Dans l'antiquité, le travail est considéré comme une activité pénible pour laquelle les individus sont réduits à l'état d'esclave. Les seuls besoins naturels ne vont cependant plus être la seule finalité du travail, car l'enrichissement ou la satisfaction des désirs vont peu à peu apparaitre, sans pour autant annihiler l'esclavage. Au Moyen Âge la valeur travail apparait avec l'ascension sociale des artisans, des commerçants et des techniciens. Mais jusqu'au concept protestant de l'enrichissement par le travail, le travail n'est considéré que comme une activité dégradante que l'Eglise n'encourage pas.
Au XVIIIe siècle Smith pose la première pierre de la construction de la centralité du travail en insistant sur l'importance qu'a le travail dans la création de richesse.
La deuxième étape débute au XIXe siècle avec l'apparition du travail comme source de libération et de plaisir pour l'homme, et comme possibilité pour l'individu de transformer la nature et d'y laisser son empreinte. Cette conception perdure dans la pensée sociale-démocrate de la fin du XIXe siècle. En revanche, les social-démocrates émettent des réserves quant à un accomplissement total de l'homme par le travail. Dès lors, la centralité du travail que nous connaissons aujourd'hui découle directement de cette lente progression. En effet, des auteurs comme D. Meda ou M. Jahoda reconnaissent les fonctions centrales du travail dans notre société.
[...] La mondialisation et la nécessité d'une rentabilité économique toujours plus poussée amplifient les risques sociaux, les droits et la protection des travailleurs étant de plus en plus perçus comme une entrave au résultat de l'entreprise. On assiste alors à une déstabilisation des stables (Castel, 1995), c'est-à-dire à une déstabilisation des régulations sociales. Les débats sur la fin de travail invitent à reconsidérer la place du travail dans la société. On observe une réduction du temps passé sur le lieu de travail et une augmentation du temps consacré aux loisirs. [...]
[...] Le concept de centralité du travail est apparu dès le 18e siècle. Le concept moderne de travail s'est construit par étapes à partir du XVIIIe siècle par la superposition au fil des siècles de couches de signification. Smith est le premier à mettre en avant la légitimité du travail. En définissant le travail comme ce qui produit de la richesse, il insiste sur l'importance que peut avoir le travail dans une société. Soudain le travail trouve son unité et devient le fondement de l'ordre social. [...]
[...] Ensuite, le temps passé sur le lieu de travail n'a pas tant diminué, puisqu'on assiste aujourd'hui à des situations de sur-travail que la peur du licenciement accentue l'investissement dans le travail. Quant au chômage, il déstabilise l'existence tout entière des individus touchés qui ne demandent qu'à retrouver un vrai emploi. C'est donc le rapport au travail qui est profondément bouleversé aujourd'hui. Parler d'une perte de la centralité du travail semble fou, car le destin des individus continue toujours à se jouer sur le travail, précaire ou non. [...]
[...] La nature et la vie sont associées au travail et constituent la contrepartie de la peine induite par le travail. En effet, la notion de travail n'existe pas pour le citoyen grec, par exemple, parce qu'il est réduit à l'esclavage. Ainsi défini, le travail est contraire à la dignité humaine c'est pourquoi Aristote, dans La Politique, va utiliser l'expression vie ignoble et contraire à la vertu pour décrire le travail. La notion de travail diffère de celle d'œuvre accomplie c'est pourquoi Platon, dans son œuvre intitulée la République, distingue les individus qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas de ceux qui œuvrent ou agissent. [...]
[...] Le sociologue allemand Max Weber souligna dans son ouvrage majeur, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme qu'avec la Réforme et le développement de la doctrine calviniste de la prédestination, les Protestants devinrent très attentifs aux signes de réussite dans le travail. Avec cette conception, la vertu n'étant plus opposée à la fortune, l'enrichissement devint moins condamnable. Le travail ne fut plus uniquement perçu comme une punition, mais également comme une contribution à l'œuvre divine. Le travail en tant que fondement du lien social n'est donc pas un fait naturel. [...]
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