Les classes sociales sont parlées plus qu'elles ne parlent d'elles-mêmes (Bourdieu 1977): un terme générique tel que « la pauvreté » est a-contextuel, en réalité défini et modelé par différentes forces - historiques, économiques, méthodologiques et idéologiques. Ainsi, ce que l'on entend par pauvreté est contingent et il est essentiel de l'étudier dans un contexte bien défini. Néanmoins, de nombreuses approches tentent d'en dégager les traits inhérents, statiques et généralisés, et Lewis ne fait pas exception a ce biais essentialiste, même s'il le dénonce dans la littérature : « les pauvres ont été qualifiés de sacrés, vertueux, sereins, indépendants, honnêtes, gentil et heureux » (1966: 1), tout comme « fainéants » et « criminels » (Ibid).
Mais que signifie être pauvre ? Le terme ne nous dit rien en soi sur les conditions de vie des personnes pour qui la pauvreté est une réalité quotidienne. La pauvreté est définie comme un manque. Or de quel manque parle-t-on ? Les manques ne changent-ils pas avec la valeur de référence ?
[...] En effet, la concentration du capital, domestique car encouragé par les mesures de substitution à l'import instaurée dans l'après guerre afin de relancer une industrialisation souvent stagnante, et étranger, en provenance des États-unis notamment, crée une demande dans les villes pour du travail peu cher et abondant (Perlman 1976, Angotti et Espejo 1979). Ce mouvement est renforcé par le biais de la première ville hérité de la période coloniale : la première ou plus large ville du pays reçoit souvent la plus grande part des investissements publics et des incitations pour les investissements privés par rapport aux autres villes (Angotti et Espejo 1979). Ainsi, Buenos Aires, Santiago, Mexico City et Lima, également capitales, croissent de manière disproportionnée, si bien qu'il est possible de parler d' hyperurbanisation (Perlman 1976). [...]
[...] La culture de la pauvreté ou le besoin de re-contextualiser et re- sémantiser le terme pauvreté Introduction I. Première condition pour la naissance d'une culture de la pauvreté II. Le culte de la marginalité: La culture de la pauvreté comme essentialisme représentatif d'une époque III. Les caractéristiques de la culture de la pauvreté sont-elles vérifiées empiriquement? Conclusion Les classes sociales sont parlées plus qu'elles ne parlent d'elles- mêmes (Bourdieu 1977): un terme générique tel que la pauvreté est contextuel, en réalité défini et modelé par différentes forces -historiques, économiques, méthodologiques et idéologiques. [...]
[...] Le terme ne nous dit rien en soi sur les conditions de vie des personnes pour qui la pauvreté est une réalité quotidienne. La pauvreté est définie comme un manque. Or de quel manque parle-t-on? Les manques ne changent-ils pas avec la valeur de référence? Partant, il s'agit de re-sémantiser le terme pauvreté dans un certain contexte, contexte mouvant et unique à l'Amérique Latine, afin de démontrer que la définition de la pauvreté est plus un discours qu'un absolu, discours né de certains événements et modelé pour atteindre des fins particulières. [...]
[...] La pauvreté est une catégorie mouvante , plus parlée qu'elle ne parle d'elle-même, et qui masque souvent le fait que c'est une réalité, vécue quotidiennement par une grande partie de la population de l'Amérique Latine, et du monde en général. Bibliographie Angotti, Thomas, The Latin American Metropolis and the Growth of Inequality, NACLA Report (1995): 13-18 Bourdieu, Pierre. -Une classe Objet.-Actes de la recherche en sciences sociales. -(1977-11) n17/18, p.2-5. Charles A. Valentine -Culture and poverty: a critique and counter proposals (1968) Chicago: University of Chicago Press Lewis, Oscar, The culture of Poverty, »Scientific American 215,4 (October 1966): 19-25. Pearlman, Janice, The myth of marginality (Berkeley: U. [...]
[...] Or, dans le cas des migrants, c'est souvent le contraire (Perlman 1976). De plus, les individus vivant dans les favelas sont-ils si marginalisés, si désespérés, si peu organisés ? S'ils sont effectivement marginalisés et blâmés pour de nombreux problèmes, ils sont également intégrés beaucoup plus subtilement dans la société par la culture populaire. Pour ce qui est de l'anomie et de la désorganisation au-delà de l'unité familiale, il convient de remarquer que Lewis se contredit, citant cette caractéristique comme trait essentiel de la culture de pauvreté et en manquant de reconnaître que dans les témoignages recueillis, les individus interviewés font au contraire preuve d'organisation et de participation dans la communauté et la société (Charles 1968). [...]
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