Dans l'appréhension de l'État, la sociologie historique a une conception différente de la philosophie politique par exemple et distingue clairement l'État de la notion de centre politique, et) elle est parvenue peu à peu à mettre en lumière les multiples processus qui donnent naissance à des types d'État particuliers.
Grâce à la sociologie historique, on comprend ainsi que tout pouvoir politique ne prend pas la forme d'un État, celui-ci ne s'installe qu'au terme d'un processus historique particulier, permettant la constitution d'un espace politique autonome, doté d'une fonction, d'une légitimité et de moyens propres.
En ce qui concerne la naissance de l'État en France, on peut dire qu'elle se présente comme le résultat d'un processus de différenciation qui favorise la formation d'un espace public autonomisé, de structures propres qui témoignent d'une institutionnalisation progressive. On constate ainsi que l'État est le fruit d'une construction sociale et historique et on peut ainsi se demander en quoi le fait d'adopter une démarche sociohistorique permet de comprendre l'apparition, l'expansion, et les évolutions de l'État.
[...] L'on assiste à un contraste réel entre la pyramide formelle des pouvoirs et la réalité fragmentée du pouvoir. L'autorité royale est perpétuellement menacée par les seigneurs souvent insoumis. Les relations se font d'homme à homme, comme le souligne l'historien Marc Boch. Un contrat vassalique lie l'homme libre, le vassal à un suzerain lui-même vassal d'un seigneur plus puissant. Les allégeances sont donc avant tout personnelles. Le vassal obtient des prérogatives démembrées de la puissance publique qui lui confèrent des pouvoirs de commandement et de justice sur les habitants des territoires qui lui sont concédés. [...]
[...] Ainsi, chacun des états occidentaux garde-t-il sa physionomie propre dans sa société particulière et dans son histoire. Mais, la comparaison avec d'autres formes d'organisation politique, en d'autres régions du monde, fait bien ressortir ce que ces états ont en commun. Contre toute tentation ethnocentriste, rappelons que le choix d'étudier la genèse de l'État dans un cadre spatial limité, à savoir l'Occident n'implique pas de valorisation entre les sociétés. Dans la logique de la sociologie historique, c'est seulement au terme d'un long travail historique de différenciation sociale que se dégagent avec netteté les traits caractéristiques de ce que l'on appelle après Weber et Durkheim l'état moderne. [...]
[...] On peut nuancer cette idée car la perméabilité de l'Etat dépend surtout de sa nature, à savoir si c'est un Etat fort ou faible. En outre, il est difficile d'imaginer qu'un autre corps que l'Etat (comme la société civile par exemple) soit capable de mener une politique démocratique viable, ou encore de remplir les fonctions traditionnelles de l'Etat dans la mesure où seul l'Etat affirme un principe d'égalité politique en son sein; en revanche la présence de ces corps en tant que contre-pouvoirs est fortement souhaitable. [...]
[...] L'État est ainsi construit par le bas C'est cette concurrence qui déclenchera le mécanisme monopolistique La formation de l'État et sa survie supposent l'imposition progressive d'un double monopole royal : a)Le monopole fiscal L'impôt est centralisé donne au souverain la possibilité de rétribuer ses fidèles et serviteurs en argent et non plus en terres, ce qui permet de stabiliser le territoire royal. L'impôt royal est justifié par une idéologie qui en établit sa légitimité : il est prélevé pour assurer la défense et la sécurité du royaume. Comme le notait Etienne de la Boétie, la servitude fiscale adoptée renforce l'emprise sur l'État moderne. Le monopole de la violence physique légitime Max Weber Le monopole de la contrainte physique légitime attribue au seul roi la puissance militaire et donc le rend maître et garant de la pacification de tout l'espace social. [...]
[...] En France l'on assiste à une opposition entre une noblesse déclinante et une bourgeoisie montante, ce qui rend impossible leur coalition contre le souverain. Cela tend à renforcer la centralisation du pouvoir entre les mains du roi qui détient en quelque sorte un rôle d'arbitre. La société de cour sera la plus éclatante manifestation de cet équilibre des tensions : le roi en intégrant la noblesse à la cour, rehausse par cette curialisation la position et le prestige de celle-ci face à une bourgeoisie en pleine ascension. Il les empêche de se coaliser contre lui. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture