Pendant les « trente glorieuses », la forte croissance économique et le plein-emploi avaient favorisé une consolidation de la condition salariale, s'inscrivant dans un nouveau compromis social, le fordisme. En particulier, la généralisation d'emplois salariés stables à temps plein avait permis la formation d'une nouvelle « norme » qui rompait avec la précarité ayant caractérisé le salariat depuis les débuts de l'ère industrielle.
Avec le retour du chômage et d'une croissance à la fois ralentie et irrégulière à partir des années 70, se sont développées des formes atypiques d'emplois (ou formes particulières d'emploi : FPE) caractérisées principalement par leur précarité et / ou un temps de travail réduit.
[...] Par exemple, la forte augmentation de la proportion de travailleurs à temps partiel (de en 1980 à en 1997) s'explique par la montée du temps partiel involontaire. Ou encore, se sont développés les emplois en horaires décalés (travail aux heures de pointe, le soir ou le week-end dans le commerce). B. La responsabilité des pouvoirs publics Des FPE comme moyen de traitement social du chômage de longue durée : Face à un chômage devenu massif, les pouvoirs publics ont considéré que les politiques économiques visant à favoriser l'emploi par le soutien de la croissance ne suffiraient. [...]
[...] Ces formes d'emploi peuvent donc encourager à l'assistanat (dépendance durable à l'égard des aides sociales). B. Conséquences économiques : Des effets pervers de la précarité sur la consommation : La précarité des emplois a pour corollaire la précarité des revenus : les salariés concernés ne peuvent donc pas établir de projets de consommation ou d'investissement nécessitant un financement à moyen ou long terme (impossibilité d'emprunter). Ils sont au contraire obligés de se constituer une épargne de précaution en raison de l'incertitude qui pèse sur leurs revenus futurs. [...]
[...] Si la montée du chômage et la recherche de flexibilité expliquent largement la montée des FPE, celle-ci entraîne une dégradation des conditions sociales et a des effets économiques pervers. II. LES CONSEQUENCES DE LA MONTEE DES FPE : A. Conséquences sociales : Le dualisme du marché du travail : Avec la montée des emplois atypiques, le marché du travail est devenu dual. D'un côté, le marché primaire où se trouvent les emplois normaux est caractérisé par une plus grande qualification, des conditions d'emploi et de rémunération plus intéressantes. De l'autre, le marché secondaire est caractérisé par le chômage et la précarité. [...]
[...] En freinant la consommation, la montée des FPE est l'un des facteurs de ralentissement de la croissance. Les effets pervers de la précarité sur les performances des entreprises : La forte rotation du personnel précaire réduit d'efficacité que peut apporter la coopération entre salariés autour d'objectifs partagés à moyen ou long terme : les salariés qui ne sont présents que temporairement dans l'entreprise se sentent moins concernés par les résultats de celle-ci, sont moins motivés. Par ailleurs, si les emplois précaires permettent des économies à court terme, elles incitent les entreprises à moins investir dans la formation d'un personnel qu'elles ne comptent pas garder longtemps. [...]
[...] Enfin, cette logique de flexibilité a aussi été appliquée à l'emploi dans les administrations publiques où des emplois précaires (vacataires, contractuels notamment), plus souples d'utilisation, se sont partiellement substitués à des emplois de fonctionnaires titulaires. La flexibilité recherchée peut aussi être quantitative interne : elle ne porte alors pas tant sur le nombre de salariés que sur les horaires de travail . Ainsi, se sont multipliés les travailleurs auxquels ont été imposés des horaires atypiques en fonction de l'organisation du travail ou des contraintes propres à leur entreprise. [...]
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