Ces chaînes d'information continue, dont la concurrence s'est accrue lors de la dernière décennie (I), reposent sur une logique de flux accès sur le réel, complètement différente de la logique des chaînes traditionnelles (II), mais l'impact de ces chaînes et l'accomplissement de leur mission est aujourd'hui largement discuté (III)
[...] Centre Pompidou Géographie et cultures, Influence internationale et information : CNN et Euronews. Hiver 1993. Andrea Semprini, CNN ou la mondialisation de l'imaginaire, CNRS Communication Andrea Semprini, L'information en continu : CNN et France Info. Nathan, 1997. [...]
[...] Madeleine Albright, lorsqu'elle était ambassadeur à l'ONU, aurait dit que la chaîne CNN était le 6ème membre permanent du Conseil de Sécurité Tout d'abord, les chaînes d'information continue, peuvent servir de lieu de rencontre ou de négociation entre des acteurs de la scène internationale. Ce fut le cas en particulier CNN pendant la Guerre du Golfe qui fut utilisée par les dirigeants des deux bords pour faire passer des messages (Thomas E. Kelly, responsable des briefings du Pentagone, regardait la caméra droit dans les yeux pour s'adresser à Saddam Hussein tout en prenant à parti les téléspectateurs internationaux). CNN était alors, même pour les dirigeants américains la source officielle d'informations sur l'Irak. [...]
[...] En conséquence, on glisse peu à peu vers une assimilation de l'information au direct. La logique du direct repose sur : - une isochronie : la temporalité de l'événement = la temporalité du reportage = la temporalité de l'écoute du téléspectateur. - l'élimination des médiateurs : grâce au direct, le réel est montré à l'état brut, sans avoir été transformé lors du montage de reportages. Le direct est donc supposé garantir la vérité et l'authenticité des faits : il ne peut que dire vrai puisqu'il évite l'interprétation humaine et se contente de donner la parole aux faits Cela renverse la logique habituelle qui confère à l'énoncé historique un pouvoir objectivant. [...]
[...] Ainsi, l'on attribue en particulier aux chaînes d'information continue la mise en place de plusieurs interventions humanitaires de l'ONU. Les images terribles des réfugiés kurdes, après la guerre du Golfe ou celles d'enfants somaliens agonisants auraient mobilisé les opinions et ainsi contraint les dirigeants à réagir. Cependant, l'effet CNN ne saurait être surestimé. Tout d'abord, la relation de causalité n'est pas systématique entre les reportages et la mobilisation de l'opinion internationale : en dépit des reportages quotidiens passionnés de Christiane Amanpour sur CNN à partir de Sarajevo, les téléspectateurs n'ont pas réagi aux massacres qui sévissaient en Bosnie, de même qu'ils ont regardé sans s'émouvoir les images du génocide rwandais de 1994. [...]
[...] Capacité de signification autonome du réel On voit bien apparaître à travers ces critères un présupposé propre aux chaînes d'information continue : l'événement parle de lui-même. Le rôle du journaliste ne consiste plus alors qu'à montrer le réel au téléspectateur ; il n'a pas besoin de l'analyser ni de faire des commentaires, les faits présentés contiennent en eux-même leur sens. Le rôle de l'image est, de fait, primordial : c'est par elle que le téléspectateur, même s'il vient d'allumer sa TV, peut saisir instantanément le sens de l'événement relaté. [...]
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