Aujourd'hui, en France, l'imitation est-t-elle un facteur de l'ascension sociale ?

Thèmes abordés

Aujourd'hui, France, imitation, facteur, ascension sociale, société, notoriété, excentricité

Résumé du document

L'imitation est une notion sociologique qui est définie par la correspondance à une norme. Au sein de la Société les individus doivent savoir faire comme les autres, tout en restant limités par le conformisme, la marginalisation et la censure. La Société est, elle, divisée en microcosmes. Chacun de ces “champs”, tels que les décrits Bourdieu, incorporent des faits sociaux communs, un ensemble de représentations qui forment une matrice. Le goût par exemple, décrit dans De la distinction, critique du jugement esthétique, est un moyen de reconnaissance entre les “personnes” de ces champs. Aujourd'hui en France on distingue plusieurs catégories sociales, selon les échelles d'études. Ainsi, on a la classe moyenne, ouvrière, la bourgeoisie, la classe défavorisée et encore la favorisée. Au sein d'une hiérarchie sociale, la différenciation des groupes se fait par les éléments construits socialement et les objectifs de chaque catégorie. Le phénomène d'ascension sociale est la conséquence d'un processus : la volonté de changer de sphère d'origine pour accéder à la classe supérieure. Pour cela, on doit attacher notre étude sur l'acteur, l'individu, capable de développer des stratégies rationnelles. On doit s'attacher à l'émancipation de l'individu.

Extraits

[...] Que font aujourd'hui les fils d'agriculteurs ? Le rupture radicale d'éducation, de niveau de qualification, de formation, conduit à l'obtention d'un capital fondamentalement différent de celui des parents. Dans des domaines en perdition, et au sein d'une Société basée de plus en plus dans le milieu tertiaire, le secteur primaire n'est pas une vocation d'avenir pour les enfants d'agriculteurs. Monter à la ville, étudier, obtenir un emploi urbain, constituent des ruptures sociales avec le milieu familial. Ces facteurs partent tous d'une initiative personnelle. [...]

[...] Un phénomène d'attraction s'opère par l'individu : il existe une aspiration à évoluer, c'est-à-dire à grimper les barreaux de l'échelle sociale. En écartant la vision pro-marxiste de lutte entre les classes dominantes et dominées, on peut concevoir la volonté de chaque individu à "s'élever" socialement en terme d'emploi, de richesse et de culture. On entre dans une logique d'individualisme : l'attirance vers le changement de statut social est certaine mais celui-ci est restreint. La société segmentée ne permet pas l'ascension à tout le groupe sinon celle-ci deviendrait incohérente. [...]

[...] Nous avons défini le rôle de l'imitation comme une fonction à posteriori de l'ascension sociale. En effet, en France aujourd'hui, ce sont les stratégies individuelles, différentes, voir opposées, du groupe social d'origine, qui conditionnent son “élévation professionnelle”. Les traits communs partagés avec son champ social ne permettent pas une mobilité sociale. Pour se démarquer de son groupe social il faut au contraire laisser à l'individu une part d'initiative et d'authenticité caractéristique. Nous aurions pu axer ce sujet sur l'intégration des immigrés en France. [...]

[...] En France, dans une logique individualiste et concurrenciel de l'emploi, l'insertion dans une sphère sociale supérieure exige une distinction nette avec les autres individus de son groupe originel. La non-imitation devient un réel facteur d'ascension sociale. C'est une composante indispensable pour obtenir un meilleur poste. Reprenons l'exemple du simple salarié payé au salaire minimum interprofessionnel de croissance. Pour obtenir un poste de cadre et ensuite rejoindre la direction, celui-ci doit montrer qu'il possède une personnalité, des atouts, et un capital propre qui lui vaut de s'affilier au groupe social supérieur. [...]

[...] Nicolas Sarkozy embrasse Angela Merkel, Benoît XVI et l'imam d'Al-Azhar de même. Les affiches choquent, brisent des barrières. Que peut-on en conclure ? Les auteurs du scandale seront très certainement promus. Dans ce milieu c'est la rupture avec les codes classiques qui ouvrent les portes d'une promotion. Dans une logique de concurrence, on reconnaît la personnalité propre, l'invention, la création, le changement. Par la détermination de l'individu, un acte ou une série d'actes conduient à une trajectoire ascendante dans la Société. [...]