreprendre une croisade morale en étiquetant arbitrairement les individus dits déviants. Les toxicomanes apparaissent alors comme des individus ne vivant plus que pour leur consommation, incapable de rester en contact avec le monde extérieur et d'avoir une réelle intégration sociale. [...]
[...] Ainsi, dans l'exemple des fumeurs de Marijuana chez Becker, la drogue permet de favoriser l'appartenance à un groupe. De même, dans les enquêtes réalisées auprès de la jeunesse, notamment par Dubet, dans les années 1990, le cannabis est qualifié de convivial, censé participer à la sociabilité juvénile Mettant en exergue une valorisation commune du risque, le shoot révèle également une sensation de partage, l'échange des seringues donnant un caractère rituel à la consommation. On peut ici faire un parallèle avec les drogues dites légales dans nos sociétés. [...]
[...] Sources Ouvrages BECKER Howard.S, Outsiders, étude de sociologie de la déviance, éditions Métailié, Paris FRYDMAN Nathalie, MARTINEAU Hélène, La drogue : où en sommes-nous ? bilan des connaissances en France en matière de drogues et de toxicomanies, La documentation française, Paris LAGRANGE Hugues, De l'affrontement à l'esquive, Violences, délinquances et usages de drogues, Paris, Syros MOUTIN Pierre, BRIOLE Guy, Après la drogue ? [...]
[...] La consommation de drogue peut ainsi être perçue comme conventionnelle, festive et sociale et non contestataire ou solitaire. Il est intéressant d'aborder le problème de la déviance à la lumière de l'usage de drogues. Si certaines approches tendent à rejoindre les analyses médicales et neurologiques en décrivant l'inévitable processus de marginalisation, d'autres privilégient l'aspect socialisant de la drogue, constitutif du lien social. Nuancées et porteuses des limites, ces théories contestent la vision caricaturale du drogué prônée par les médias et insistent sur les représentations sociales peu connues que construisent les usagers de drogue eux-mêmes. [...]
[...] Drogue, entre marginalisation et intégration Aujourd'hui, les représentations traditionnelles, circulant notamment dans les médias, décrivent le toxicomane comme quelqu'un en dehors de la société. Durkheim qualifie ces représentations de prénotions -idées préconçues qui rendent des comptes au lieu de rendre compte- et que le sociologue doit combattre. En refusant une approche catégorique du toxicomane, il est intéressant de se demander en quoi la consommation de drogues par un individu entraîne-t-elle un double processus de marginalisation et d'intégration vis-à-vis de la société ? [...]
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