"La valeur d'un être humain se mesure aujourd'hui par son efficacité économique et son potentiel érotique." Cette phrase tirée du Roman/Essai de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, résume à elle toute seule la tendance moraliste de notre société et la dynamique à l'oeuvre dans les discothèques.
Au sein de la société coexistent deux types de pouvoir : le pouvoir issu du capital (le pouvoir économique) et le pouvoir issu du capital physique (le pouvoir érotique). Si le capital économique semble encore constituer le capital le plus prisé (et majoritairement détenu par les hommes d'où une indignation de la part du mouvement féministe qui stigmatise une inégalité sexuelle manifeste), l'importance du pouvoir érotique n'est pas à sous-estimer. Il devient de plus en plus un des fer de lance de nos sociétés. La discothèque constitue à cet égard le lieu où s'exprime le mieux cette tendance d'où une valorisation accrue de ceux qui détiennent ce type de capital très en vogue : les jeunes filles (...)
[...] Mais que serait la discothèque sans Disc-jockey Il est le garant de l'ambiance au sein de la boîte et donc de sa réputation. Les morceaux qu'il choisi sont gages de popularité ou d'impopularité. Selon les clubs, le type de musique varie mais au sein des discothèque observées (les plus représentatives) le type de musique dominante reste la dance, l'electro, le groove ou encore le RNB ou des chansons pop des morceaux propices à l'expression corporelle. L'ambiance d'une discothèque est également en grande partie dépendante de l'éclairage, minimisé afin de créer une ambiance la plus intimiste possible, propice aux rapprochements. [...]
[...] On peut alors considérer l'univers de la discothèque comme un champ à part entière dans la société globale : espace social métaphorique, relationnel et concurrentiel où s'exerce une force, c'est-à- dire une modalité spécifique d'accumulation et de circulation de pouvoir(s), distribuant et discriminant un ensemble de positions qui contribuent à leur tour à instituer et à modifier ce champ selon la définition d'un dictionnaire sociologique qui se respecte. Avec la boîte, on est donc en présence d'un espace social régenté par des relations de pouvoir que nous allons expliciter par la suite et dont le capital[9] requis serait celui du capital érotique qu'on appelle encore physique La tendance naturelle à la séduction et à l'attrait sexuel chez les femmes comme nous l'avons vu plus haut, place les femmes en haut du pavé et leur octroie un pouvoir non négligeable dans cette petite société que constitue la discothèque Au-delà d'une simple opposition homme/femme, la dictature du paraître comme nous l'appelons nous invite à penser une lutte en terme plus généraux de Beaux/laids Le décor désormais planté, nous pouvons rentrer dans le cœur du sujet et analyser les ressorts II] Les zones de pouvoir et d'influence Le pouvoir est la faculté et la possibilité dont un ou plusieurs individus ou groupes d'individus disposent pour appliquer, faire accepter, faire exécuter ou imposer des décisions d'ordre physique, moral, intellectuel ou psychologique, à un ou plusieurs individus ou groupes d'individus Si l'on découpe la discothèque en autant de zones, on assiste à l'exercice d'une forme de pouvoir sur chacune de ces zones de la part de la gente féminine. [...]
[...] La coquette peut aller jusqu'à détourner son attention de l'homme qu'elle souhaite séduire pour la donner à un autre homme. La coquetterie, c'est donc l'art d'éveiller le désir en maniant à la perfection l'articulation entre le moment de l'acceptation et celui du refus, en préservant le jeu instable entre le oui et le non [p. 128]. Dès lors que le jeu s'arrête, que l'un des deux moments l'emporte sur l'autre, la coquette cesse de séduire. Le regard en face, par exemple, ne possède jamais précisément ce trait spécifique de la coquetterie La femme n'ayant pas par son corps le même désir de pénétrer l'objet, sa volonté d'analyse (pénétration sublimée) est forcément moindre que chez l'homme [ l'indétermination de son désir opposant le flou du peut-être (espace de la séduction et ressort sentimentaliste de toute dramaturgie féminine) au dualisme exclusif oui/non du désir masculin (et ses corollaires : vrai/faux, bien/mal Les filles font des premiers pas déguisés, c'est pas toujours facile à repérer mais bon ‘faut lire entre les lignes dixit Jeremy C'est pas à la fille d'aborder (Marion) Girl it's job (Kévin) Plus malicieuse et plus attentiste serait donc la stratégie de séduction des jeunes filles qui choisissent de laisser planer le mystère, préférant intriguer plutôt que de dévoiler bêtement la platitude ou la bassesse de leurs aspirations Cette stratégie aurait donc pour fondement de rester magique au cœur de l'homme, à demeurer dans l'inexplicable et l'inexpliqué Dans la pratique la séduction féminine consisterait à effectuer des Premiers pas déguisés (Regards ambigus, rapprochements progressifs), attitude qui nous est révélée par l'enquête sur les rituels de drague impartis à chaque sexe dans la partie II de ce présent travail. [...]
[...] Au-delà de ces considérations la danse, plus qu'affaire d'exutoire aurait conquis la population féminine dans le sens ou elle leur permet de faire valoir leur atout charme et d'exprimer leur valeur érotique. Pour reprendre notre analyse en terme de champ la danse constituerait le mode opératoire, par lequel le capital érotique s'exprime. Loin encore d'occulter le fait qu'ici bas la danse peut être pratiqué par plaisir et par sensibilité artistique, nous postulons qu'au-delà de ces motifs primaires et officiels, la danse constitue un enjeu de taille en discothèque. [...]
[...] Rappelons que l'univers de la discothèque peut se concevoir en terme de champ arène d'une lutte sociale impitoyable Le deuxième motif, d'ordre plus intuitif, serait la nécessité pour la gente féminine d'évaluer son potentiel érotique dans un univers qui, rappelons-le, reconnaît et valorise le pouvoir érotique. Plus que susciter le désir auprès de la gente masculine, une grande partie des jeunes filles ressentirait un besoin de se rassurer et de vérifier si le capital érotique, source de pouvoir, est possédé avec plus ou moins d' ampleur. Ainsi, les nombreuses tentatives de séduction dont elles font l'objet peuvent apparaître comme d'autant de médailles et de lignes qui remplissent le tableau de chasse. [...]
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