L'étude du rapport à la norme et de la norme elle-même en Sociologie est une tâche ardue pour le chercheur. Pour Howard S. Becker : « Les normes sociales sont créées par des groupes sociaux spécifiques » (in « Outsiders », 1985 : 38), l'auteur considère que ces normes ne font pas l'objet d'un consensus général, tant du point de vue de leur définition que de leur mode d'application lors de situations sociales particulières, du fait qu'elles prennent forme dans des sociétés modernes complexes.
Constituées différemment selon le groupe social, elles dépendent de la classe sociale, de la profession exercée, de la culture et du groupe ethnique du groupe social dans lequel elles s'actualisent. Cette divergence des normes conduit à des affrontements entre groupes qui n'obéissent pas aux mêmes impératifs vis-à-vis de leurs normes. L'interaction sociale entre individus de groupes différents ne donne donc pas lieu aux mêmes règles de conduite édictées par des normes basées sur l'environnement, l'histoire et les traditions d'un groupe social (Becker, 1985).
Les normes peuvent être définies comme des règles qui régissent les conduites individuelles et collectives. Organisées de façon systémiques elles constituent un mode de régulation du social. Il existe deux dimensions de la norme, tout d'abord la norme explicite qui est édictée clairement dans la loi par l'état, dans les règlements par des institutions privées et dans les contrats entre parties, ensuite il y la norme implicite impalpable et non écrite. Selon Robert K. Merton, le système de valeur est lié à la norme mais le rapport étant souvent asymétrique il y a nécessité d'un contrôle social pour que la société parvienne à faire respecter ses normes pour assurer la cohésion sociale.
[...] D'autres méthodes apparaîtront également par la suite, au 19ème siècle, telle que l'éponge vaginale qui est imbibée d'eau de vie et attachée à un cordon, le pessaire occlusif ou encore le pessaire intra-utérin plus tard appelé stérilet (Van de Walle, 2005). Une interprétation correcte du cycle menstruel donnera lieu à la méthode d'Ogino-Knaus vers 1930 et deviendra la méthode de régulation de la fécondité privilégiée des couples catholiques d'Europe et des Etats- Unis. L'injection spermicide est également très pratiquée aux Etats-Unis et est relativement efficace. [...]
[...] En France, il faudra attendre la diffusion de la pilule contraceptive en 1965 pour que les femmes obtiennent la gouvernance de leur corps et de leur fécondité. A fortiori, avec l'autorisation légale de l'avortement volontaire et la Loi Veil de 1975 qui garantit le droit des femmes à disposer de leur fécondité et à la maîtriser ou en tous cas à tenter de la réguler, même si dans la pratique d'autres facteurs entrent en compte dans la prise de décision des femmes de recourir à un avortement volontaire. [...]
[...] III] L'émergence de la nouvelle norme procréative Une norme récente La norme procréative représente les bonnes conditions (âge, type de relation, situation professionnelle) socialement définies, pour avoir un enfant, qui prévaut aujourd'hui dans la société française (Bajos, Ferrand, 2006). Si nous parlons ici de nouvelle norme procréative c'est que celle-ci a été différente auparavant car elle s'articule autour de la norme contraceptive. De fait, l'apparition de moyens contraceptifs fiables qui sont la pilule, le stérilet et le préservatif est récente. [...]
[...] De même que la contraception joue un rôle essentiel dans la définition de la nouvelle norme procréative, la dépénalisation de l'avortement en France marque un tournant dans l'histoire de la maîtrise de la fécondité. Cet acte met à disposition des femmes un espace d'alternative face à une grossesse dite non désirée, cet espace pouvant être considéré comme un pouvoir. Cette nouvelle norme contraceptive, se couple de pratiques plus égalitaires entre les sexes et d'un changement dans les modes de constitution de la famille tels, par exemple, que d'avoir le premier rapport sexuel affranchi du moment de la mise en couple, ou d'avoir une certaine désaffection pour le mariage (Bajos, Ferrand, 2006). [...]
[...] C'est alors que, du fait d'une contraception efficace et accessible facilement, une nouvelle norme contraceptive émerge et se diffuse. Cette norme comporte une double dimension, d'une part le devoir des femmes et des couples d'employer un contraceptif lorsqu'il n'y a pas de désir d'enfant, et d'autre part l'exigence de mettre en cohérence le moment du cycle de vie avec la contraception adaptée. C'est-à-dire d'employer le préservatif pour les relations débutantes ou occasionnelles», d'utiliser la pilule dans un couple qui se stabilise et enfin de se faire poser un stérilet quand la famille est constituée (Bajos, Ferrand, 2006). [...]
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