Changement social, fins des sociétés traditionnelles, destruction créatrice, Schumpeter, Wayana, Durkheim, coutumes, industrialisation, gains de productivité, mécanisation, modernité
Les sociétés humaines ne sont jamais figées dans le temps, mais en constante mutation. Le changement peut ainsi être appréhendé comme le passage d'un état à un autre et très grossièrement, on peut faire correspondre le changement social au passage de la tradition à la modernité. En d'autres termes, il signifie le remplacement d'anciennes valeurs et pratiques par de nouvelles, plus "modernes". Dans cette perspective, on peut se demander si le changement social signe toujours la fin des sociétés traditionnelles.
[...] Les vents du changement peuvent ainsi être domptés par qui veut bien en saisir les ressorts. Encore faut- il, pour s'extraire des sentiers battus, qu'un esprit commun se vigore en associant idées confiantes, forces conscientes et conscience forte. « Parce qu'elle conserve des traits précapitalistes, par les liens privilégiés qu'elle entretient avec la nature vivante, l'agriculture est un point d'application de choix des débats actuels autour de la croissance économique et peut servir, dans ses aspects les plus marginaux, de banc d'essai à une critique radicale du capitalisme. »[1] Reste à trouver les mots justes pour dessiner le virage escompté Duby et Wallon (1976) cités par Gervais Mathieu, « Changement social et figure du paysan dans la pensée d'赈赖赚赠赢趐趒踀退逖逘逞造遆邎邐邒邔邖邘邚邜邞邠邢邤邦邨邪邬邮邰邲邴⎮⎮ 폛폛쓋Ernst Bloch », Écologie & politique, vol no pp. [...]
[...] Animée de la sorte, l'Histoire conduirait effectivement au gommage progressif des sociétés traditionnelles et donc, leur fin. Néanmoins, si ces entités semblent condamnées à disparaître, elles peuvent toujours résister et continuer d'exister. La marche inéluctable de l'Histoire Que se passe-t-il lorsqu'une innovation technique s'implante dans une société ? C'est l'objet de l'étude menée par M.-C. Zélem sur l'arrivée de l'électricité chez les Wayana. La généralisation des appareils électroménagers, en particulier le congélateur, a complètement bouleversé les habitudes de ce peuple guyanais. [...]
[...] Il est connu notamment pour avoir pronostiqué, au milieu des années 1960, la fin des paysans ; « le dernier combat de la société industrielle contre le dernier carré de la civilisation traditionnelle ». C'est l'effacement de communautés millénaires, bâties sur l'hérédité et la presque autarcie, au profit d'une société parcellaire, intégrée dans la grande économie. Le paysan travaillait patiemment ses terres, l'agriculteur entreprend leur exploitation. L'activité se technicise et se standardise. La mécanisation qui se généralise après la Seconde Guerre mondiale a bouleversé le monde rural. [...]
[...] En ce sens, la paysannerie constituait une classe « en soi » et non pas une classe « pour soi ». Composée d'une multitude de communautés inaptes à nouer des liens entre elles, elle ne peut pas se représenter politiquement. Elle constitue une masse amorphe et inerte, pareille à un sac de pommes de terre. Sans cette conscience d'eux-mêmes, les paysans ne peuvent pas avoir d'orientation propre, de projet. Ils ne peuvent donc pas fonder une force sociale et semblent, ainsi, condamnés à s'écraser devant la modernisation qui sonne le glas de leurs traditions. [...]
[...] Et si certains aiment à s'appeler « paysans », la réalité qu'ils incarnent dépasse largement l'imaginaire que le terme sous- tend. La tradition n'est autre que la modernité d'antan ; celle d'aujourd'hui, la tradition de demain. L'Histoire suit son cours et les sociétés évoluent au gré des innovations, laissant derrière elles certaines de leurs distinctions. Par conséquent, les communautés traditionnelles s'éteignent forcément à mesure que passe le temps, comme frappées d'une péremption. Cependant, le changement social n'est pas absolument irrésistible. Plutôt que d'y succomber lentement, elles peuvent s'adapter au courant puis exister autrement. [...]
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