« L'opinion publique est souvent une force politique, et cette force n'est prévue par aucune constitution. » écrivait Alfred Sauvy dans L'opinion publique soulignant ainsi l'importance aujourd'hui de cette entité dans la vie politique de nos démocraties. On peut considérer qu'une opinion est un ensemble d'idées, de représentations qu'un individu se fait sur un sujet. Arbitraire ou compétente, elle est définie comme publique quand elle semble être la représentation de l'opinion additionnée de tous les individus d'une société donnée. Il existe cependant dans la construction de ce terme (dès le XVIIIème siècle) une certaine dichotomie : est-elle l'opinion objective et globale méritant d'être rendue publique ou est-elle seulement l'opinion du plus grand nombre ? Si l'importance et le poids croissant sur la vie politique de l'opinion publique, notamment grâce à l'avènement des sondages d'opinions, est une évolution partagée par l'ensemble des démocraties libérales, cette entité est aussi le fruit d'un système politique et médiatique particulier que constitue la Ve République. Si la France accorde une importance particulière à l'opinion publique, à son étude et à son analyse, c'est en conséquence de son système politique. Il semble ainsi important d'étudier la relation entre le le régime de la Ve République, l'opinion publique et la place de cette dernière dans le jeu politique français.
L'opinion publique est-elle le principal acteur de la vie politique française sous la Ve République ? Lors de quel moment historique de la Ve République a-t-elle connu son avènement ? Sa représentation par les sondages est-elle toujours objective ? Est-elle toujours inintéressée ? (...)
[...] Le sondage est indéniablement un élément extrêmement important dans la vie politique de la Vème République. L'introduction en en 1962 du suffrage universel pour l'élection présidentiel à fait de l'opinion publique et donc des sondages un élément majeure de notre démocratie, alors qu'on en comptait 111 pour la présidentielle on en évalue autour de 260 pour celle de 2007. Le sondage est aujourd'hui un outil utilisé pour chaque thème sociétal, il classe les potentiels candidats en fonction des côtes de popularité et des intentions de vote, ce qui en fait l'obsession des commentateurs politiques, journalistes et politologues. [...]
[...] Ségolène Royale a déclaré que La décision politique sera d'autant plus efficace et fondée qu'elle associera les citoyens. Ils sont les meilleurs experts de ce qui les concerne» faisant ainsi écho au sujet de la démocratie participative et citoyenne assez présent lors de la présidentielle de 2007. Quant à Nicolas Sarkozy s'il a déclaré que la démocratie d'opinion, c'est l'ultime renoncement de la politique non seulement sa pratique d'adaptation aux sondages de popularité et thématiques mais aussi le fait de vouloir faire de la prochaine campagne une forme de référendum démocratique contredisent cette vision de la politique. [...]
[...] L'opinion publique, élément fondamental de la Vème République 1. Les fondements de la Vème République et l'opinion publique De son arrivée au pouvoir à son départ et tout au long de ses mandats, Charles de Gaulle a toujours basé le pouvoir politique sur la légitimité populaire. Son usage répété pour le référendum tout comme l'introduction en 1962 du suffrage universel à l'élection présidentielle, avant d'être des tactiques politiciennes, symbolisent la volonté de dépasser les conflits de partis et de gouverner au contact du peuple et donc selon l'opinion publique. [...]
[...] Loïc Blondiaux a développé une critique méthodologique du sondage d'opinion. Des récentes polémiques, comme le trucage de résultats dans Le Figaro, mettent en avant une instrumentalisation des sondages à des fins politiques. Enfin on constate parfois une surinterprétation voir une fausse interprétation des sondages politiques, en témoigne le tonnerre médiatique qu'a provoqué le sondage donnant Marine Le Pen donnée vainqueur au premier tour Une opinion plus médiatique que publique Les médias fabriquent-ils l'opinion publique ? De nombreux travaux y ont été consacrés dès le fin du XIXème siècle avec les modèles de récepteur passif (ex : Gabriel Tarde, Gustave Le Bon, Serge Tchakhotine) puis des effets limités (ex : Paul Lazarfeld) ou encore une analyse plus tempéré de nos jours (ex : Roland Cayrol). [...]
[...] Il semble ainsi important d'étudier la relation entre le régime de la Ve République, l'opinion publique et la place de cette dernière dans le jeu politique français. L'opinion publique est-elle le principal acteur de la vie politique française sous la Ve République ? Lors de quel moment historique de la Ve République a-t-elle connu son avènement ? Sa représentation par les sondages est-elle toujours objective ? Est-elle toujours inintéressée ? Nous verrons dans un premier temps que l'opinion publique est une donnée essentielle dans le début historique et dans les fondamentaux de la Vème République. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture