Il faut d'emblée dire que l'établissement d'une chronologie de la naissance et de l'évolution de l'ethnologie n'a pas grande signification puisque le phénomène est pluriel et renvoie à une série d'histoires particulières et d'objets distincts. Le terme d'ethnologie naît de manière tardive au XVIIIème siècle dans des acceptions relativement floues. C'est pourquoi il convient avant tout de l'appréhender dans sa définition actuelle. L'ethnologie consiste donc en une étude méthodique des groupements humains définis par leur appartenance génétique et leur culture. C'est une composante de l'anthropologie qui regroupe l'ensemble des sciences qui étudient l'homme sous l'angle physique, social ou culturel.
L'enjeu est donc de comprendre le processus par lequel l'européen est passé de ce « sentiment d'étrangeté radicale » (Tzvetan Todorov) né de la découverte d'une humanité différente à l'objectivation de l'Autre et à la relativisation de ses propres valeurs, postulats de toutes sciences ethnologiques. Quelles ont été les avancées et les limites de cet effort intellectuel ?
[...] Autre limite d'importance, la prise en compte du passé des peuples indiens va à l'encontre d'intérêts. Sahagun est suspecté de manquement à l'orthodoxie et doit se justifier auprès du pape Pie V. En 1577, Philippe II interdit les recherches sur les civilisations indiennes. L'ouvrage de Sahagun est confisqué. Il n'y eut donc pas de réelle suite au mouvement lancé par le franciscain. Enfin, le caractère religieux entraîne une exclusion de certains thèmes qui occuperont une place importante dans l'ethnologie plus récente comme les pratiques sexuelles. UN APPORT ETHNOGRAPHIQUE CONSIDERABLE. [...]
[...] Par eux, il a conscience des dissensions entre les différents peuples et de la valeur du symbolique. Sa volonté de comprendre est indéniablement une des explications majeures de la chute finale de l'Empire Aztèque. Cette compréhension débouche toutefois sur la destruction. Si Cortès admire, par exemple, les productions aztèques, il ne fait pas des aztèques des sujets à part entière mais il tend à les réduire au rôle de producteur. Cette absence de reconnaissance pleine de l'Autre comme sujet est à l'origine de l'exploitation. Le savoir est alors subordonné au pouvoir. [...]
[...] Ainsi, Sahagun, s'il met bien en évidence la complexité des croyances indigènes, cherche avant tout les rapprochements avec le christianisme : un rite autour des nouveaux-nés est considéré comme une forme de baptême, un dieu (Huizilipochtli) est rapproché de Jésus, un autre rituel est considéré comme une forme de confession. Cela perturbe alors la scientificité de la démarche car les interprétations produites en deviennent aberrantes. Sahagun en vient à se demander si les indiens sont les descendants des tribus perdues d'Israël. Il s'agit pour les missionnaires de justifier à tout prix la différence en ayant recours à de vieux mythes comme ces tribus perdues d'Israël ou celui d'une christianisation ancienne oubliée ou altérée. [...]
[...] Dans quelle mesure ont-ils permis de parvenir à une meilleure connaissance de l'autre ? 2-1-LA NECESSITE D'UNE PARTICIPATION OBSERVANTE Pour parvenir à leur fin, les franciscains, jésuites, dominicains et autre augustins doivent comprendre la culture de leurs cibles afin de trouver le meilleur angle de pénétration pour la diffusion du christianisme. L'élément primordial est évidemment la langue, vecteur de la transmission religieuse. Les missionnaires vont jouer un rôle important dans la connaissance des langues autochtones en les convertissant en écriture. [...]
[...] L'ethnologue est d'abord un érudit et non pas un explorateur. Cela rejoint une seconde limite qui est l'inclusion du discours ethnologique dans le discours philosophique. L'écueil réside alors dans l'exploitation idéologique de l'ethnologie qui est double : critique radicale de la civilisation sous la plume de Rousseau et au contraire exaltation de la notion de civilisation avec les économistes britanniques comme Adam Smith. On peut également se demander si les Lumières ne s'inscrivent pas plus dans une démarche historique qu'ethnologique par l'historisation des sauvages qui deviennent des primitifs. [...]
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