De quelles manières la jeunesse est-elle l'objet de luttes sociales qui, en la définissant, cherchent à l'encadrer ? C'est ce que cette disseration, complète et entièrement rédigé, va tenter d'élucider dans un raisonnement clair et parfaitement structuré.
D'abord, nous montrerons la diversité spatio-historique de ce que nous appelons jeunesse. Par suite, avec l'entretien fondateur de Pierre Bourdieu sur la question, nous chercherons à comprendre ce que recouvre la notion de « jeunesse » dans son acceptation occidentale et les luttes de définition qu'elle engendre.
[...] En considérant la jeunesse comme un « mot » (n'oublions pas que le sociologue est un grand lecteur de la philosophie du langage américaine et des discussions sur les usages du performatif), Bourdieu « focalisait [ . ] l'intérêt sur la diversité des conditions, en les regroupant sous un même nom ». Les luttes symboliques à l'œuvre dans la question de la jeunesse présentent de nombreuses dimensions à expliciter. Définir la jeunesse, c'est définir cet espace d'entre-deux, entre l'enfance et le monde adulte et l'ensemble des déterminants que ce passage implique. [...]
[...] Dans l'histoire occidentale, la jeunesse a eu plusieurs configurations. Dans son ouvrage célèbre, Philippe Ariès montre comment, au XVIIIème siècle, l'enfance apparaît dans son sens moderne mais avec des pratiques qui apparaissent, aujourd'hui, désuètes. Selon l'historien, c'est la classe qui définit le rapport à la jeunesse : dans les familles les plus pauvres, l'enfance est discrète et, rapidement, abandonnée pour le travail (vers 12 ans) tandis que dans les familles les plus riches, l'éducation - qui va de pair avec les manifestations affectives - est sexuée : dès 7 ans, le père s'occupe des fils. [...]
[...] On voit donc qu'être jeune, c'est manier le mélange subtil entre construction identitaire et assignation statutaire. Conclusion Dire que la jeunesse est une construction sociale peut apparaître, d'emblée, comme une assertion délicate tant les processus biologiques ayant cours à cette période sont intuitifs. Nous avons donc d'abord cherché à montrer que la sociologie ne s'oppose pas à la biologie en s'intéressant à l'usage de la jeunesse plutôt qu'à ses manifestations. Ainsi, nous nous sommes intéressés à la façon dont la jeunesse est définie en fonction des lieux et des époques pour montrer la diversité possible. [...]
[...] C'est après-guerre que la jeunesse, dans son acception moderne, va apparaître. La massification de l'éducation conjuguée à une prise en compte politique des jeunes vont conduire à en faire une véritable catégorie sociale dont la création est du Ministère de la Jeunesse et des Sports est la consécration. La jeunesse n'est plus alors une étape morale, psychologique, identitaire ou affective mais devient un objet de politiques publiques, un enjeu de luttes entre partis politiques et organisations militantes. En somme, la jeunesse, longtemps confinée à la sphère privée, devient une affaire d'Etat. [...]
[...] Cela nous a conduit, avec l'aide de P. Bourdieu, à comprendre les enjeux de luttes symboliques qu'elle recouvre pour son encadrement car, en Occident, la jeunesse est devenue une affaire publique. Être jeune a donc, aujourd'hui, un sens et des manifestations précis que nous avons vu en dernier lieu. Cela nous interroge donc à la manière dont la sociologie peut renseigner le processus de mondialisation de la jeunesse dont, à première vue, l'une des conséquences est le dépassement des clivages socio-culturels. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture