Les recherches de Philippe D'Iribarne tournent autour du management interculturel et notamment des modes de gestion interne que les entreprises pourraient développer pour gérer la diversité des cultures qui les composent. Il défend donc une approche culturaliste.
Dans un contexte où les entreprises cherchent à développer des idéaux communs, l'auteur nous explique comment allier l'indépendance des valeurs à la variété des cultures. L'expression de ces difficultés s'exprime de manière latente avec par exemple des résistances, qui paraissent sans fondement, à appliquer les directives venues d'ailleurs.
Selon D'Iribarne, il semble déterminant de comprendre et gérer cette diversité de culture, car l'incompréhension, la non-prise en compte des différences culturelles ou leur approche caricaturale, alimenteraient un climat de méfiance, une ignorance des arguments de l'autre partie et, en cas de divergence de vues, à des résistances dans la mise en œuvre des projets. Néanmoins, il s'agirait aussi d'aborder ces différences culturelles avec pertinence.
D'Iribarne a ainsi appuyé ses théories durant des travaux qu'il a réalisés durant les années 1900, lui permettant ainsi d'effectuer un raisonnement autour de l'observation de cultures nationales au travers du fonctionnement de trois entreprises dans trois pays différents : la France, les États-Unis et les Pays-Bas (travaux menés dans son premier ouvrage « La Logique de l'Honneur », 1989). Il aboutit à la conclusion que chaque pays est singulier et que les fonctionnements des entreprises ont vocation à s'y adapter.
[...] Ces choix pourraient alors conduire à des différences marquées au niveau des principes d'organisation et des pratiques managériales (mécanismes de décision, gestion du risque, attitude à l'égard de la hiérarchie, l'approche du travail en équipe . La connaissance de la culture locale permettrait donc à l'organisation de s'adapter culturellement et au réformateur de se questionner sur son propre mode de pensée afin de pouvoir s'imprégner de celui des acteurs locaux. Cependant, les différentes approches culturalistes défendues par D'Iribarne ont eu à essuyer diverses critiques. [...]
[...] D'iribarne fait ainsi ressortir, sur le fondement d'une réflexion entre la culture nationale et l'activité de l'entreprise, le fait que l'anthropologie contemporaine détermine la culture comme contexte d'interprétation. Selon lui, les comportements des individus sont mus par des caractéristiques habitus de la mémoire collective dans un espace social donné. Cet auteur, s'insère ainsi au fur et à mesure de ses travaux dans l'approche culturaliste, afin de comprendre l'influence de la culture sur les pratiques managériales et pour argumenter la nécessité de cesser de concevoir une culture comme un univers de pratiques uniformes pour l'appréhender comme un ensemble de codes au sein duquel la diversité des pratiques prend sens La Logique de l'Honneur Les études de Philippe d'IRIBARNE s'articulent aussi autour de la compréhension du contexte culturel du pays auquel devraient s'adapter des outils de gestion appropriés. [...]
[...] Il est donc possible de passer de l'organisation au système. Pour ceux que D'Iribarne appelle les anticulturalisme militant les difficultés interculturelles sont alors considérées comme marginales puisque les aspects culturels nationaux auraient une faible influence sur les modes de gestion et les comportements individuels au travail. Selon ceux qui rejoignent cette approche, cela est justifié par l'existence de plusieurs cultures d'entreprise dans un même pays. De là, Friedberg dénonce alors le déterminisme prétendu d'Iribarne, celui de la culture nationale considérée comme nécessairement cohérente (le remplacement du mot culture par l'expression contexte de sens ne changeant rien à l'affaire). [...]
[...] Par quelle sorte de tour de magie la volonté affichée de repousser la tentation culturaliste a-t-elle fait qu'un lien sans cesse aperçu a pu en fin de compte être occulté ? - D'Iribarne p.161. La controverse est intéressante parce qu'elle met en évidence une opposition philosophique : Friedberg ne met pas en cause la méthode d'enquête d'Iribarne, mais son raisonnement sa problématique son cadre théorique Friedberg 2005 p Opérer un retour aux sources (précisément ce que d'Iribarne attend aujourd'hui de Friedberg et de l'analyse stratégique), et appréhender plus justement la culture comme un contexte de sens permettrait ainsi, selon Iribarne, de pouvoir réconcilier analyse stratégique et analyse culturelle. [...]
[...] Il est vrai que nos comportements sont en partie le résultat d'une appartenance culturelle, mais il est selon moi aussi largement influencé par le contexte sociétal, l'environnement dans lequel on évolue à l'instant T Le culturalisme définit de façon substantialiste les cultures supports de ces "identités" qui deviennent ainsi un principe d'exclusion à force d'être un principe de singularité et d'appartenance. Le discours et, de plus en plus, la diplomatie culturalistes emprisonnent les sociétés historiques concrètes dans une définition substantialiste de leur identité en leur déniant le droit au changement. La critique du culturalisme doit permettre de quitter le faux dilemme dans lequel les sociétés occidentales tendent à s'enfermer. L'alternative n'est pas entre l'universalisme par uniformisation et le relativisme par exacerbation des singularités. L'universalité équivaut à la réinvention de la différence. [...]
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