Le comportement électoral s'étudie en fonction d'un certain nombre de variables : l'âge, le sexe, la localisation géographique («le granit vote à droite, le calcaire vote à gauche » selon André Siegfried), la religion et enfin l'appartenance sociale. Nous avons choisi de nous intéresser à cette dernière variable spécifique parce qu'elle nous semble être la plus problématique de par son caractère abstrait et ses contours malléables. En effet, le cadre strict du sexe ou l'âge ne peut pas être contesté, seul peut être remis en question leur pouvoir d'influence décisive sur le vote - en ce qui concerne l'appartenance sociale la controverse se pose à la fois sur la subjectivité du critère et sur une corrélation selon laquelle le vote lui est lié. Entrent, également, en jeu des influences plus aléatoires en fonction de la conjoncture (évolution des mœurs sous l'effet du progrès, la déception envers un parti politique en une période précise...).
L'appartenance sociale qui se définit à travers plusieurs critères, semble toutefois décisive dans le choix d'adhésion à un parti politique ainsi l'analyse des électeurs en fonction de la catégorie sociale permet de tracer de grandes tendances à qui l'on peut prêter une certaine fiabilité. Voter, c'est la forme minimale de l'intérêt d'une femme ou d'un homme dans la vie politique de son pays et c'est l'acte qui permet l'expression des opinions et des préférences politiques du citoyen. Voter exige un engagement, certes moindre que le fait de militer, mais demande toutefois de s'investir et avoir son avis sur la politique, c'est aussi confronter son point de vue avec celui de l'ensemble de ses concitoyens sur des choses diverses qu'elles soient du domaine politique économique ou social. D'ailleurs l'opinion sur la vie politique de son pays est un sujet de conversation courant, une discussion familiale, un entretien banal avec son voisin peut appeler chacun à défendre son idée de la politique (thème évocateur du dessin de Caran d'Ache du pugilat familial sur l'affaire Dreyfus). Il est indéniable que l'appartenance sociale interfère la pratique civique, en effet de part son vote le citoyen émet une opinion mais aussi il donne une idée de la société de son pays, en cela nous pouvons déclarer que quand un citoyen se déplace devant les urnes c'est une partie de lui-même qu'il donne par l'intermédiaire de sa voix. De plus le fait de voter permet de comprendre quelle est sa position sociologico-politique par rapport à son vote et le vote de la majorité des citoyens.
[...] L'école de Columbia a permis notamment l'édiction de prédictions de vote à la veille des scrutins. Le statut socio-économique a ainsi été désigné comme l'un de trois critères déterminants du vote : les études de Lazarsfeld ont montré que le vote en faveur de Républicains croissait régulièrement avec le niveau social dans les années 1940 et inversement; cependant après plus de cinquante ans de vie politique aux Etats-Unis il faut nuancer car la structure de la société américaine a fortement changé et les partis ont désormais pris de nouvelles perspectives. [...]
[...] Par la fierté du dur labeur accompli par le père ou la mère travaillant à l'usine ou en tant que subalterne dans un bureau, les enfants adultes promus socialement conservent les principes d'acharnement au travail accompli de manière consciencieuse. Mais, retenons toutefois que la promotion intergénérationnelle est certainement une des causes de la mutation d'un sentiment d'appartenance sociale d'une profession à un type de groupes de connotation économique : classes favorisées, classes moyennes, classes défavorisées. B4- Les revenus et la possession patrimoniale viennent-ils se substituer à la conscience d'appartenir à une classe et ainsi valoriser une hiérarchie en termes de grands ensembles de classes ? [...]
[...] Ils mettent donc au point un modèle d'explication différent que l'on nommera «Paradigme de Michigan Le comportement électoral est analysé comme la résultante d'un champ de forces psychologiques qu'ils mesurent le plus près possible de l'élection considérée. Il faut d'abord évaluer l'orientation et l'intensité des attitudes politiques des électeurs par rapport à de divers objets politiques. L'université du Michigan met en avant le phénomène d'identification partisane comme attachement affectif et durable, néanmoins elle indique que ce n'est pas le seul facteur qui détermine les attitudes politiques des électeurs. Chaque scrutin est original et il faut prendre en compte le contexte de chaque élection, sa nature, ses enjeux et les candidats qui s'y présentent. [...]
[...] Selon Lazarsfeld, on vote comme sa famille, comme ses voisins, comme ses collègues. La tendance est à l'homogénéité politique des groupes sociaux. Les personnes ayant répondu à notre questionnaire confirment d'ailleurs cette réflexion : à la question Si vous étiez dans une autre situation sociale voteriez-vous différemment ? la majorité a répondu oui. La situation sociale, la culture, l'héritage parental et l'éducation au sein de la famille sont déterminants, cependant les personnes se situant dans les couches moyennes pensent que le changement d'opinion serait plus la résultante de l'instruction par la scolarisation. [...]
[...] C3- La recherche d'une troisième issue d'explication : le modèle du choix rationnel. Un électeur rationnel lorsqu'il fait preuve d'irrationalité apparente ? Dans les années 1960, V.O. Key stigmatisait dans une œuvre intitulée The responsible Electorate l'image d'un électorat passif ne pouvant se défaire de la «camisole de force» des déterminants sociaux ou psychologiques. Dans The Changing American Voter, des chercheurs d'Harvard évoquent un phénomène de «vote sur enjeux c'est-à-dire un choix de candidats non pas par rapport à des critères partisans mais en une croyance dans des mêmes enjeux pour la société (le tableau 3 nous montre par le biais de l'analyse des trajectoires électorales que les thèmes de société sont déterminants dans le choix du vote il y a bien préférence d'un parti motivée par la concordance entre les vues de ce parti en matière de grandes thématiques et ses propres vues). [...]
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