Dissertation répondant à la question suivante : qu'est-ce qui distingue le structuralisme de Claude Lévi-Strauss du structuralisme génétique de Pierre Bourdieu ?
Il est difficile de résumer en quelques lignes le bouleversement entrainé par le structuralisme. Il faut cependant savoir qu'il s'enracine sur un renouvellement profond de la conception des signes. En effet, jusque-là, les signes étaient considérés comme des instruments mis à la disposition des humains, tout comme le langage. (...)
[...] Après avoir analyser le structuralisme de Levi-Strauss, nous verrons dans une deuxième partie le structuralisme génétique de Bourdieu et de ce fait nous verrons ce qui les sépare. L'oeuvre de Lévi-Strauss refuse toute explication fondée sur le fonctionnalisme ou le finalisme des cultures et des sytèmes sociaux. Pourtant, l'anthropologue semble hésiter entre l'idéalisme le plus extrême et un matérialisme biologique. monde ne serait qu'un prétexte à penser et pour la pensée; les lois de la structure prennent le pas sur l'histoire et la création de l'événement. [...]
[...] Au fondement de l'action, on trouve donc l'ensemble de ces dispositions qui constituent l'habitus. C'est pour cela que Bourdieu préfère au terme d'acteur, généralement employé par ceux qui veulent souligner la capacité qu'a l'individu d'agir librement, celui d'agent, qui insiste, au contraire, sur les déterminismes auxquels est soumis l'individu. L'action des individus est donc, au terme de la théorisation de Bourdieu, fondamentalement le produit des structures objectives du monde dans lequel ils vivent, et qui façonnent en eux un ensemble de dispositions qui vont structurer leurs façons de penser, de percevoir et d'agir. [...]
[...] La conclusion de l'Homme nu rapelle que l'analyse structurale ne peut émerger dans l'esprit que parce que son modèle est déjà dans le corps”. Pour Lévi-Strauss, la structure est premièe, c‘est à dire que l'ensemble des relations et de sprincipes qui règlent les systèmes symboliques sont des données fondamentales et immédiates de la réalité sociale, et appartiennent à l'inconscient structural. Ces données sont donc “logiquement antérieures” à l'objet. La forme précède le contenu. En effet, pour lui, “l'activité inconsciente de l'esprit consiste à imposer des formes à un contenu, et si ces formes sont fondamentalement les mêmes pour tous les esprits, anciens et modernes, primitifs et civilisés, il faut et il suffit d'atteindre la structure inconsciente, sous-jacente à chaque institution ou chaque coutume, pour obtenir un principe d'interprétation valide pour d'autres institutions et d ‘autres coutumes”. [...]
[...] Le modèle structural de Lévi-Strauss fait ainsi progressivement glisser l'interprétation anthropologique de l'ordre de la réalité sociale à l'ordre de la pensée symbolique, de l'ordre du concret à l'ordre de l'abstrait. Les contraintes de la vie sociale sont rempalcées par celles de la structure de l'esprit humain. En quelque sorte Lévi-Strauss réduit la vie sociale aux conditions de la pensée symbolique dont le fondement est constitué par la structure inconsciente de l'esprit humain. De plus, parce qu'il affirme que la démarche anthropologique est une démarche qui amène l'anthropologue à maintenir une position d'extériorité par rapport à l'objet de recherche, ou, selon ses mots, à avoir un “regard éloigné” sur la culture étudiée, Claude Lévi-Strauss peut être considéré comme celui qui, après Mauss, prolongea l'épistémologie durkheimienne, en étendant aux domaines d'étude traditionnellement réservés à l'anthropologie, l'impératif de distanciation de l'ethnologue par rapport à son objet d'étude. [...]
[...] Pour Lévi-Strauss, le sujet se dissout dans la multiplicité des formes analysées par la méthode structurale, il n' est rien d'autre que le point de passage où ces formes prennent conscience d'elles-mêmes. Face au structuralisme, Bourdieu a voulu redonner une capacité d'action autonome au sujet, sans toutefois lui accorder la liberté que lui prêtait l'existentialisme. La solution que propose Bourdieu est de considérer que l'acteur lors des différents processus de socialisation qu'il a connus (en particulier la socialisation primaire), incorporé un ensemble de principes d'action, reflets des structures objectives du monde social dans lequel il se trouve, qui sont devenus en lui, au terme de cette incorporation, des dispositions durables et transformables (selon l'une des définitions de l'habitus que propose Bourdieu). [...]
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