Banlieues sensibles métropolitaines des marges, caractère marginal, attentats de 2015, zones urbaines sensibles, politique de la ville, intégration par l'urbanité, métropole lilloise, immigration postcoloniale, métropole parisienne, pauvreté, souffrance psychologique, stigmatisation territoriale, regroupements ethniques, stigmatisation, territorialité de la drogue, habitants des cités
Dans la foulée des attentats de janvier 2015, le Premier ministre de l'époque, Manuel Valls, a évoqué un "apartheid territorial, social et ethnique" en France. La formulation, particulièrement forte, s'adressait à ces territoires urbains, aux indicateurs sociaux dégradés et souffrants de représentations particulièrement négatives. Ces territoires, ce sont les banlieues sensibles des grandes métropoles. Contrairement à ce que certains emplois abusifs suggèrent, le mot banlieue ne désigne pas forcément tous les territoires socialement et économiquement dégradés, car la banlieue doit d'abord s'entendre comme le territoire qui entoure un centre-ville. À ce titre, les banlieues sont d'une grande diversité morphologique et fonctionnelle en France. Le terme de sensible renvoie à quelque chose qui doit être traité avec attention, qui nécessite une vigilance particulière.
[...] Dans ce cas, dans quelle mesure les banlieues sensibles des métropoles, en dépit de leur diversité interne, ont-elles pour point de convergence leur caractère de marginal ? Et comment expliquer la persistance et la recomposition de ces marges métropolitaine, malgré des politiques volontaristes visant une intégration par l'urbanité toujours plus poussée ? I. Les critères de distinction des banlieues sensibles Les banlieues sensibles regroupent certaines caractéristiques et représentations qui les associent bien à des marges. Elles sont associées à un paysage typique, celui des grands ensembles. [...]
[...] Ainsi, ils déploient leurs activités en prenant en compte ces règles. Dans un article d'août 2015 paru dans le Monde diplomatique, Pierre Daum analysait le couple formé par le quartier de vie (La Paillade et le petit Bart) et la place emblématique de Montpellier, la Comédie, pour les habitants. Si le quartier était largement perçu comme un cocon protecteur et convivial, la Comédie offrait, notamment aux jeunes adolescents, un lieu de loisir et de drague privilégié. Le rapport à la pratique de l'islam diffère aussi entre ces deux espaces. [...]
[...] Celui-ci est d'autant plus frappant que ce domaine est perçu comme un vecteur d'intégration. Pourtant, et Carine Guérandel le souligne, les acteurs publics tendent de plus en plus à prendre en compte ce problème. L'aménagement du territoire des cités est nettement plus intégrateur, et prend en compte de manière croissante la production éventuelle de marges. Dans un autre registre, la prévention situationnelle émerge comme un principe dominant dans les travaux de rénovation urbaine. Dans une perspective de prévenir la délinquance, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine défend ainsi des projets de rénovation visant non seulement à changer l'image du quartier, mais aussi à mieux contrôler l'espace public. [...]
[...] Ce dernier processus est fondamental pour saisir la persistance de ces marges métropolitaines. Pourtant, ces territoires ne connaissent pas les mêmes dynamiques. II. Grandes diversités des marges dans les banlieues métropolitaines (échelle métropolitaine et échelle du quartier) La diversité d'évolutions des banlieues françaises est remarquable. Ces dernières ne suivent pas en effet les mêmes trajectoires. Cela s'explique par des modalités d'intégration aux dynamiques métropolitaines, aux résultats des politiques des acteurs locaux, aux évolutions économiques et sociologiques des territoires. Au sein même des métropoles, les banlieues connaissent des trajectoires de différenciation accrues. [...]
[...] (Les jardins familiaux marseillais : laboratoires territoriaux d'une agriculture urbaine en Méditerranée. Jean-Noël Consales). Ce désir d'intégrer les aménités de la nature à leur pratique des lieux et leur mode de vie illustre bien au fond les aspérités banales des habitants des banlieues sensibles. Bien qu'il existe des spécificités sociales et culturelles, il ne convient donc pas d'exagérer l'originalité des habiter des banlieues sensibles. Dans cette perspective, la banlieue sensible apparaît bel et bien comme un espace où des habitants sont défavorisés dans l'accès aux ressources qu'offrent la ville ou la métropole. [...]
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