Déconstruction de la hiérarchie des sexes, Bourdieu, Françoise Héritier, Christophe Giraud, Loïc Wacquant, objet sociologique et problème social, Rémi Lenoir, Weber, Kimberlé Williams Crenshaw, Judith Butler, hermaphrodisme, transgénérisme, genre et identité
Le "sens commun" à propos des sexes ne met pas seulement en avant leurs différences, mais aussi la présupposée supériorité de l'homme sur la femme, donc sexuée et genrée. Pour reprendre le titre du livre de Bourdieu, on peut ainsi parler couramment de domination masculine. Ce terme a l'intérêt d'exprimer à la fois : une asymétrie de relation avec son pendant féminin et une légitimation de cette contrainte. On peut alors se demander comment cette représentation sociale asymétrique a été légitimée dans l'histoire culturelle et sociale d'une grande partie de l'humanité. D'après le manuel collectif Introduction aux Gender Studies, cette hiérarchie sexuée serait "fabriquée" à partir d'un continu biologique ce faisant toujours en défaveur du féminin. Dans cette partie, nous allons donc voir comment cette "valence différentielle des sexes" (Françoise Héritier) s'est socialement construite pour s'institutionnaliser aujourd'hui comme un problème social, notamment à travers le féminisme.
[...] Il faut comprendre ces distinctions naturelles dans une optique de division sexuelle du travail. La femme serait ainsi dans l'environnement humide, celui de l'intérieur caché de la maison où elles s'attellent aux travaux domestiques, à l'opposé de l'homme dans le milieu sec, de l'extérieur public où il effectue tous les travaux spectaculaires et stratégiques, notamment dans le domaine agricole. Dans cette configuration, la femme serait objet invisible, et l'homme sujet visible des échanges symboliques, comme on peut également le constater dans les représentations sociales concernant l'acte de procréation. [...]
[...] La déconstruction de la hiérarchie des sexes Le « sens commun » à propos des sexes ne met pas seulement en avant leurs différences, mais aussi la présupposée supériorité de l'homme sur la femme, donc sexuée et genrée. Pour reprendre le titre du livre de Bourdieu, on peut ainsi parler couramment de domination masculine. Ce terme a l'intérêt d'exprimer à la fois : – une asymétrie de relation avec son pendant féminin et – une légitimation de cette contrainte. On peut alors se demander comment cette représentation sociale asymétrique a été légitimée dans l'histoire culturelle et sociale d'une grande partie de l'humanité. [...]
[...] On peut cependant nuancer cette thèse de Bourdieu dans Division du travail d'accueil et gratifications dans les chambres d'hôtes à la ferme de Christophe Giraud. En effet, l'exemple de l'accueil en chambres d'hôtes à la ferme pris en charge par les femmes, devenant alors sujet visible de premier plan dans le domaine domestique, leur permet diverses gratifications symboliques directes de la part des touristes et du partenaire. Néanmoins, ces bénéfices sont seulement possibles en puisant dans les schèmes cognitifs intériorisés au cours de leur socialisation et la division sexuelle du travail. [...]
[...] Elle prend notamment l'exemple des femmes orientales voilées qui considèrent le port du voile non pas comme une soumission à la domination masculine, mais comme un affranchissement vis-à-vis de celle-ci. On pourrait finalement élargir la question du genre à l'hermaphrodisme ou transgénérisme, notamment en analysant les différentes représentations sociales de ce dernier selon la culture dans laquelle il s'implante, par exemple en France où il est moins accepté socialement qu'en Thaïlande. Plus qu'une autre, cette capacité de se transformer en homme ou en femme sans parfois être démasqué montre bien comment le genre est, au-delà d'une construction, une reconnaissance sociale. [...]
[...] Pour conclure, on peut dire que, pour légitimer le problème social d'une hiérarchie des sexes, il s'agit d'abord et aussi de s'appuyer sur les travaux de déconstruction des sociologues, qui ont, on l'a vu, prouvé l'inconsistance scientifique des représentations sociales du sexe et du genre. Il ne faut cependant pas oublier que les catégorisations sociales de sexe et de genre s'implantent différemment selon la culture et l'histoire d'un pays. Dans cette perspective, Judith Butler (« Genre et identité : Judith Butler en France », Sciences Humaines pp. 10-11) pointe la « nécessité d'une traduction des actes de résistance des unes dans l'univers sémantique des autres ». [...]
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