La révolution industrielle a concordé avec une nouvelle façon d'envisager le travail, avec la naissance d'un « marché du travail », marché où un corps intermédiaire, une quelconque corporation ne semble pouvoir avoir sa place.
Il est intéressant de noter ici l'utilisation par l'auteur de l'expression « sanction du marché » qui illustre bien la logique à l'œuvre ici : le phénomène met en place une logique mécanique qui évince les moins performants au profit des autres qui obtiennent un travail. Ce modèle, simple en apparence, qui semble n'être qu'une compétition sur un terrain particulier -celui de la recherche d'un emploi- est le modèle dont part l'économie pure pour expliquer les fonctionnements de l'économie.
Catherine Paradeise, dans cet article, entend principalement montrer les limites interprétatives de ce modèle, auquel il faut reconnaître le caractère pratique, mais qui ne reflète que de manière approximative une réalité bien plus complexe. Cette construction théorique (ajustement demande de travail / offre de travail) si elle existe bel et bien est « court-circuitée » par l'organisation salariale nécessaire au bon fonctionnement et à l'efficacité de la force de travail. En d'autres termes, la lutte pour trouver un emploi (et le garder) ne suffit pas à maximiser la satisfaction des employés comme des employeurs.
Les luttes salariales participent à l'élaboration d'une structure qui va réglementer le marché du travail, mais à celles-ci s'ajoutent à l'organisation des professions libérales, la stratégie entrepreneuriale de fidélisation de la main d'œuvre et enfin la rationalisation bureaucratique de l'Etat. Tous ces mouvements qui ne valent d'être analysés que de manière dynamique, au regard des transformations historiques, ont donc contribué à ce que C. Paradeise entrevoit comme des « marchés du travail fermés ».
Pour rendre compte au mieux des enjeux de l'article ici proposé, on suivra le plan suivant :
I/De la sociologie des professions à la sociologie de la professionnalisation
II/L'existence de marchés du travail fermés et ses conditions de reproduction
III/ La critique de l'économie pure et l'apport de la sociologie économique
[...] A travers cette logique, c'est le phénomène de professionnalisation qui doit être envisagé, plus pertinent encore c'est la constitution et les conditions d'existence des marchés du travail fermés qui doivent être appréhendées. Catherine Paradeise justifie ce biais méthodologique par le fait que l'idée de marchés du travail fermés - à comprendre comme les faits d'organisation sociale des marchés du travail issus d'efforts de professionnalisation - rendent compte plus clairement de la réalité à laquelle la sociologue entend s'attaquer et décortiquer dans son article. [...]
[...] Le cœur de l'article se situe dans les conditions de reproduction des marchés du travail fermés, sanctionnant ou non leur survie. Il apparaît comme trait dominant que ceux-ci doivent faire preuve de souplesse autant que de solidité face que fluctuations de l'ensemble de son système de ressources et de contraintes afin d'assurer leur reproduction. Les acteurs du marché du travail fermé étant généralement les initiateurs de celui-ci, la pérennité de l'ensemble est plus évidente. En définitive, il apparaît que c'est bien le discours sur la profession tenu par les acteurs eux-mêmes ou par les usagers des services ou des biens de ces acteurs qui est primordial. [...]
[...] Dans le cas précis des marchés du travail fermés, C. Paradeise prend soin de pointer les impasses sur lesquelles débouchent les théories de l'économie classique. Selon elle, le modèle proposé par celle-ci est directement relié à une idéologie qui perçoit les marchés du travail fermés comme des exceptions ou comme des anormalités à corriger. Autrement dit, la démarche induit la quasi-négation du phénomène qui nous occupe ici. Du point de vue de la méthode, C. Paradeise n'entend pas pour autant s'affranchir des réflexions menées avant elle sur le sujet. [...]
[...] Pour autant, l'étude ainsi faite, qui vaut pour sa finesse, pêche parce qu'elle n'extrait finalement pas de modèle pourtant pratiques en économie parce que facilement mobilisables et auxquels on peut appliquer un certain nombre de lois (mathématiques entre autres). Finalement l'étude a le défaut de ses qualités et montre ainsi qu'on ne saurait trop facilement opposer et oublier d'associer sociologie économique et économie pure à chaque fois que cela est pertinent de le faire. Conclusion L'analyse menée par C. Paradeise s'attaque donc aux enjeux souvent mal envisagés et décodés des marchés du travail fermés. [...]
[...] Tous ces mouvements qui ne valent d'être analysés que de manière dynamique, au regard des transformations historiques, ont donc contribué à ce que C. Paradeise entrevoit comme des marchés du travail fermés Pour rendre compte au mieux des enjeux de l'article ici proposé, on suivra le plan suivant : I/De la sociologie des professions à la sociologie de la professionnalisation II/L'existence de marchés du travail fermés et ses conditions de reproduction III/ La critique de l'économie pure et l'apport de la sociologie économique De la sociologie des professions à la sociologie de la professionnalisation La nécessité d'une analyse dynamique Catherine Paradeise entend aller à l'encontre du découpage classique qui est fait entre sociologie des professions d'une part et étude plus générale des marchés d'autre part. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture