Coeur de Banlieue est la version remaniée de la thèse de doctorat d'anthropologie sociale et d'ethnologie de David Lepoutre. Elle résulte d'une étude menée au sein d'une cité dite "chaude" de La Courneuve, la cité des Quatre-Mille, selon la méthode d'observation participative propre aux ethnologues.
Grâce à plusieurs années d'immersion, David Lepoutre a pu réunir dans cet ouvrage de nombreuses notes de terrain qui donnent une vision nouvelle des cités, bien loin des clichés stéréotypés que les médias se plaisent à véhiculer (...)
[...] L'ensemble de ces individus du grand ensemble forme un groupe de pairs fortement solidaires en raison de leur lieu de résidence. Contrairement à la vie en pavillon des grandes villes où les voisins sont rarement connus, la sociabilité dans la cité est telle que tout le monde se connaît. Or cette chaleur humaine, dégagée par ces relations, vient largement compenser le misérabilisme régnant dans les grands ensembles que présentent les médias. Cette importance accordée au territoire explique que seules les personnes qui investissent l'espace public du grand ensemble font partie du groupe de pairs. [...]
[...] Toute atteinte à l'honneur n'est pas de même gravité. L'offense la plus grave touche à l'intégrité physique de la personne, puis vient l'atteinte aux biens et enfin les offenses symboliques constituées par les insultes. Mais, dans chacun des cas, l'atteinte à l'honneur individuel peut déteindre sur l'honneur collectif. Or, dans la mesure où le seul moyen de laver l'offense est de recourir à un acte de violence physique constitutif d'une contre offense, les violences peuvent prendre des proportions démesurées avec des représailles collectives pouvant conduire à des crimes d'honneur dans les situations extrêmes. [...]
[...] Tout d'abord, elle porte sur des observations datant de plus de dix ans qui malheureusement ne correspondent plus à la réalité des banlieues actuelles. En effet, on assiste de plus en plus à un rejet en bloc des valeurs de la société moderne par une population plus importante puisque la tranche d'âge n'est plus limitée aux 10-16 ans mais s'étend bien au-delà. On ne trouve plus cette volonté d'intégration dans la mesure où la norme est devenue celle de la revendication de ses origines, mêmes lointaines, et d'une contestation des valeurs françaises, La Marseillaise sifflée en étant un exemple. [...]
[...] Cette culture de l'éloquence se retrouve également dans l'insulte, l'offense, le ragot, le mensonge et le jurement, autant de pratiques quotidiennes des membres de la culture des rues qui nécessitent toutes une maîtrise linguistique élevée, tant en matière de lexique de la rue que d'intelligence des situations et d'imagination. Les échanges de violence Cet ouvrage a donné une nouvelle vision des cités en ne les réduisant pas uniquement à un monde de violences, mais ces violences demeurent une réalité quotidienne au sein de la culture des rues. David Lepoutre adopte donc une approche anthropologique de la violence en en mettant en avant le caractère culturel. [...]
[...] Les jeunes évoluent quotidiennement dans la cité, quelles que soient leurs activités, si bien qu'ils envahissent totalement le grand ensemble. David Lepoutre parle d'une sociabilité des espaces publics Le fort sentiment d'appartenance à la communauté des jeunes et à l'espace de la cité fait que les réalités ethniques passent également en arrière- plan. Dans une cité comme celle des Quatre-Mille, où les familles d'origine étrangère sont près de 90% avec une surreprésentation maghrébine et africaine, des relations interethniques se forment. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture