Depuis ses débuts, la criminologie n'a eu de cesse de brosser des portraits psychologiques voire raciaux de la délinquance... Ainsi, Cesare Lumbroso, inventeur à la fin du XIXe siècle de l'anthropologie criminelle, influencée néanmoins par la phrénologie (théorie si chère au neurologue allemand Franz Joseph Gall), prétendait-il identifier les types de « criminels-nés » d'après leur physionomie ou même leurs traits raciaux. Mais la méthode des « types criminels » ne s'est pas avérée pertinente. Aujourd'hui, c'est la perspective actionniste qui s'impose : criminologues et sociologues de la délinquance s'entendent plutôt pour définir un délinquant avant tout par ses actes. Un délinquant est donc tout simplement quelqu'un qui enfreint la loi. Cependant, les sociologues ne s'accordent pas tous sur les causes et les associations prônent sur des banderoles des slogans évocateurs d'une jeunesse de banlieue mise à l'écart, mal dans sa peau et stigmatisée par les médias. Toutes les classes socioprofessionnelles sont atteintes, avec cependant une prédilection pour les garçons, les jeunes et les milieux défavorisés, notamment dans la montée du phénomène. De plus, chaque âge se caractérise par un type déterminé de criminalité : cambriolage, atteinte volontaire à l'intégrité physique, outrage à agent... Mais on constate que le délinquant apprend très vite à faire un calcul coût/avantages avant de commettre un délit. Ainsi, un petit nombre (5% de la population) est responsable de près de la moitié des petits délits, de plus de 80 % des délits graves et de 95 % des trafics. Cette minorité refuse d'autant plus de travailler que la délinquance procure d'autres ressources, plus importantes et moins astreignantes : le travail salarié rapporte trop peu, il est contraignant, oblige à avoir un patron et est une entrave au goût du risque. De surcroît, ces jeunes sont souvent motivés par l'agressivité pure, l'engrenage engageant très rapidement à l'escalade dans la gravité (...)
[...] Dans ces conditions, on peut comprendre la légitimité de leurs besoins vitaux et expliquer la nécessité vitale d'un passage à la petite délinquance. N'importe quel être humain à leur place en ferait de même. Mais sont-ils alors plus coupables que ceux qui acceptent leur entrée dans le pays ou qui leur font croire à une vie meilleure ou à une égalité sociale ? Bien sûr cela ne dédouane absolument pas ni ne saurait excuser leurs nuisances, mais tout comme l'incitation publicitaire au paragraphe précédent, la société cautionne au moins partiellement de tels débordements. [...]
[...] Finalement, plus que la multiplicité des causes de la délinquance, l'augmentation constante de cette dernière est autrement plus préoccupante. En effet, derrière chacune d'entre elles se profile un seul et même aiguillon incitateur : l'augmentation de la démographie. Cette loi du nombre par un effet mathématique tout simple, majore les actes délictueux qui ralentissent les procédures judiciaires et minore la répression (tant les prisons sont elles-mêmes surpeuplées Son incidence est évidente sur le chômage et, par morosité implicite, sur la moralité. [...]
[...] Dans une société aux repères sans cesse changeants, une économie en crise, un pouvoir d'achat en berne et un chômage de plus en plus présent, les instances politiques sont souvent incomprises voire inadaptées, échouant régulièrement dans la lutte contre ce phénomène. Certains ne voient pas d'autres solutions que la délinquance pour y répondre. Cependant, cela n'explique pas la délinquance des lycéens, sans compter que dans la société de plein emploi des années 50-60, la délinquance était bien présente. Dans ce contexte, la multiplicité des sollicitations publicitaires d'une société de consommation renforce le sentiment d'exclusion et incite au passage à l'acte délictueux afin de satisfaire une sorte de réflexe pavlovien. [...]
[...] De surcroît, ces jeunes sont souvent motivés par l'agressivité pure, l'engrenage engageant très rapidement à l'escalade dans la gravité. Bref, les causes de la délinquance en France font toujours débat et les solutions peinent à être trouvées et surtout à être efficaces dans un pays qui laisse de plus en plus ses banlieues mijoter dans un climat de rejet social. Selon moi, quatre occurrences semblent se détacher, aucune n'étant cependant autonome, ce qui amène à envisager la participation de plusieurs, à des degrés divers, dans la genèse des actes délictueux. [...]
[...] Quant à la peine de mort, que l'on y soit favorable ou que l'on soit un abolitionniste convaincu, elle n'a jamais rien résolu et ne concerne qu'une fraction extrême de la délinquance, même si je conçois qu'elle puisse faire débat dans certains cas particulièrement odieux et amener à se poser la question : ne vaudrait-elle pas mieux que de dépenser des sommes colossales pour de tels monstres, argent qui semblerait bien plus judicieusement utilisé pour des causes autrement justifiées ? On peut également mettre en cause la moralité des citoyens. On traque certes comme une horreur suprême la pédophilie, qui était, hélas, tolérée par le passé. La morale devient peut-être de plus en plus privée et tournée vers la liberté individuelle, mais elle est, d'une manière générale, moins respectueuse que jadis. De toute façon, peut-on la rendre responsable alors qu'à longueur de journée la violence est banalisée par les médias, même dans sa forme la plus radicale. [...]
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