La crise du lien social est un élément récurrent du discours politique français depuis la fin des années 1980. La crise économique, l'accroissement des inégalités, le chômage de masse et l'exclusion ont avec le développement de la précarité des conditions de travail, conduit les protagonistes du débat public à dresser le constat d'une "atomisation" croissante de la société. La "communauté des citoyens" serait confrontée à un lent processus d'effritement (perte des repères, individualisme, solitude, violences constitueraient les symptômes de cette crise).
Les pouvoirs publics souhaitent empêcher cette décomposition du corps social. Il s'agit de transformer la coexistence passive en une ambition essentiellement collective. Il y a donc un imaginaire et un discours de la cohésion sociale.
[...] Dans cet ordre marchand, les prix remplacent la loi dans les relations sociales. La société tend donc à s'autoréguler : l'intérêt général apparaît alors comme le résultat spontané d'une combinatoire entre les intérêts individuels. Passer de l'ordre par la loi à l'ordre par les prix implique la société de marché. Selon Adam Smith (Théorie des sentiments moraux) : "La société peut alors subsister entre les hommes comme elle subsiste entre les marchands, par le sentiment de son utilité, sans aucun lien d'affection : quoiqu'alors aucun homme ne tienne à un autre, par les devoirs ou les nœuds de la gratitude, la société peut encore se soutenir, à l'aide de l'échange intéressé des services mutuels, auxquels on a assigné une valeur convenue". [...]
[...] Or la citoyenneté sous-tend l'existence d'autres formes de socialisation. II Lien social et rapport marchand La tradition rousseauiste a rendu difficile le fait de penser le lien social autrement que sous la forme abstraite du rapport citoyen-Etat. "Le commerce adoucit les mœurs" Le marché constitue une "main invisible" capable de coordonner les activités d'un nombre illimité d'individus sans qu'il soit à aucun moment nécessaire d'instituer un pouvoir centralisé et personnalisé. Dans l'esprit des économistes classiques, les relations marchandes ne définissent pas une sphère autonome, séparée et concurrente de l'ordre politique. [...]
[...] Un artifice parce que le contrat est une convention et le lien social une construction de la raison et de la volonté. Un paradoxe parce que les hommes ne peuvent reconquérir leur liberté que par l'aliénation volontaire de leur "liberté naturelle". A travers cette volonté générale qui constitue la souveraineté populaire, l'individu accède à une liberté d'un autre ordre : la "liberté civile". Le contrat social Rousseau parvient à penser l'ordre social de façon abstraite, et à le fonder sur des principes universels. [...]
[...] Il y a donc un imaginaire et un discours de la cohésion sociale. I Le lien social, entre ordre et liberté C'est seulement depuis le milieu du XVIIIème siècle et l'entrée dans la modernité que l'origine, la nature et le devenir de l'ordre social commencent d'être considérés comme des interrogations. En effet, l'un des acquis de la modernité politique fut de considérer que la société et le lien social ne pouvaient constituer une donnée "naturelle" de l'existence humaine. Les Lumières ont ainsi commencé à penser l'individu hors du corps social. [...]
[...] La découverte du sujet est une révolution philosophique. Lien social et contrat social Le thème de la crise du contrat social ne cesse de revenir dans le discours politique contemporain, ce qui montre que la cohésion de la société n'est pas une donnée naturelle. Cette fragilité structurelle du corps social renvoie à la possibilité d'unir des individus autonomes. Cette question est déjà celle de Rousseau dans Le contrat social : il montre d'abord que la société semble contradictoire avec l'existence naturelle de l'homme. [...]
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