Signée le 8 décembre 2002 à Paris, la charte de l'usager en santé mentale souligne avec force un fait a priori incontestable : cet usager est une personne. Les multiples réitérations de cet apophtegme pourraient prêter à sourire si nous n'étions pas nombreux à être convaincus de l'intérêt et de la nécessité d'une telle insistance. Aujourd'hui encore, ce statut lui est souvent refusé, la seule part de lui-même lui valant reconnaissance étant sa pathologie. Il est, avant tout, un malade existant quasi exclusivement à travers ses symptômes.
Considéré par beaucoup comme peu susceptible d'engendrer une action rationnelle, ou même raisonnable, et qui plus est d'en répondre, il ne peut pas prétendre à un rôle essentiel sur la scène sociale. Persuadés depuis les Lumières que la raison les guides, faisant fi des enseignements de D. Hume sur les passions et refusant l'influence de l'inconscient, les acteurs principaux ne souhaitent pas mettre en péril leur comédie. Ils préfèrent éloigner du théâtre ceux qui ont, soi-disant, perdu cette spécificité de l'être humain, garante supposée d'un respect du scénario. Exclus de la scène, les malades mentaux se retrouvent isolés, ostracisés, pour obvier une contamination de la troupe. Ils sont condamnés à reprendre à l'infini le même rôle du patient impatient dans un morbide festival-off.
[...] Considéré par beaucoup comme peu susceptible d'engendrer une action rationnelle, ou même raisonnable, et qui plus est d'en répondre, il ne peut pas prétendre à un rôle essentiel sur la scène sociale. Persuadés depuis les Lumières que la raison les guides, faisant fi des enseignements de D. Hume[1] sur les passions et refusant l'influence de l'inconscient, les acteurs principaux ne souhaitent pas mettre en péril leur comédie. Ils préfèrent éloigner du théâtre ceux qui ont, soi-disant, perdu cette spécificité de l'être humain, garante supposée d'un respect du scénario. Exclus de la scène, les malades mentaux se retrouvent isolés, ostracisés, pour obvier une contamination de la troupe. [...]
[...] Le pari de la dangerosité ne va pas dans ce sens, il va générer les nombreux effets pervers évoqués plus haut. De plus, en stigmatisant injustement une population qui aurait plutôt besoin d'être accompagnée, il va renforcer le sentiment d'insécurité contre lequel il croit lutter. En effet, ce sentiment n'est pas lié directement à des violences induites par des pathologies psychiques. Le rapport de février 2006 intitulé La prise en charge des patients susceptibles d'être dangereux est explicite sur ce sujet. [...]
[...] Un bon exemple de schizophrénie institutionnelle pouvant conduire à des enfermements à vie ! Bien entendu, mes propos ne visent pas à occulter la possibilité d'un passage à l'acte agressif ou violent induit par une pathologie mentale. Il ne serait pas raisonnable de ma part de nier cette éventualité alors que mon vécu professionnel ne m'y incite pas. J'ai été confronté un certain nombre de fois au cours de ma carrière à des patients présentant des conduites dangereuses pour eux ou pour autrui. [...]
[...] A mon sens, les soins en psychiatrie devraient se fonder sur le triptyque confiance-respect-estime, gage de reconnaissance[2] mutuelle, de dignité confirmée, d'absence de mépris. Pour ce faire, il est indispensable que les échanges se fassent de personne à personne. Trop souvent les positions statutaires sont figées, le soignant se protège de toute implication personnelle et ne voit chez le soigné que sa pathologie. Celui-ci, sur un mode spéculaire, n'existe que par ses maux et perçoit uniquement le fonctionnaire chez son vis-à-vis. [...]
[...] Aucune ne peut s'accorder avec une position soignante. Autre effet pervers du pari sur la dangerosité, il ne peut que renforcer l'exclusion sociale et compromettre les chances de réhabilitation des personnes souffrant de troubles psychiques. En imposant implicitement l'association malades mentaux-danger, il fait naître des croyances se traduisant par des attitudes de rejet, voire de haine. La généralisation étant un travers de l'être humain, le regard porté sur les usagers en santé mentale se modifie. Même ceux côtoyés précédemment dans un commerce agréable sont perçus différemment. [...]
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