Nous avons à mettre en rapport l'extrait du texte de J.-C. Kaufmann tiré de La trame conjugale. Analyse du couple par son linge et celui de T. Liebes, tiré de « “Serais-je belle, serais-je riche ? ” Images culturelles de la réussite chez les adolescentes ». J.-C. Kaufmann est un sociologue qui étudie la vie quotidienne du couple en s'intéressant aux détails qui l'organisent ou la désorganisent. Dans l'extrait dont nous disposons, il est question du « piège » dans lequel la femme s'enferme entre la représentation d'un idéal égalitaire et la réalité de ses gestes. T. Liebes porte un regard critique sur les formes de dominations culturelles au sein de la culture de masse. Dans l'extrait dont nous disposons, elle expose l'idée que les jeunes filles sont restreintes quant au choix de leur identité personnelle, en tant que femme.
[...] En effet, les rôles sociaux étaient fabriqués par la société : les femmes pouvaient vivre la situation plus ou moins bien, mais quoi qu'il en soit elles ne pouvaient pas être en conflit avec elles-mêmes. Elles savaient que ce n'était pas elles qui contrôlaient, elles n'avaient donc pas de conflit interne à ce niveau là. Les femmes (plus particulièrement les femmes du texte de Kaufmann) sont en conflit avec elles-mêmes puisque les rôles sociaux ne sont plus fabriqués par la société mais par les individus. [...]
[...] Or, cette réussite par la célébrité sous-entend la négation de tout accomplissement personnel : or c'est ce à quoi la plupart d'entre elles aspirent. De ce fait la plupart des jeunes filles sont réticentes quant à ce modèle de réussite, bien qu'elles l'acceptent puisqu'elles pensent qu'il s'agit de la norme. Cette norme de réussite les considère non plus comme des sujets mais comme des objets. Ainsi, les femmes du texte de Kaufmann et les jeunes filles du texte de Liebes connaissent une division interne. [...]
[...] Les femmes du texte de Kaufmann ont en quelque sorte honte de trahir les femmes en ne respectant pas l'idéal égalitaire. Pour une femme, dans une société qui se dit égalitaire, avouer qu'elle ne parvient pas à appliquer cette égalité est paradoxale puisqu'elle est censée y arriver sans problème. Les femmes dans cette situation sont nombreuses et souffrent de ne pas parvenir à appliquer une égalité qui est pourtant, d'après elles, acquise. C'est le même cas pour les jeunes filles du texte de Liebes : elles perçoivent une idée qu'elles ne partagent pas mais qu'elles ressentent comme dominante et comme étant partagée par l'ensemble des autres jeunes filles. [...]
[...] Ainsi le mouvement féministe repris par les médias transforme la femme en femme- objet : ce qui est contraire aux idées féministes, mais qui est dissimulé par l'ascension sociale de la célébrité. Les femmes et les jeunes filles en viennent ainsi à penser, par le silence coupable des femmes et les médias pour les jeunes filles, qu'elles sont minoritaires. Elles finissent donc pour rentrer dans le moule qu'elles considèrent être celui des femmes, par s'abstenir de s'exprimer. Ainsi l'opinion qu'elles supposaient déjà comme étant majoritaire, s'exprime le plus et ressort encore plus comme étant majoritaire. [...]
[...] Elles finissent donc par se sentir responsable et se laissent submerger et maitriser par le piège Les femmes du texte de Kaufmann ont l'illusion d'avoir fait un choix : elles finissent par se persuader qu'elles ont totalement maitrisées la situation. Elles font cela afin de faciliter les gestes et le quotidien. Elles préfèrent croire qu'elles sont en accord avec la situation plutôt que de reconnaitre le piège qui s'est refermé sur elles, malgré elles. Elles ne se rendent pas compte, ou ne veulent pas se rendre compte qu'elles agissent selon la norme implicite qui conserve une part d'infériorité aux femmes et non selon leur propre volonté. [...]
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