« Le crime est normal », écrit Durkheim dans les Règles de la méthode sociologique (1895), cette affirmation peut sembler choquante, pourtant elle doit nous amener à réfléchir sur ce que Durkheim définit comme quelque chose de normal. Le crime est un acte sanctionné par la loi, il est donc rejeté par la société. Le droit fixe en effet les normes juridiques, ces dernières sont partie intégrante des normes sociales. Les normes sont des règles implicites et explicites qui définissent des modalités de conduites orientant le comportement des hommes en société. Les normes ne sont pas analysées de la même façon par les différents courants sociologiques. Nous verrons par la suite comment cela influe sur notre sujet.
Le crime, s'il est sanctionné, représente donc un acte déviant par rapport aux normes juridiques et donc sociales. La déviance désigne des comportements collectifs ou individuels qui transgressent les normes, créant ainsi des dysfonctionnements et donnant lieu à des sanctions. Ce terme angliciste est apparu dans les années 1950 d'abord aux États-Unis puis en Europe à partir des années 1960. Il doit être distingué de notions qui lui sont proches comme la variance.
[...] Durkheim ne bâtit pas à proprement parler de théorie de la déviance, ce terme n'est apparu qu'a partir des années 1960 ; de plus en reliant le droit et la morale, Durkheim refuse d'effectuer la distinction entre la délinquance et la variance que nous avons faite en introduction. La sanction n'est pas différenciée, qu'elle provienne de la société ou du droit, pour autant c'est par rapport à elle que l'on va étudier les normes et la déviance. Les sanctions, qu'elles soient positives ou négatives sont issues des normes. Leur application face à un comportement déviant est la justification de la norme et de son autorité sur les individus. La façon d'exercer les sanctions peut varier en fonction de l'époque et des sociétés, mais dans tous les cas, elle ne peut s'imposer que si les individus d'une société l'acceptent, soit parce qu'ils y voient leur intérêt, soit parce qu'ils ont intériorisé les valeurs et les normes sociales et les considèrent comme légitimes. (...)
[...] Cette typologie est assez large, elle permet donc d'intégrer tous les types de comportements déviants. La théorie de l'anomie de Merton (la comparaison avec le concept d'anomie proposé par Durkheim est sujette à débats) intègre la déviance comme la manifestation majeure des dysfonctionnements sociaux. Il s'agit d'une construction assez cohérente de la sociologie de la déviance du point de vue de la société globale. Dernier échelon de l'analyse d'un point de vue causal et global: les analyses structuralistes et néo-marxistes. [...]
[...] Le contrôle social est toujours celui de la classe (ou l'élite) dominante, nourrissant ainsi des actes de rejets individuels ou collectifs qui forment la déviance. Certains marxistes comme Spitzer vont alors expliquer non seulement pourquoi la société bourgeoise produit de la déviance chez les opprimés, mais aussi présenter comment la déviance peut être considérée comme une forme de disqualification de l'ordre établit et de ses normes. Dans ces analyses, les normes ont une grande importance, mais nous venons de le voir, leur analyse est très différente de celle énoncées précédemment. [...]
[...] Enfin nous étudierons l'exemple du crime. Le rôle de la norme chez Durkheim: Pour Durkheim, le champ normatif est un ensemble structuré et unifié. Il est extérieur aux individus et il s'impose à eux. Les normes pour Durkheim sont centrales, elles sont parties prenante de la morale sociale car, se conduire moralement, c'est agir selon une norme écrit-il dans L'éducation morale (1925). La morale sociale se compose un ensemble de règles définies, ou de manières de faire, d'être en société ou de penser, communément admises par un groupe ou une société donnée La morale sociale, et par conséquent la norme, est donc considérée comme un fait social cela justifie le fait qu'elle soit extérieure et contraignante pour l'individu. [...]
[...] C'est la réaction de la société qui forme la déviance. La déviance doit donc être considérée sous l'angle d'une transaction entre un individu et un groupe social, le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès ».Becker montre dans Outsiders (1963) que la déviance est un processus précis d'interaction et d'étiquetage. Il va même plus loin en introduisant l'idée de carrières déviantes. Il décompose le processus en trois étapes : la première étape est la transgression d'une norme, la seconde est le moment de la désignation publique qui donne un nouveau statut, enfin le troisième moment est l'adhésion au groupe déviant qui va lui donner une nouvelle identité. [...]
[...] Se comporter de la façon dont demande le rôle (père, élève . ) c'est être perçu comme tel. Le rôle d'un individu ne peut pas être séparé de la perception de celui qui reçoit ce rôle. La conception de la norme est donc différente de celle de que nous avons vu précédemment, elle amène a une conception de la déviance assez particulière. Les analyses interactionnistes vont répondre à deux questions que les autres théories ne parvenaient pas à résoudre. La première idée est que la déviance existe à travers la qualification qui en est faite autant qu'à travers les actes déviants. [...]
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