SDF : une formule « fourre-tout »: si le "sigle" SDF est repérable dés le XIXème siècle sur les registres de police, il réapparaît dans les années 80 pour être, aujourd'hui, massivement employé en France pour désigner la population à la bordure de l'exclusion. Le mot intègre les significations de sans-logis (absence de logement), de sans-abri (victime d'une catastrophe), de clochard (figure pittoresque n'appelant pas d'intervention publique structurée), de vagabond (qui fait plutôt peur), ou encore de mendiant (qui sollicite dans l'espace public). Des hommes isolés (les clochards), des familles (les sans-logis de 1954) et des phénomènes assez différents (absence de logement, spectacle de la déréliction dans l'espace public, mendicité, etc.) sont ainsi assemblés dans une même appellation.
Néanmoins, « le terme "sans domicile fixe" relève du vocabulaire de l'exclusion et de l'urgence sociale. Il symbolise les formes extrêmes de la pauvreté et de l'exclusion » .
Le « SDF » aux siècles passés: l'histoire est parsemée de figures représentatives de la grande pauvreté et de l'exclusion : l'indigent, le vagabond, le clochard, le sans abri ou le sans domicile, l'itinérant ou encore le chemineau (celui qui "fait le chemin"), sont les emblèmes historiques de cette frange de la population vivant dans des conditions misérables.
Profondément ancrés dans l'inconscient collectif, ils suscitent « rejet et fascination, crainte et attraction, compassion et culpabilité » . Pourtant « l'homologie » de position entre les SDF d'aujourd'hui et les « inutiles au monde » qu'étaient les vagabonds de la société féodale semble répondre à des bouleversements économiques et sociaux. Pour Robert Castel « ce qui se cristallise à la périphérie de la structure sociale – sur les vagabonds avant la révolution industrielle, sur les « misérables » du XIXe siècle, sur les "exclus" d'aujourd'hui – s'inscrit dans une dynamique sociale globale […] la marginalité [...] trouve son origine dans les structures de base d'une société, l'organisation du travail et le système de valeurs dominantes. Les marginaux paient très cher leur écart, mais constituent en même temps un facteur de changement historique ».
[...] Environ 40% l'ont perdu au cours des 12 derniers mois. Au cours de l'année 2000, ils ont été sans domicile pendant 7 mois en moyenne et ont connu d'autres formes de logement précaire chez des amis, dans la famille, en chambre d'hôtel durant 3 mois. La faiblesse de leur revenu ne leur permet pas d'accéder à un logement indépendant. Le passage par un centre d'hébergement ne prémunit pas nécessairement contre le risque de devoir dormir dehors ultérieurement : ceux qui dormaient à la rue en janvier 2001 avaient fréquenté le dispositif d'hébergement pendant un mois et demi, en moyenne, au cours de l'année précédente, et l'utilisaient à plein temps un an plus tôt. [...]
[...] ] ou des logements précaires. Il les envisage également comme des acteurs sociaux, agissant selon des croyances, effectuant des choix, développant des stratégies à plus ou moins long terme, et ayant des opinions, des idées, des valeurs. Leurs décisions peuvent être mal comprises (par exemple, refuser d'être hébergé dans des structures spécialisées , sans pour autant être irrationnel, le refus peut être motivé par le besoin de préserver sa dignité ou le rejet d'une promiscuité trop douloureusement subie). Par acteur, il faut aussi entendre que le relâchement des liens n'équivaut pas à une situation de mort sociale. [...]
[...] De la Rochère Bernadette, Les sans-domicile ne sont pas coupés de l'emploi INSEE Première, Les résultats présentés sont issus de deux enquêtes : l'enquête auprès des personnes utilisant les services de restauration ou d'hébergement gratuits réalisée par l'Insee du 15 janvier au 15 février 2001 dans les agglomérations de plus de 20000 habitants utilisateurs francophones de services d'hébergement ou de distribution de repas chauds ont été interrogés dont 3525 personnes sans domicile ; l'enquête emploi de mars 2001 auprès des personnes résidant dans un logement ordinaire.150000 individus de 15 ans ou plus ont été interrogés. Pour tenir compte du profil démographique particulier des sans domicile, le champ d'étude a été restreint aux personnes âgées de 18 à moins de 60 ans et les données de l'enquête Emploi ont été standardisées sur le sexe et l'âge. Rapport public thématique sur les personnes sans domicile. Cour des comptes Sources : Rapport public thématique sur les personnes sans domicile. [...]
[...] De la Renaissance et jusqu'au XVIIIe siècle , la pauvreté est perçue comme un désordre: désordre civil que crée la mendicité, désordre moral que créent la paresse et l'oisiveté du mendiant. L'Etat doit alors protéger le reste de la société en cloîtrant les pauvres entre eux. Cette volonté de mettre fin aux désordres et de réorganiser la charité se traduit par la mise au travail systématique des pauvres (une loi est prise en 1535 par le Parlement de Paris, elle contraint au travail les mendiants et elle condamne à la peine de mort les Vagabonds qui refusent de quitter la ville). L'utilité devient un devoir des pauvres. [...]
[...] Cela étant dit, nous pouvons dire qu'aujourd'hui les SDF sont plus considérés comme des citoyens à assister que comme des asociaux à enfermer (même si à des périodes de l'année, en été, des arrêtés municipaux anti- mendicité cherchent à les repousser), et que les dépenses publiques consacrées à l'urgence sociale sont celles qui ont le plus augmenté depuis une vingtaine d'années euros au début des années 80, des centaines de millions aujourd'hui). Néanmoins, l'actualité reste très contrastée, d'un côté on discerne une volonté politique forte, mais sous pression (ex : le droit au logement opposable) d'un autre des expulsions massives font la une des journaux. Et il y a toujours des gens à la rue et des personnes qui meurent de froid chaque hiver. Pour Julien Damon il ne s'agit pas d'un problème de moyens ou de volonté, mais d'un problème d'organisation. [...]
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