Le désir de tuer musique et violence en Éthiopie du Nord, Morand Katell, 2017, ethnologie, sociologie comparative, tradition du banditisme, conflits quotidiens, pratiques musicales, région Amhara, musique qärärto
Katell Morand, ethnomusicologue, s'intéresse à l'esthétisme musical, mais aussi aux pratiques musicales et aux enjeux musicaux d'un groupe social. Ses études sont menées à bien par la méthode ethnographique et donc par une étude en profondeur d'une société donnée. L'article Le désir de tuer ne faisant pas exception, c'est par cette perspective-là que K. Morand se rend dans les hauts-plateaux en Éthiopie depuis une quinzaine d'années dans la région Amhara, qui est une société agricole mixte, avec l'idée d'y étudier les pratiques musicales. Mais la réalité et le contexte du terrain vont très vite l'amener à s'intéresser à la dualité musique-violence. "Le désir de tuer" est donc un article scientifique qui vise une analyse et une compréhension du croisement entre pratiques musicales et violences quotidiennes.
[...] Cette complexité et cette compétition agraire expliquent cette violence omniprésente qui se traduit, d'une part, par la révolte des amharas contre le pouvoir dignitaire qui octroie des parcelles à une certaine élite, et d'autre part, la rivalité inter cognatique. Pendant son enquête empirique et qualitative, elle comprit alors, que la matière même de la musique avait avoir avec les conflits qui étaient en train de se passer. Le 1er indice qui lui fit comprendre de quoi il se jouait, fut ce sentiment d'omerta autour du chant, car les habitants ne voulaient pas que l'ethnomusicologue dévoile leurs chants aux autres, mais en même temps ils voulaient savoir ce que les autres chantaient. [...]
[...] Musique et violence en Éthiopie du Nord - Morand Katell (2017) Morand Katell, « Le désir de tuer », Paris, Terrain : 88- octobre 2017 I. L'ouvrage Katell Morand, ethnomusicologue, s'intéresse à l'esthétisme musical, mais aussi aux pratiques musicales et aux enjeux musicaux d'un groupe social. Ses études sont menées à bien par la méthode ethnographique et donc par une étude en profondeur d'une société donnée. L'article « Le désir de tuer » ne faisant pas exception, c'est par cette perspective-là que K. Morand se rend dans les hauts-plateaux en Éthiopie depuis une quinzaine d'années dans la région Amhara, qui est une société agricole mixte, avec l'idée d'y étudier les pratiques musicales. [...]
[...] L'analyse que fait K. Morand est finalement une démonstration de l'altérité dans les pratiques musicales, et pour l'évoquer, il est indispensable de se décentrer de nos propres repères musicaux tels nous les concevons dans notre société. La musique qärärto n'adoucit pas les mœurs, elle est attachée à ce qu'il y a de plus brutal dans la vie des amharas, finalement à la vérité de leur quotidien. [...]
[...] Le chant joue donc un grand rôle sur l'état émotionnel du chanteur, mais aussi sur celui de ces auditeurs. Face à la parole de tous les jours qui est considérée comme fausse, menteuse ou hypocrite, celle du chant est vraie et juste, de fait elle peut impliquer un dérapage, si elle est chantée en public, puisqu'elle est vraie. Conclusion Le chant est réellement partie prenante dans ces conflits quotidiens. Les pratiques musicales de la région Amhara sont un va-et-vient entre l'intime et le public qui vont nourrir et sédimenter les colères et les conflits, par des chants de colère, d'insultes. [...]
[...] C'est quoi ce chant ? demanda-t-elle à ce jeune garçon. « Bah ce chant, c'est mon frère mort qui me l'avait chanté et quand je le chante, j'ai l'impression de le voir devant moi. ». Elle fera ensuite l'erreur d'en parler à son hôtesse, ce fut un choc, une stupéfaction pour toute la famille. Après le choc, sa famille d'accueil a commencé à lui expliquer, que si ce jeune garçon continuait de chanter sa colère, il pourrait avoir envie de passer à l'acte une fois adulte, en tuant par exemple le fils du meurtrier. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture