Culture et école sont intimement liées. Emile Durkheim attribuait à l'école un rôle de socialisation primaire ; pour lui l'école, mieux que la famille, transmet à l'enfant les "états physiques, intellectuels et moraux" que la société attend de lui. Ce faisant l'école est un vecteur de transmission de la "culture" de la société dans laquelle elle s'inscrit, "culture" que l'on définit ici au sens que lui donne l'anthropologie culturelle. Celle-ci comprend la culture au sens large de "civilisation" : "La culture , ou la civilisation, prise en un sens ethnographique large, est cet ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l'art, la morale, les coutumes et toutes les autres attitudes et habitudes qu'acquiert l'homme en tant que membre d'une société". L'école, à travers sa fonction éducative, transmet des aspects de la civilisation, ceux que la société souhaite transmettre. elle transmet à la fois des manières d'être, de penser et d'agir, par la contrainte physique et morale qu'elle exerce sur les individus socialisés en devenir ; et certains pans de la "culture légitime" qui sont sélectionnés et intégrés aux programmes scolaires. La notion de "culture légitime" est plus restrictive que la notion de culture au sens de l'anthropologie culturelle. Notion développée par Pierre Bourdieu, on se concentre ici sur les oeuvres de l'esprit et plus particulièrement sur celles qui sont consacrées par la classe dominante. L'école est censée pouvoir offrir à tous l'accès à ces biens culturels, l'égalité d'accès à la culture étant un enjeu de poids en régime démocratique. La société démocratique suppose en effet aujourd'hui et à l'encontre de la société d'Ancien Régime, que les individus aient un égal aux savoirs, aux oeuvres culturelles, et aux promotions sociales via la réussite des individus dans le système scolaire. Mais l'effectivité de la démocratisation de l'enseignement, comme celle de la culture, reste une question débattue. En effet, si tous les individus ont le même droit à l'éducation, si tous les individus sont autorisés à fréquenter les musées et les cinémas, de fait, on constate des trajectoires et des comportements différenciés en fonction des classes sociales.
Dans L'amour de l'art. Les musées d'art européen et leur public (1969) P. Bourdieu et Alain Darbel font le constat suivant : alors que les musées sont ouverts à tous et que l'entrée est peu coûteuse, ce sont avant tout les classes supérieures qui les fréquentent (...)
[...] au niveau du baccalauréat, on voit par un calcul élémentaire que, très long terme, le taux de fréquentation global des Français s'accroitrait de 150% L'évolution du système scolaire va dans le sens de ce que Bourdieu décrit. Pourtant aujourd'hui encore, on constate des pratiques culturelles différenciées selon les classes. III Diffusion ou démocratisation ? A - La plus large diffusion de l'enseignement depuis les années 1960 Un des évènements marquants de la 5ième république est la scolarisation complète des 11-17 ans. En effet dans la période 1960-2008, l'enseignement secondaire s'est massifié en s'ouvrant de nouveaux publics. L'accroissement soutenu des capacités d'accueil a favorisé la croissance continu du taux de scolarisation. [...]
[...] Pour Prost la démocratisation ainsi entendue ne supprime pas les inégalités, elle les déplace seulement Car si plus d'élèves ont accès au baccalauréat, ils n'ont pas nécessairement le même baccalauréat, n'ont pas les mêmes destins dans le supérieur et n'ont pas suivis les mêmes enseignements. Les inégalités scolaires se traduisent dans des jeux de filières et de trajectoires plus compliquées retracer mais sont néanmoins toujours existantes. Tous les diplômes n'ont pas la même valeur culturelle, la culture savante est beaucoup plus présente dans un baccalauréat général que dans un baccalauréat professionnel. Il y a eu massification de l'enseignement plus que démocratisation. [...]
[...] L'effet de la massification de l'enseignement sur la culture Mesurer l'impact de la massification de l'enseignement sur les pratiques culturelles n'est pas chose aisée. Les données de l'enquête de 1997 sur les pratiques culturelles montrent une forte corrélation entre le niveau de diplômes et la propension aux sorties culturelles. L'enquête de 2008 révèle cette même corrélation Le rapport entre le niveau de diplôme et la fréquentation des équipements culturels n'a rien perdu de sa force en dépit de la massification scolaire, [ . [...]
[...] Cependant dans la période contemporaine, le constat opéré́ par Bourdieu et Passeron sur les inégalités scolaires ne peut pas être repris. Il y a eu une croissance forte des effectifs dans le supérieur : entre 1960 et 2008, ses effectifs ont été́ multipliés par sept. Le temps de scolarisation d'une génération s'est allongé. Puisque l'école valorise la culture, et que le temps de scolarisation s'est allongé, on devrait pouvoir déduire qu'il y a eu depuis cette période une démocratisation de la culture, puisque l'école forme le public de la culture. [...]
[...] Mais l'effectivité́ de la démocratisation de l'enseignement, comme celle de la culture, reste une question débattue. En effet, si tous les individus ont le même droit l'éducation, si tous les individus sont autorisés fréquenter les musées et les cinémas, de fait, on constate des trajectoires et des comportements différenciés en fonction des classes sociales. Dans L'amour de l'art. Les musées d'art européen et leur public (1969) P. Bourdieu et Alain Darbel font le constat suivant : alors que les musées sont ouverts tous et que l'entrée est peu coûteuse, ce sont avant tout les classes supérieures qui les fréquentent : [ . [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture