Le présent travail se propose de comprendre en quoi il existe un lien entre l'émergence de la technique (qui véhicule une certaine rationalité instrumentale - paradigme techno-scientifique) et une certaine figure d'autorité dans nos sociétés néo-libérales.
Il s'agira donc dans un premier temps d'aborder ces modifications sociétales à partir de l'observation des changements qui sont survenus et surviennent dans les procédés de surveillance ou contrôle social des comportements individuels et, cela, plus spécifiquement dans le champ pénal tel qu'il est abordé par P. Robert dans son ouvrage Le crime, le citoyen et l'Etat. Dans un deuxième temps, il s'agira d'évaluer en quoi ces changements sociétaux, dans le champ pénal, déterminent l'émergence d'une société sécuritaire et technicisée. Dans un troisième temps, il sera proposé d'analyser en quoi la technique s'est imposée comme idéologie, en référence à J. Habermas. En conséquence, à partir de ces considérations sur la « technique », j'aborderais la place de cette dernière dans le système démocratique afin d'évaluer en quoi une démocratie réflexive peut venir nourrir nos démocraties délégatives menacées par une logique instrumentale. Enfin, pour terminer, je m'attarderais sur l'idée que l'introduction d'une plus grande réflexivité dans le système et dans le monde vécu des individus n'est pas synonyme d'une perte d'autorité mais vient plutôt « penser » cette dernière de manière différente, plus en phase avec notre temps.
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Afin d'aborder au mieux l'objet de ce travail, arrêtons-nous, cependant, sur quelques prémisses conceptuelles. Identifions ce qui est entendu, ici, par technique/technologie et autorité.
Premièrement, la technique, du grec « tekhne », renvoie à l'art et à toute activité utilitaire. Mais rapidement, la technique ne comprendra plus que les pratiques utilitaires. Le terme technologie quant à lui émerge plus tard et désigne alors l'étude des techniques. On peut aussi, comme le fait A. Ceyhan, se rapporter au concept de dispositif développé par Foucault et Deleuze compris comme un « ensemble constitué par des relations entre divers éléments hétérogènes mais néanmoins connectés (...) qui modélisent le comportement des individus ». Ainsi, comme ils le soulignent, la technologie ne peut être réduite à un dispositif technique, scientifique et symbolique puisqu'elle dépend également du contexte dans lequel elle se produit (contexte d'incertitude généré par nos sociétés post modernes) (...)
[...] Enfin, pour terminer, je m'attarderais sur l'idée que l'introduction d'une plus grande réflexivité dans le système et dans le monde vécu des individus n'est pas synonyme d'une perte d'autorité mais vient plutôt penser cette dernière de manière différente, plus en phase avec notre temps. Précisions conceptuelles Afin d'aborder au mieux l'objet de ce travail, arrêtons-nous, cependant, sur quelques prémisses conceptuelles. Identifions ce qui est entendu, ici, par technique/technologie et autorité. Premièrement, la technique, du grec tekhne renvoie à l'art et à toute activité utilitaire[1]. [...]
[...] Idéologie qui renvoie à toutes représentations s'imposant à la conscience des hommes. Le savoir technique fonctionne donc comme une idéologie qui vient légitimer les rapports sociaux capitalistes. L'activité rationnelle par rapport à une fin est en vertu de sa structure même l'exercice d'un contrôle En cela, affirme Habermas, la rationalisation des conditions d'existence est synonyme de domination, domination qui n'est donc plus synonyme d'exploitation ou de répression mais de rationalité. Ainsi, la domination disparaît dans la conscience des individus parce qu'elle est légitimée de manière nouvelle par l'assurance de conditions d'existence toujours plus confortables. [...]
[...] Ce qui nous a amené à réfléchir sur le rapport entre technique et démocratie. Enfin, nous avons identifié, devant la démocratie technique et les incertitudes qu'elle engendre, la nécessité de la perte, qui est constitutive du langage et de notre condition humaine. Or, cette nécessité, comme le souligne J.P. Lebrun, semble être déniée avec l'émergence de la technique comme idéologie (qui légitimise la domination). Le symbolique du langage reste ainsi à conquérir. Nous ne sommes donc pas débarrassés de la nécessité de garder la place d'exception du Tiers (d'hier) parce que c'est la possibilité de garder la tiercéiste qui est en jeu. [...]
[...] Le terme technologie quant à lui émerge plus tard et désigne alors l'étude des techniques. On peut aussi, comme le fait A. Ceyhan[2], se rapporter au concept de dispositif développé par Foucault et Deleuze compris comme un ensemble constitué par des relations entre divers éléments hétérogènes mais néanmoins connectés ( ) qui modélisent le comportement des individus Ainsi, comme ils le soulignent, la technologie ne peut être réduite à un dispositif technique, scientifique et symbolique puisqu'elle dépend également du contexte dans lequel elle se produit (contexte d'incertitude généré par nos sociétés post modernes). [...]
[...] Lebrun, La perversion ordinaire. Vivre ensemble sans autrui Denoël U. Beck, La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité Paris, Aubier Larousse A. Ceyhan, Technologie et sécurité : une gouvernance libérale dans un contexte d'incertitudes, Cultures et Conflits n°64 (2006), p P. Robert, Le crime, le citoyen et l'Etat Paris-Genève, Droz J. Habermas, La technique et la science comme idéologie Ed. Gallimard J. Rancière, La haine de la démocratie, La Fabrique J-P. Lebrun, La perversion ordinaire. [...]
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