L'attention de la sociologie politique pour le militantisme est assez récente et ne s'est focalisée longtemps que sur deux terrains. Elle a tout d'abord délaissé le militantisme associatif ne s'intéressant qu'aux partis politiques, comme si eux seuls suffisaient à expliquer le phénomène militant. Ensuite, elle a pendant longtemps porté son attention sur la mise en valeur de certains déterminants sociaux comme le statut social, la socialisation familiale.
C'est-à-dire que la sociologie à chercher à cloisonner les raisons du militantisme. Mais cette vision un peu réductrice ne laissent entrevoir qu'une partie des véritables motivations du militant. De plus, replacer l'individu au centre des mouvements sociaux est apparu assez tardivement dans la sociologie politique. Les approches plus récentes elles, privilégient l'individu, et ne font plus la différence entre les militants d'associations, de partis politiques, ce qui permet de s'intéresser véritablement aux raisons de l'engagement militant.
Le nombre de militants en France est plutôt restreint : même si on ne connaît que le nombre d'adhérent des partis politiques et des syndicats (8% des salariés sont syndiqués en France) être militant n'est pas chose commune. En effet, être militant c'est consacrer son temps, son énergie, son savoir, son expérience, ses compétences, à une organisation sociale. Cet engagement, ce dévouement, ce don de soi en quelque sorte peut se faire au détriment de son travail, de son temps de loisir.
Dans ce cas-là, qu'est ce qui pousse l'individu à devenir militant ? Qu'a-t-il à y gagner ? Le militantisme peut-il s'expliquer par des prédispositions sociales, des idéologies ou est-il un choix réfléchi de l'acteur ? Quelle est la part de la subjectivité dans le devenir militant ? Existe-t-il un ou des profils types du militant ? Y a-t-il des intérêts à devenir militants, si ou lesquels ? Devient-on militant par intéressement ou par des raisons qui dépassent le simple choix individuel ? Au final et ce sera notre problématique : quelle est la part de la décision laissée à l'acteur dans le militantisme ?
[...] Par exemple, les partis politiques vont offrir des postes rémunérés à leurs militants. Ces rétributions existent et peuvent par exemple être : agence de presse, secrétaire, poste de trésoriers. Certains militants deviennent des journalistes du parti, des économistes mêmes du parti, et trouvent grâce aux partis politiques, une carrière qu'ils n'auraient peut être pas eu au niveau universitaire. On retrouve les mêmes types d'emploi dans le domaine associatif. Si l'on reprend la terminologie de Weber on peut dire qu'être militant permet de vivre de la politique. [...]
[...] Ces deux options doivent être prises parmi la diversité des organisations sociales et parmi les différentes figures des militants. Conclusion Devenir militant est donc le fruit d'un ensemble de prédispositions et de rencontres sur lesquelles l'individu n'a pas vraiment d'emprise. Mais le militantisme n'est pas mécanique : s'engager relève aussi du choix rationnel de l'acteur, motivé par des rétributions matérielles et symboliques. Le sentiment d'appartenance à un mouvement participe également à une forme de construction identitaire, essentielle pour l'individu. Pour Daniel Gaxie, ces motivations sont inconsciemment occultées par l'acteur qui préfère se créer une idéologie, une cause à défendre et vivre son adhésion comme un engagement politique désintéressé. [...]
[...] ( Il est important également de souligner les nombreuses actions de recrutement menées par les organisations militantes. L'individu est confronté très régulièrement à la possibilité de s'engager, que ce soit au sein d'une entreprise (mouvements syndicaux), dans son univers étudiant, etc. Pour preuve, un article sur le site www.politique.net, daté du 12 septembre 2008 : Le président de la République, qui veille de près sur l'UMP, a demandé aux Jeunes du parti ("les Jeunes Pop") de recruter de nouveaux militants en allant les chercher . [...]
[...] Ils sont sollicités de participer à certaines activités. C'est au cours de cette participation que les individus récemment militants découvriraient la raison de leur engagement, leurs réelles motivations pour continuer. ( Pour l'auteur, les individus convertis au militantisme cherchent dans leur biographie des éléments explicatifs. Ils découvrent après coup dans leur propre histoire, les raisons de leur engagement. Il s'agit donc d'une construction. La notion d'idéologie en elle-même serait une notion mal maîtrisée par les militants, surtout ceux issus de milieux défavorisés. [...]
[...] Dans ces données biographiques, l'importance du réseau social apparaît. Des impératifs relationnels qui relèguent la question de l'idéologie au second plan En plus des ressources économiques et du rôle de la famille dans la politisation d'un individu, l'accès à des réseaux sociaux apparaît comme primordial pour devenir militant, quitte à oublier souvent le rôle de l'idéologie. L'existence d'un capital relationnel s'avère indispensable . ( Dans Sociologie des mouvements sociaux le sociologue Erik Neveu présente les travaux de McAdam (1988). Celui-ci met en avant trois variables pour expliquer l'importance du paramètre psychoaffectif de l'engagement. [...]
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