Dans le cadre de la sociologie relationnelle, l'interaction constitue la « face interne » d'une action collective qui se manifeste par un certain nombre de processus qui régissent les relations intergroupes et qui mènent les individus à s'organiser et à harmoniser leur comportement. Il convient tout d'abord de distinguer la coopération et l'opposition. Dans le premier cas, les groupes s'adaptent les uns aux autres et agissent en accord, tandis que dans le second, ils sont adversaires et agissent de façon contraire les uns aux autres.
Cependant, les comportements d'opposition constituent soit des compétitions, soit des conflits. Dans la compétition, l'activité de chaque groupe tend à s'assurer une chose désirée par l'autre, alors que dans le conflit l'activité de chaque groupe est dirigée contre l'autre. Du conflit sortent ensuite l'accommodation ou le compromis. Cette décomposition typologique des processus interactionnels entre deux groupes d'acteurs démontre la complexité de toute forme de relation et partant, l'effet réducteur d'une connotation négative du conflit en termes d'opposition structurelle. Tel est le constat partagé par C. Rostaign qui a mené une étude sur les identités et rapports sociaux dans les prisons de femmes : « L'idée sera retenue que les relations entre détenues et surveillantes sont liées à leur interdépendance, une forme de relation obligée ».
C'est dans cette perspective que prend place l'analyse de contestations collectives en milieu carcéral. Si ces dernières constituent certainement un conflit intergroupe, il convient néanmoins d'apprécier les processus qui les sous-tendent au-delà d'une simple opposition structurelle entre groupes protagonistes.
[...] Si le contrôle est expressif, la coopération semble la meilleure issue au conflit. Mais s'il est décisionnel, la compétition a toutes les chances de s'imposer. Tel fut le cas de la prison de Verviers lorsque le directeur intérimaire a exigé l'interruption de tout dialogue et a déclenché une grève du personnel. Enfin, selon la théorie de la justice individuelle et de la justice collective, l'importance du conflit est également fonction du type de justice auquel font appel les revendications des détenus. [...]
[...] Ils sont cependant rapidement maitrisés et mis au cachot[26]. Au même moment, dans l'aile quatre détenus réussissent la même opération et parviennent à ouvrir les portes des cellules et à libérer cent quarante et un détenus dont la moitié prend part au mouvement de contestation tandis que l'autre moitié demande à être transférés dans une autre aile[27]. Les détenus parviennent à se barricader quelque temps derrière du mobilier et du matériel de literie auquel ils sont mis le feu avant que l'incendie soit maitrisé par les pompiers appelés par la direction de la prison[28].Entretemps, quarante-cinq détenus se servent de barres de fer pour forcer les barreaux de certaines fenêtres et accéder au toit. [...]
[...] C'est dès lors en termes de complémentarité qu'elles appliqueront à la thématique des contestations collectives en milieu carcéral. Une approche historique Prison de Forest, du 12 au 14 juillet 1976[10] Lundi 12 juillet 1976 Six détenus refusent de quitter le préau alors que la fin de la promenade est prévue à seize heures vingt-cinq[11]. Entre dix-huit heures trente et dix-neuf heures, ils décident d'escalader le toit d'une aile. Pendant ce temps, l'agitation a gagné les couloirs et les cellules. Depuis le toit, les détenus interpellent, outre les journalistes, les voisins et les passants ainsi que les détenus de la prison de St-Gilles de l'autre côté de la rue. [...]
[...] Toutefois, la théorie des conflits réels et théorie des jeux ne permet pas de rendre compte des situations dans lesquelles les objectifs collectifs peuvent diverger des intérêts individuels ou du contexte dans lequel le groupe dominé décide de ne pas s'engager dans le conflit. La théorie de la privation relative énonce dès lors que les acteurs n'entrent en conflit que si leurs attentes leur permettent de croire qu'ils peuvent accroître leurs résultats. Ce qui expliquerait le retrait de certains détenus durant les contestations collectives des prisons de Forest et de Saint-Gilles. [...]
[...] Un responsable de l'administration pénitentiaire dément que des détenus aient été mis au cachot. Au regard de la configuration architecturale des toits, l'administration pénitentiaire préfère ne pas forcer les détenus et les laisser quitter les lieux volontairement afin d'éviter tout accident. En début de soirée, les prévenus annoncent leur intention de passer la nuit dehors avec leurs réserves de nourriture prévues dans leurs poches. Peu après dix-huit heures, la gendarmerie et la brigade d'intervention arrivent sur les lieux avec de grandes échelles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture