Le lien entre violence et école soulève un paradoxe immédiat. En effet, l'école désigne l'institution où est transmis le savoir. La violence, quant à elle, signifie l'abus de la force pour contraindre quelqu'un à quelque chose. L'école est le lieu essentiel, avec la famille, de socialisation, d'éducation et de culture. La violence, physique ou verbale, se manifeste toujours comme une négation du droit, un non-respect du contrat ou une absence de respect d'autrui (...)
[...] Fin aides éducateurs sont recrutés pour assurer une présence éducative dans les moments difficiles de la journée. Création de réseaux d'éducation prioritaires le dans la logique de ZEP ou de sites expérimentaux à partir desquels les phénomènes de violence seront observés (plan Allègre de 1997). Renforcement de la prévention des mauvais traitements des élèves, des conduites à risque (avec la création du comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté le 1.7 .1998), rôle de l'école dans la détection des enfants maltraités. [...]
[...] Pourtant, il y a lieu de distinguer entre la contrainte comme moyen pédagogique d'accès à la liberté (si tu veux réussir, commence par remplir tes devoirs) et la contrainte comme fin en soi qui relève du dressage. Ceci nous amène à poser le problème, tant du point de vue de l'être éduqué que de l'éducateur des seuils de la violence scolaire. Qu'est-ce qui est anormal ou intolérable ? Qu'est-ce qui constitue véritablement un comportement déviant ? Un enseignant peut légitimement estimer qu'un élève refusant de sortir ses affaires pour travailler, voire portant un walkman pendant son cours ne fait pas preuve d'un comportement compatible avec des conditions minimales de concentration. [...]
[...] La violence des élèves vaut encore comme refus de ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelle " la violence symbolique " (c'est-à-dire un pouvoir imposant des significations légitimes en dissimulant les rapports de force qui sont au fondement de sa force). Refuser le système de notation scolaire, remettre en cause la compétence de l'enseignant, consiste alors à ne pas accepter les valeurs d'un modèle culturel auquel on ne parvient pas à s'identifier ou au sein duquel on n'arrive pas à prendre place. La violence à l'école serait alors bien une forme de réaction contre la violence de l'école. On assiste de plus en plus à une ethnisation des conflits scolaires dus à une partie des élèves d'origine immigrée ou étrangère. [...]
[...] Sa mission éducative ne doit pas se dénaturer en mission sociale de reconnaissance des particularismes culturels ou religieux ou d'intégration professionnelle. Que la famille joue plus ou moins bien son propre rôle d'éducation, que l'entreprise ouvre plus ou moins ses portes aux jeunes diplômés ne relève pas de son champ. En luttant contre les violences, l'école ne cherche qu'à assurer la transmission la plus sereine des savoirs ou savoir-faire et à former des futurs citoyens les plus responsables possibles. Car l'école violente, c'est d'abord et avant tout l'homme en devenir, violenté. [...]
[...] Des systèmes d'alarme ou des verrouillages, toujours dégradables au demeurant, ne remplaceront jamais l'efficacité de la vigilance et de l'intervention des éducateurs La lutte contre les violences doit s'étendre à tous les établissements même si certains d'entre eux réclament légitimement des moyens et des mesures renforcés. Le risque est sinon de favoriser une éducation à deux vitesses ou de creuser le fossé déjà existant entre deux types d'établissements. Les actions entreprises doivent être évaluées à long terme, les objectifs généraux d'éducation et la vigilance maintenus partout. Les enquêtes sur la violence en milieu scolaire devront être perfectionnées et affinées. [...]
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