Les classes moyennes constituent-elles un groupe central dans la société française ?

Résumé du document

La campagne des "Restos du coeur" pour l'hiver 2008/09 s'est soldée par un bilan "historique" : plus de 100 millions de repas ont été servis, nombre jamais atteint depuis la création de l'association en 1985.

Parallèlement, les titres de la presse quotidienne ne se lassent pas de faire référence aux revenus mirobolants des patrons en France dans cette période de crise et se gargarisent des "parachutes dorés", "Bonus", "Stocks Options", "Golden Hello"...

Ces manifestations d'une extrême pauvreté côtoyant une richesse jugée indécente par beaucoup de Français nous interpellent quant à l'existence de classes moyennes aujourd'hui en France (...)

Extraits

[...] Si les classes moyennes semblent bien avoir constitué, au moins jusqu'au années 1980, un groupe central dans la société française, il apparaîtrait que, depuis, sa centralité soit de plus en plus contestable portant ainsi un coup d'arrêt à la moyennisation. I Les classes moyennes ont bien constitué un groupe central dans la société française participant ainsi à sa moyennisation A. Un groupe en forte expansion L'analyse de l'évolution de la structure socioprofessionnelle tendrait à aller dans le sens d'un essor des classes moyennes en raison de l'augmentation de la part des PCS employés, des professions intermédiaires et cadres qui sont caractérisées par leur position intermédiaire dans le processus de production. [...]

[...] Dissertation : Les classes moyennes constituent-elles un groupe central dans la société française ? Introduction La campagne des Restos du cœur pour l'hiver 2008/09 s'est soldée par un bilan historique : plus de 100 millions de repas ont été servis, nombre jamais atteint depuis la création de l'association en 1985. Parallèlement, les titres de la presse quotidienne ne se lassent pas de faire référence aux revenus mirobolants des patrons en France dans cette période de crise et se gargarisent des parachutes dorés Bonus Stocks Options Golden Hello Ces manifestations d'une extrême pauvreté côtoyant une richesse jugée indécente par beaucoup de Français nous interpellent quant à l'existence de classes moyennes aujourd'hui en France. [...]

[...] Une position plus tranchée énoncerait que la centralité de ce groupe et que sa prétendue homogénéité sociale n'ont été qu'un leurre et qu'ainsi la classe moyenne est une notion aussi obsolète que l'idéal méritocratique qui la porte, le contexte économique et social actuel ne faisant que renforcer la polarisation effective de notre société. S'il est donc légitime de douter de l'existence de classes moyennes, n'est-ce pas aussi parce que de nouvelles grilles de lectures s'offrent à nous : de nouveaux clivages apparaissent et nous autorisent alors à nous demander si aujourd'hui les classes d'âge ou les fractures territoriales n'ont pas plus de pertinence sociologique que les classes sociales pour analyser la structure sociale en France. [...]

[...] Un groupe qui remplissait un rôle de promotion sociale Les dix dernières années des 30 Glorieuses, les années 1970, ont permis une ascension sociale inédite pour les classes moyennes et populaires : la démocratisation scolaire perceptible à travers la forte augmentation de la part d'une génération accédant au bac réduit les écarts en termes d'avenir professionnel entre les fils d'ouvriers et les fils de cadres entre 1973 et 1993 et favorise l'accès à des PCS dont les effectifs sont en pleine croissance. Durant près de vingt-cinq ans, l'ascenseur social a fonctionné sans faiblir pour ceux qui obtenaient des diplômes : 70% des enfants ayant obtenu le bac à la fin des 60 accédaient à la position de cadres ou professions intermédiaires. II Un groupe dont la centralité de plus en plus contestable porte un coup d'arrêt à la moyennisation A. [...]

[...] L'homogénéité des classes moyennes n'est que de plus en plus apparente puisqu'elles mêlent des personnes qui ont des revenus très différents et des pratiques culturelles variées et différentes. D'ailleurs, que penser de ce sondage de 2002 selon lequel 42% des français aurait le sentiment d'appartenir aux classes moyennes ? Ce sentiment subjectif commun peut regrouper des situations objectives fort différentes : avoir de faibles revenus, mais être propriétaire de son logement, avoir des enfants qui réussissent scolairement Si bien que ce n'est que lorsque qu'un individu cumule tous les handicaps ou tous les avantages qu'il se sent appartenir aux catégories extrêmes soit tout de même 43% des français en 2002. [...]